Les Etats-Unis veulent pomper davantage de pétrole pour... favoriser la transition énergétique

La décision de ne plus importer de pétrole et de gaz russes pousse l'administration Biden à augmenter la production américaine de brut qui devrait atteindre le niveau record de 13 millions de barils par jour en 2023, tout en investissant dans les sources d'énergie propre pour favoriser la transition énergétique.
Robert Jules
Jennifer Granholm (au centre), secrétaire américaine à l'Energie, lors de son intervention à la CERAweek de Houston.
Jennifer Granholm (au centre), secrétaire américaine à l'Energie, lors de son intervention à la CERAweek de Houston. (Crédits : Reuters)

"Oui, nous avons besoin que la production de pétrole et de gaz augmente maintenant pour répondre à la demande actuelle." Ces mots ne sont pas ceux émanant du lobby pétrolier mais de la secrétaire d'Etat américaine à l'Énergie, Jennifer Granholm, prononcés lors de la CERAWeek, le "Davos de l'énergie", qui réunit à Houston (Etats-Unis) tout le gotha mondial de l'énergie depuis le 7 mars jusqu'au 11 mars.

Cette messe annuelle prend cette année un relief particulier avec l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, et la décision prise cette semaine par le président Joe Biden de ne plus importer de pétrole russe, et de trouver des sources alternatives, afin de ne pas participer au financement de l'opération militaire décidée par Vladimir Poutine.

Il ne s'agit pas pour autant pour Jennifer Granholm de revenir à la course aux hydrocarbures du passé mais bien de comprendre que pour mener l'indispensable transition énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut réunir certaines conditions. "Les agissements de Poutine ont ébranlé le marché pétrolier. Je n'ai pas besoin de vous dire que lorsque le baril de pétrole est à 109 dollars, et l'essence à 4,25 dollars (le gallon), les conséquences sont graves et concrètes pour les gens qui achètent vos produits, pour ceux qui travaillent tous les jours, des chauffeurs Uber aux enseignants en passant par les agriculteurs", a-t-elle dit devant le parterre des participants du CERAWeek.

"Minimiser les dommages pour les familles américaines"

Ayant salué le retrait des opérations en Russie des majors pétrolières comme BP, Exxon, Shell et d'autres, et parlant d'un "combat", elle a justifié la nécessité de cette augmentation urgente de l'offre pétrolière et gazière "pour stabiliser le marché et minimiser les dommages pour les familles américaines".

Mais cette démarche doit s'inscrire dans un avenir où l'énergie sera propre - un but approuvé par 70% des Américains, a-t-elle rappelé -, invitant les entreprises produisant des hydrocarbures à diversifier leurs sources d'énergie, en investissant dans l'hydrogène vert, la capture et le stockage du carbone, l'éolien offshore, la géothermie, le lithium des saumures géothermiques, les carburants d'aviation durables, la recharge des véhicules électriques...

Un marché de l'énergie propre qui est aussi un marché d'avenir en termes d'activité, que la secrétaire à l'Energie estime à plus de 23.000 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie, et que l'administration Biden entend soutenir. "Nous sommes prêts à nous associer au secteur privé grâce aux 62 milliards de dollars que le Congrès vient de nous accorder dans le cadre de la loi bipartite sur les infrastructures", a-t-elle rappelé.

9.000 permis de forage

La secrétaire d'Etat a souligné que les politiques menées par le président Biden n'avaient pas réduit la production, comme l'atteste les niveaux de production record atteints par le gaz naturel et le GNL, record de production qui devrait être atteint pour le pétrole en 2023, en rappelant que plus de 9.000 permis de forage ont été délivrés mais ne sont toujours pas utilisés.

Selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), la production de pétrole brut aux Etats-Unis était tombé à 11,6 millions de barils par jour (mbj) en décembre 2021 mais devrait atteindre 12 mbj en 2022 (11,9 % des 101 mbj de production mondiale estimée par l'Agence) et un record de 13 mbj en 2023 (12,6% de la production mondiale), dépassant le précédent record de 12,3 mbj atteint en 2019, et faisant des Etats-Unis le premier producteur mondial de pétrole brut.

Robert Jules
Commentaires 4
à écrit le 11/03/2022 à 8:17
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"Davos de l'énergie" Vu à la télé ! Médiocrité garantie.

à écrit le 10/03/2022 à 19:25
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Pour mémoire Poutine voulait l'Ukraine Neutre et un gouvernement qui ne sois pas pro-américain .Il a répèté qu'il ne fallait pas mettre des armes en Ukraine et que le jeu dangereux américain aura des conséquences . Il a réagi à cette menace . Il a ...

à écrit le 10/03/2022 à 18:42
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Un titre pareil il y a 6 mois aurait fait bondir les verts. Les américains feront tout avaler aux pauvres européens qu'ils ont bien manipulé dans cette triste affaire ukrainienne fabriquée à dessein.

à écrit le 10/03/2022 à 15:42
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Si le pétrole ne sert qu'à fabriquer des appareils qui vont produire de l'électricité verte pendant 30 ans, il faut faire le bilan. Si c'est pour circuler ou se chauffer, là, c'est moins emballant (CO2 non productif, juste du confort). Ensuite, avec...

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