Agriculture : la facture colossale des catastrophes naturelles sur l'élevage et les récoltes

Dans un rapport alarmant, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture indique que ces dégâts correspondent à la perte de 147 calories par jour et par personne, ou l'équivalent des besoins alimentaires d'environ 400 millions d'hommes ou 500 millions de femmes chaque année.
Selon le rapport de la FAO, les pertes sont évaluées à environ 123 milliards de dollars par an, soit 5% des richesses produites par les agriculteurs entre 1991 et 2021.

Les catastrophes naturelles coûtent cher, très cher à l'élevage et aux récoltes. C'est le constat implacable d'un rapport publié ce vendredi 13 octobre par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).Une première pour l'agence, qui n'avait jamais effectué ce genre d'estimation.

Inondations, sécheresses, tempêtes, insectes ravageurs, crises sanitaires, guerres, toutes ces catastrophes, selon la FAO, les pertes sont évaluées à environ 123 milliards de dollars par an, soit 5% des richesses produites par les agriculteurs entre 1991 et 2021.

Dans son document, l'organisation onusienne explique aussi que ces dégâts se traduisent par une perte de 147 calories par jour et par personne, ou l'équivalent des besoins alimentaires d'environ 400 millions d'hommes ou 500 millions de femmes chaque année.

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Les dommages s'intensifient, pas forcément en valeur, mais en quantité. Chaque année ce sont en moyenne 69 millions de tonnes de céréales, soit la production annuelle de la France, 40 millions de tonnes de fruits et légumes et 16 millions de tonnes de viandes, produits laitiers et œufs, qui sont perdues. Environ 23% des pertes économiques des catastrophes sont subies par le secteur agricole.

Le changement climatique accentue les pertes

« La communauté internationale prend conscience de l'augmentation considérable du nombre de catastrophes (...), multipliées par quatre depuis les années 1970, et du fait que ces événements affectent grandement l'agriculture et les systèmes agroalimentaires », a résumé à l'AFP Piero Conforti, directeur adjoint de la division des statistiques de la FAO.

Si le comptage d'environ 100 catastrophes par an dans les années 1970 à 400 dans les vingt dernières années est en partie dû à de meilleurs signalements, il s'explique surtout par le changement climatique. Températures extrêmes, sécheresses, inondations et tempêtes provoquent les dégâts les plus importants. Les pandémies comme le Covid ou la peste porcine africaine, ainsi que les conflits armés sont d'autres causes identifiées par le rapport.

« L'agriculture risque de plus en plus d'être perturbée par de multiples risques et menaces tels que les inondations, la pénurie d'eau, la sécheresse, la baisse des rendements agricoles et des ressources halieutiques, la perte de diversité biologique et la dégradation de l'environnement », synthétise la FAO sur le sujet.

Les pays pauvres encaissent les plus fortes pertes

Si l'ensemble de ces pertes touchent tous les pays, ce sont d'après l'organisation les plus pauvres qui sont les plus touchés en proportion des revenus tirés de l'agriculture. Ainsi, si l'Asie encaisse les dégâts les plus lourds (45% du total), cela correspond à 4% de son PIB agricole.

Mais dans la corne de l'Afrique, régulièrement touchée par la sécheresse, ce sont en moyenne 15% des récoltes et des cheptels qui sont perdus. Les catastrophes ont aussi un impact relativement plus important sur les Etats insulaires en développement, qui perdent en moyenne 7% de leur PIB agricole.

Les femmes plus impactées

Les femmes sont par ailleurs plus touchées que les hommes.  « Cela est dû aux contraintes auxquelles (elles) sont confrontées pour accéder à des éléments tels que l'information ou les instruments financiers, toutes les ressources dont elles ont besoin pour se préparer à répondre ou à se remettre d'une catastrophe », remarque Zehra Zaidi, éditrice du rapport de l'organisation.

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Au Pakistan par exemple, où les femmes représentent 70% des travailleurs agricoles, il a été démontré qu'après des inondations, les hommes arrivaient plus facilement à retrouver du travail tandis que les femmes se retrouvaient plus souvent au foyer.

Des solutions pour réduire les risques

Face à l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des fléaux affectant l'agriculture, il est possible de réduire les risques, affirme la FAO. « Il n'existe pas une solution miracle (...), mais une série de pratiques peuvent améliorer la résilience des systèmes agricoles », indique Piero Conforti. 

Cela peut passer par des techniques agronomiques comme des changements dans les variétés de plantes, la préparation du sol, l'ombrage, l'alimentation des animaux, mais aussi par des actions préventives comme les systèmes d'alerte.

L'invasion de criquets dans la corne de l'Afrique en 2020 et 2021 est donnée en exemple : grâce à des informations en amont, 2,3 millions d'hectares ont pu être traités dans la zone et au Yémen, ce qui a permis d'éviter la perte de 1,77 milliard de dollars de céréales et de lait, estime la FAO. Autrement dit: chaque dollar investi a permis d'éviter la perte de 15 dollars.

La FAO n'a pas quantifié les conséquences des catastrophes sur les poissons ou les forêts, faute de données suffisamment solides. L'organisation appelle d'ailleurs à une amélioration du recueil des informations.

Eleveur, une profession en crise en France

La diminution des cheptels, comme des exploitations françaises, pourrait préfigurer la disparition de l'élevage français tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, analyse un rapport des Chambres d'agriculture, paru fin septembre. En cause différents facteurs dont le discrédit, le manque de candidats dont souffrent désormais les métiers d'élevage.
 
« La situation est d'autant plus préoccupante que, depuis les années 1980, on assiste aussi à une diminution incessante des effectifs d'éleveurs en France, complète l'économiste. On est passé de 175.000 éleveurs laitiers en 1988 à 35.000 en 2020.», avait expliqué à La Tribune l'économiste Thierry Pouch, parmi les auteurs de ce rapport.

Sur la même période, le nombre d'exploitations est passé de 1,017 million à 389.000. La concentration des élevages, notamment laitiers, n'a donc pas empêché la décapitalisation.

 
(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 14/10/2023 à 8:51
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Ils nous imposent une gigantesque crise économique, ils en connaissent parfaitement les conséquences tout comme ils savaient depuis 40 ans le réchauffement climatique. Faudrait arrêter de sans arrêt dédouaner ceux qui possèdent et détruisent le monde...

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