Logement : les Portugais manifestent, malgré le plan du gouvernement

Des milliers de personnes ont manifesté samedi après-midi à Lisbonne et dans plusieurs autres grandes villes du pays pour le droit au logement. Le gouvernement a présenté la semaine dernière un plan pour lutter contre la crise du logement et freiner la spéculation immobilière. Mais les mesures ne convainquent pas. Les Portugais réclament notamment plus de logements sociaux et un encadrement des loyers. Ces derniers ont fortement augmenté ces dernières années. Le pays fait en plus face à une forte inflation, à 7,4% sur un mois en mars.
Selon l'office européen des statistiques Eurostat, le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022, tandis que les loyers ont augmenté de près de 25%.
Selon l'office européen des statistiques Eurostat, le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022, tandis que les loyers ont augmenté de près de 25%. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2012. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)

Le « plan logement » du gouvernement portugais ne passe pas. Présenté jeudi dernier, il prévoit différentes mesures destinées à faire face à la crise du logement et à freiner la spéculation immobilière. Selon l'office européen des statistiques Eurostat, le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022, tandis que les loyers ont augmenté de près de 25%.

Ainsi, l'exécutif désire ainsi augmenter les logements disponibles, alors que le Portugal compte quelque 730.000 logements vacants ou délabrés. L'une de ses mesures phare concerne la fin des « visas dorés », des permis de séjour accordés à des riches investisseurs étrangers.

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Le plan logement prévoit également des avantages fiscaux pour les propriétaires acceptant de placer des locations saisonnières sur le marché résidentiel, une fiscalité plus favorable pour le marché locatif, la mise sur le marché d'appartements vacants depuis plus de deux ans dans les grandes villes. À cela s'ajoutent des mesures pour aider les familles à faire face à la hausse des loyers et des mensualités des prêts immobiliers.

Des loyers qui ont pris 25% en une décennie

Ces mesures ne font toutefois pas l'unanimité. Le gouvernement devrait donner la priorité aux logements sociaux, ce qui permettrait de « proposer des loyers en fonction des revenus des familles », estime Rita Silva une militante de Habita, une association pour le droit au logement, l'une des nombreuses voix à critiquer le plan du gouvernement.

Juste après la présentation de ce plan, des dizaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays contre les mesures visant les locations saisonnières touristiques. « Cela va conduire de nombreuses familles au chômage », s'était inquiété le maire de Lisbonne Carlos Moedas qui s'était joint aux manifestants.

De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi. « Logement : un droit pour tous » ou encore « un droit ou un privilège ? », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. « Il faut que les loyers restent accessibles », indiquait à l'AFP Martinho Faias Parreira, un retraité de 72 ans qui vit dans un logement social de la capitale. Il s'inquiétait de la forte hausse de son loyer ces dernières années. Tout comme Ana Reis da Silva, une avocate de 32 ans qui vit à Lisbonne depuis une dizaine d'années. « Je vis avec la crainte que mon propriétaire m'annonce à tout moment une hausse brutale de mon loyer », confiait-elle.

Les manifestants ont réclamé « le droit à un logement pour tous, un droit consacré dans la Constitution », comme le rappelle le mouvement « porte à porte » qui a appelé à cette journée de mobilisation avec d'autres associations, alors que les familles doivent faire face à la flambée des prix.

Une inflation à plus de 7%

Le Portugal connaît une flambée des prix, en hausse de 7,4% sur un an en mars. Un niveau toutefois en baisse pour le cinquième mois consécutif, selon une première estimation de l'Institut national des statistiques (Ine), publiée vendredi. Elle avait atteint un pic en octobre à 10,1%, son plus haut niveau en 30 ans. Ce ralentissement s'explique notamment par l'évolution des prix des produits énergétiques, qui ont reculé de 4,4% sur un an.

En variation mensuelle, les prix ont progressé de 1,7% en mars, après une hausse de 0,3% le mois précédent. L'indice harmonisé des prix, qui permet la comparaison avec les autres pays de la zone euro, a enregistré en mars une hausse de 8%, contre 8,6% le mois dernier, en glissement annuel.

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Établie à 7,8% sur l'ensemble de l'année dernière, la hausse des prix devrait se limiter cette année à 4% selon le gouvernement, ou à 5,5% d'après la Banque du Portugal. Le gouvernement portugais a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour aider les ménages à faire face à cette crise inflationniste, dont l'application d'une TVA à « taux zéro » sur un ensemble de biens alimentaires de première nécessité.

L'exécutif socialiste a également décidé d'augmenter les aides sociales aux familles les plus modestes, à hauteur de 30 euros mensuels et une aide de 15 euros par enfant. Ces dispositions comprennent également une hausse « extraordinaire » de 1% des salaires des quelque 740.000 fonctionnaires, ainsi qu'une hausse de leur prime repas.

(Avec AFP)

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