Le G20 a-t-il bien travaillé ? Un résumé en 5 points pour en juger

Les représentants des 20 pays les plus riches de la planète (moins la Chine et la Russie qui n'ont fait qu'une apparition en visioconférence) ont réussi s'accorder sur une fourchette basse de la taxation des multinationales, à trouver un accord sur le climat juste avant de rejoindre la COP26, et, s'ils ont aussi réussi à s'engager sur la relance mondiale post-pandémie, ils n'ont pas oublié l'aide aux pays pauvres pour surmonter les conséquences économiques de la pandémie.
Les dirigeants du G20 qui ont participé en présentiel au sommet de Rome prennent la pose devant la mythique fontaine de Trévi, ce dimanche 31 octobre 2021.
Les dirigeants du G20 qui ont participé en présentiel au sommet de Rome prennent la pose devant la mythique fontaine de Trévi, ce dimanche 31 octobre 2021. (Crédits : Reuters)

Voici en résumé les 5 principaux points du communiqué publié dimanche à l'issue du sommet de deux jours à Rome qui réunissait peu ou prou les dirigeants des 20 pays les plus riches de la planète.

1. Climat: le G20 s'aligne sur +1,5°C la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris

Le climat était un volet incontournable pour un sommet qui réunit les 20 pays responsable de 80% des émissions de CO2 de la planète. À la veille de se rendre à la COP26, les dirigeants présents ont réaffirmé l'objectif de l'accord de Paris, à savoir "maintenir l'augmentation moyenne des températures bien en-dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels".

Mais, signe d'une prise de conscience, l'accent a vraiment été mis sur le seuil de +1,5°C de hausse des températures par rapport à l'ère pré-industrielle, plutôt que sur la limite de +2°C inscrite dans l'accord de Paris:

"Conserver (l'objectif de) 1,5 degré à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays".

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Les pays du G20 se sont également entendus pour arrêter "d'ici la fin de 2021" de subventionner de nouveaux projets de centrales électriques au charbon, mais seulement à l'étranger.

Ce qui est fait sur le territoire national n'entre pas en ligne de compte. Or, de très nombreux projets de construction de centrales thermiques au charbon sont prévus dans le monde.

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Quant à la date à fixer pour atteindre la neutralité carbone, 2050 ou 2060, le "milieu du siècle" est la formulation retenue par le G20. Un horizon moins précis que la date de 2050 voulue notamment par la présidence italienne du G20. Ici commence le flou: 2050 est l'objectif sur lequel s'est engagé l'UE ou récemment l'Australie, 2060 celui sur lequel ont communiqué récemment la Chine et la Russie. L'écart n'est pas négligeable mais les enjeux sont immenses. En Chine, par exemple, le charbon assure 60% de la production d'énergie, alors que les pénuries de courant se multiplient dans le pays.

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Le G20 "réaffirme" l'engagement de "viser à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an (...)  jusqu'en 2025" pour permettre aux pays en développement de faire face au changement climatique.

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Mais les ONG ont globalement regretté le manque d'ambition de ce G20:

"Si le G20 était une répétition générale pour la COP26, alors les leaders mondiaux ont raté leur réplique", a regretté Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International, fustigeant le manque d'ambition et de vision des dirigeants réunis.

Et de promettre qu'à Glasgow, où de nombreux militants s'apprêtent à manifester, "nous exigerons les actions manquantes pour protéger tout le monde, à la fois de la crise climatique comme du Covid-19".

"Tout ce que nous avons vu (au G20), c'était des demi-mesures plus que des actions concrètes", a renchéri Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen.

2. Vaccination mondiale et prophylaxie du Covid-19

Les pays du G20 soutiennent les consignes de l'OMS qui a fixé comme objectif mondiaux à atteindre, la vaccination d'au moins 40% de la population dans tous les pays d'ici fin 2021 et de70% d'ici mi-2022". Pour y parvenir, les pays du G20 s'engagent à prendre des "mesures pour aider à renforcer la fourniture de vaccins et de produits médicaux de base dans les pays en développement".

Dans ce but, le G20 promet d'"éviter les restrictions aux exportations et à accroître la transparence et la visibilité dans la livraison des vaccins".

3. Relance économique mondiale post-pandémie

Les dirigeants du G20 s'engagent à "éviter de retirer prématurément des mesures de soutien" afin de "continuer à soutenir la reprise", tout en surveillant l'inflation.

Les Banques centrales "agiront si besoin pour remplir leur mission, au nombre desquelles la stabilité des prix".

Les pays du G20 resteront "vigilants sur les défis mondiaux qui ont un impact sur nos économies, telles que des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement".

4. Aide aux pays en développement contre la crise du Covid-19

Les pays du G20 s'engagent à reverser aux pays vulnérables 100 milliards de dollars sur le montant global de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international (FMI) pour affronter la crise causée par la pandémie. Les promesses de dons s'élèvent jusqu'ici à environ 45 milliards de dollars.

Ils "saluent les progrès réalisés dans le cadre" du moratoire sur le paiement des intérêts de la dette des pays les plus pauvres décidé par le G20 en avril 2020 et qui expire à la fin de l'année.

A ce jour, 50 pays sur les 73 éligibles ont demandé et obtenu un report du paiement des intérêts, pour un montant de 12,7 milliards de dollars, selon des estimations préliminaires.

5. Taxation des multinationales et fin des paradis fiscaux

Les pays du G20 ont entériné l'accord sur la taxation internationale, qui ambitionne de mettre fin aux paradis fiscaux, les dirigeants saluant "une réussite historique à travers laquelle nous établirons un système fiscal international plus stable et plus juste".

Cet accord avait été conclu début octobre sous l'égide de l'OCDE par 136 pays, qui représentent plus de 90% du PIB mondial. La réforme devrait permettre à ces pays de dégager environ 150 milliards de dollars de recettes supplémentaires par an grâce à un impôt minimal de 15% sur les multinationales.

Un Etat pourra taxer les profits d'une de ses entreprises nationales, qui aurait été imposée à l'étranger à un taux inférieur, à ce taux minimum afin de compenser l'écart.

L'autre volet consiste à réaffecter une part de l'impôt sur les bénéfices payés par les multinationales aux pays où elles réalisent leurs activités. L'impôt ne sera donc plus dû uniquement là où leurs sièges sociaux sont installés.

Objectif: éviter que les multinationales et surtout les Gafa (acronyme désignant les géants Google, Amazon, Facebook et Apple) paient des impôts dérisoires au regard de leurs revenus.

(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/11/2021 à 8:07
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Travailler ? Ne pas oublier que si Georges W. Bush a apprit la peinture à l'huile sous son mandat c'est parce que comme il le dit il "s'ennuyait". Alors si le président de la première puissance mondiale s'ennuie les autres ne doivent pas en foutre lo...

à écrit le 31/10/2021 à 20:52
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Combien de policiers, de militaires, de véhicules, d'armes, de munitions et de privations de liberté de circulation de citoyens Romains (voir article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme) ont-ils été nécessaires pour prendre la phot...

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