Les ports ukrainiens prêts à reprendre les exportations de céréales, sur fond de tensions maximales

Trois ports stratégiques ukrainiens ont repris leurs activités ce mercredi, laissant entrevoir une potentielle reprise des exportations dans les prochaines heures. Mais l'accord signé en Turquie pour sécuriser ces approvisionnements de denrées et d'engrais est constamment fragilisé par les mouvements militaires de part et d'autre.
(Crédits : Valentyn Ogirenko)

Après avoir craint le pire et l'échec potentiel de l'accord signé indirectement entre la Russie et l'Ukraine, les premières céréales s'apprêteraient à sortir des ports de la mer Noire. Après le blocus imposé par l'armée russe, le gouvernement ukrainien s'attend à ce que les premiers chargements puissent en effet quitter "dès cette semaine" le pays pour rejoindre l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient. Les trois ports ukrainiens désignés pour les exportations de céréales ont en tout cas recommencé mercredi à fonctionner.

"Les ports d'Odessa, de Tchornomorsk et de Ioujny (Pivdenny, ndlr) ont repris le travail", a annoncé la marine ukrainienne. "La sortie et l'entrée des navires dans les ports maritimes se feront par la formation d'un convoi qui accompagnera le navire de tête", a-t-elle poursuivi.

L'enjeu est d'abord commercial : le port d'Odessa concentre à lui seul 60% des exportations maritimes de blé, tournesol ou maïs ukrainien.

Aussi, Kiev et Moscou se sont mis d'accord à Istanbul, via une médiation de la Turquie et sous l'égide de l'ONU, pour permettre la livraison à l'étranger des quelque 25 millions de tonnes de céréales coincées dans les ports.

Sur le volet diplomatique, le Centre de coordination conjointe (CCC), chargé du contrôle des exportations de céréales via la mer Noire, a été officiellement inauguré mercredi à Istanbul, conformément à ces accords signés le 22 juillet.

La pression militaire reste maximale

L'urgence alimentaire et la flambée des prix des denrées alimentaires à travers le monde ont conduit les deux pays à trouver un premier compromis fragile. Les responsables ukrainiens ont en effet dit à plusieurs reprises ne pas faire confiance à Moscou pour assurer la sécurité des convois et rappellent les tirs de missiles russes samedi sur le port d'Odessa.

De leurs côtés, les forces ukrainiennes ont déposé des mines marines pour se prémunir d'un assaut amphibie russe. Les armateurs tiennent donc à s'assurer du déminage de ces zones avant le transport.

La situation reste d'ailleurs très tendue. Mercredi, l'armée de Kiev a en partie détruit un pont d'importance stratégique dans la région méridionale de Kherson occupée par les Russes et que l'armée de Kiev cherche à reprendre.

La veille, les forces russes ont bombardé une infrastructure portuaire dans la région de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, a déclaré mardi le maire de la ville, Oleksandr Senkevitch.

"Une frappe massive de missile a été déclenchée contre le sud de l'Ukraine en provenance de la mer Noire et avec l'utilisation de l'aviation", a-t-il dit à la télévision publique ukrainienne, sans fournir de précisions sur les conséquences de ce bombardement.

Juste avant l'invasion russe du 24 février, la tonne de blé pour livraison en septembre se vendait 279,50 euros: le cours a ensuite explosé, montant en mai jusqu'à plus de 438 euros, et se trouvait mercredi aux alentours de 341 euros à 14H00 GMT sur le marché européen.

"Un redémarrage des exportations ukrainiennes nécessitera non seulement un canal de navigation sûr, mais aussi des ports sûrs. Les Russes ont semé le doute sur la sécurité des ports à peine l'encre de l'accord de transport maritime était-elle sèche. Le doute est à nouveau présent", observe un négociant européen.

(Avec AFP et Reuters)

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