Les aides à l'agriculture ne sont pas à la hauteur du défi climatique, fustige l'OCDE

La majorité des politiques mises en place à travers le monde pour soutenir l'agriculture ne permettent pas au secteur de bien se préparer au changement climatique, selon un rapport de l'OCDE. Malgré leur nombre important - « près de 600 » mesures -, elles ne facilitent pas l'adaptation, voire même l'entravent. L'organisme incite aussi les États à passer à l'action et à dépasser le simple stade actuel de planification.
Le rapport de l’OCDE intervient à un mois de la conférence internationale pour le climat, la COP28 qui doit se tenir à Dubaï à partir de fin novembre.
Le rapport de l’OCDE intervient à un mois de la conférence internationale pour le climat, la COP28 qui doit se tenir à Dubaï à partir de fin novembre. (Crédits : Reuters)

Inondations, sécheresses, tempêtes, insectes ravageurs, crises sanitaires, guerres... Les catastrophes naturelles ont causé 3.800 milliards de dollars (3.592 milliards d'euros) de pertes en récoltes et productions animales en 30 ans, a récemment estimé l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Soit environ 123 milliards de dollars par an, ou 5% des richesses produites par les agriculteurs entre 1991 et 2021, détaillait le document publié mi-octobre.

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Un constat partagé par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Les phénomènes météorologiques extrêmes » qui frappent l'agriculture « se multiplient et s'aggravent », relève-t-elle dans un rapport analysant 54 pays, publié ce lundi 30 octobre. « Des situations autrefois considérées comme exceptionnelles se banalisent ».

Des mesures de soutien incomplètes

Face à cette réalité, les États se mobilisent. L'OCDE recense ainsi « près de 600 » mesures mises en place dans différents pays pour préparer l'agriculture au changement climatique. Mais il y a un hic, selon l'organisation. « La plupart des mesures de soutien aux exploitants agricoles », comme des versements directs ou des prix garantis, « n'ont pas été conçues pour répondre aux objectifs d'adaptation au changement climatique », explique-t-elle. « Si certaines peuvent favoriser l'adaptation, la majorité ne facilitent pas vraiment - voire entravent - les efforts déployés dans ce sens par les producteurs ».

« Il faut des politiques agricoles qui favorisent l'agilité et incitent à s'adapter dans un environnement en mutation », détaillent les experts. « Pourtant, l'essentiel du soutien renforce les structures de production existantes ».

Le rapport de l'OCDE intervient à un mois de la conférence internationale pour le climat, la COP28, qui doit se tenir à Dubaï à partir de fin novembre. Ce sommet crucial est censé établir officiellement que les objectifs de l'accord de Paris - maintenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà de 2°C » par rapport à l'ère préindustrielle et, si possible, de la limiter à 1,5°C - ne sont pour l'instant pas tenus. Parmi les sujets qui seront débattus : la sortie des énergies fossiles, le financement de la transition énergétique, le partage des responsabilités entre les pays développés ou encore la solidarité avec les pays plus vulnérables.

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Aller plus loin

Il est en plus possible de réduire les risques pesant sur l'agriculture d'après la FAO. « Il n'existe pas une solution miracle (...), mais une série de pratiques peuvent améliorer la résilience des systèmes agricole », indiquait Piero Conforti, le directeur adjoint de la division des statistiques. Cela peut passer par des techniques agronomiques comme des changements dans les variétés de plantes, la préparation du sol, l'ombrage, l'alimentation des animaux, mais aussi par des actions préventives comme les systèmes d'alerte.

D'ailleurs, pour l'OCDE, « les pouvoirs publics devraient dépasser le stade de la planification et s'atteler de toute urgence à la mise en œuvre, au suivi et à l'évaluation » des mesures déjà identifiées. Les politiques publiques devraient en outre se concentrer sur des investissements qui bénéficient à tout le secteur, comme la recherche et le développement ou les infrastructures, préconise-t-elle aussi. Ces programmes « continuent de représenter une part modeste et décroissante des transferts à destination du secteur agricole », avec 106 milliards de dollars, ou 12,5% des 851 milliards au total, dénonce le rapport.

Par ailleurs, au-delà d'adapter l'agriculture au changement climatique, les programmes pour réduire les émissions du secteur sont peu nombreux avec un objectif spécifique à l'agriculture de baisse des émissions dans, « seulement 19 des 54 pays étudiés ».

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 30/10/2023 à 16:34
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L’ONU et ses agences est noyautée entre autres par des organisations Écolos qui diront toujours que l’on n’en fait jamais assez pour appliquer ce qu’elles préconisent en nous menaçant de toutes les catastrophes possible……..

à écrit le 30/10/2023 à 14:02
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c est sur qu avec la FNSEA ca risque pas d evoluer beaucoup dans la bonne direction. Mais il faut voir le cote positif, une sous prefecture remplie de purin ou des camions de vins espagnol vide sur la chaussee c est un folklore qu on pourrait exploit...

à écrit le 30/10/2023 à 13:49
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Ne serait-ce pas plutôt le modèle économique de l'agriculture productiviste qu'il faudrait remettre en cause?

à écrit le 30/10/2023 à 13:23
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Il faudrait surtout des aides à la réduction de la natalité, ça serait plus utile

à écrit le 30/10/2023 à 13:22
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Bonjour, personnellement je crois que l'union européenne et la France aide beaucoup trops l'agriculture... Car l'agriculture ne crée pas d'emplois, (trops de mécanisation). L'agriculture intensive est responsable de la pollution des sol et des napp...

le 30/10/2023 à 13:46
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L'indépendance alimentaire à un prix comme dans tout autre domaine , c'est le résultat d'un choix politique constant depuis des décennies .

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