Nouvelle provocation de Pyongyang : la Corée du Nord tire plusieurs missiles balistiques, en pleine visite de Blinken à Séoul

Ces tirs de missile balistique en provenance de la Corée du Nord sont les deuxièmes par Pyongyang en 2024, après celui, le 14 janvier, d'un engin équipé d'une ogive hypersonique. Ils interviennent quelques jours après la fin d'exercices militaires conjoints américano-sud-coréens. Pyongyang a averti début mars que les Etats-Unis et la Corée du Sud paieraient un « prix élevé » pour ces manœuvres.
Selon la presse japonaise, trois missiles balistiques de courte portée ont été tirés (Photo d'illustration)
Selon la presse japonaise, trois missiles balistiques de courte portée ont été tirés (Photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

[Article publié le lundi 18 mars 2024 à 06h41 et mis à jour à 07h55] La Corée du Nord a procédé au lancement de plusieurs missiles balistiques à courte portée ce lundi, a rapporté l'armée de Séoul. Dans le détail, cette dernière a déclaré avoir « détecté vers 7h44 (22h44 GMT) le lancement de ce qui semble être de multiples missiles balistiques à courte portée », qui ont parcouru quelque 300 kilomètres avant de s'abîmer dans la mer de l'Est, également connue sous le nom de mer du Japon.

« Nous partageons les informations pertinentes avec les États-Unis et le Japon et nous nous tenons prêts à intervenir », a ajouté l'état-major interarmées.

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Les tirs ont été condamnés par Washington dans la foulée. « Ces lancements, comme les précédents tirs de missiles balistiques ces dernières années, sont en violation de multiples résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU », a déclaré un porte-parole du département d'Etat, en soulignant que ces tirs « menacent » les voisins de la Corée du Nord et « sapent la sécurité régionale ».

« Notre engagement en faveur de la défense du Japon et de la Corée du Sud restent sans faille », a ajouté le porte-parole.

Des tirs en pleine visite d'Etat

Selon la presse japonaise, trois missiles balistiques de courte portée ont été tirés, le Premier ministre, Fumio Kishida, condamnant des essais d'armes « répétés et très fréquents » du Nord. Cette « série d'actions menace la paix et la sécurité du Japon, de la région et de la communauté internationale. Nous ne le tolérons pas », a-t-il ajouté.

Dans les faits, ces tirs de missile balistique sont les deuxièmes par Pyongyang en 2024, après celui, le 14 janvier, d'un engin équipé d'une ogive hypersonique. Toutefois, ceux-ci coïncident surtout avec la visite du chef de la diplomatie américaine, arrivé la veille au soir à Séoul.

« Il s'agit d'une manœuvre très calculée de la part de Pyongyang, tirer plusieurs missiles montre qu'il est capable d'un tel acte même lorsque le plus haut diplomate américain est sur place », a indiqué à l'AFP le professeur Choi Gi-il, spécialiste des études militaires à l'université de Sangii.

Fin d'exercices militaires conjoints

Antony Blinken a rencontré lundi matin le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, selon son entourage. Après sa rencontre, l'Américain a « condamné (...) le lancement de missiles balistiques par la RPDC et réaffirmé l'engagement sans faille des États-Unis en faveur de la sécurité de la République de Corée », a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller, se référant aux noms officiels, respectivement, de la Corée du Nord et de la Corée du Sud.

En parallèle, le diplomate a participé au troisième « Sommet pour la démocratie », une initiative du président des Etats-Unis Joe Biden, et que Séoul accueille de lundi à mercredi. Y sont présents des responsables du gouvernement, des ONG ainsi que des membres de la société civile.

Le secrétaire d'Etat américain devait aussi évoquer avec son homologue sud-coréen Cho Tae-yul un renforcement de l'alliance entre Washington et Séoul, dans le cadre d'une politique de « dissuasion étendue » face au Nord. Jeudi, Séoul et Washington ont mis fin à leurs exercices annuels à grande échelle « Bouclier de la liberté », comprenant l'interception de missiles et des assauts aériens. Le nombre de troupes y participant a été doublé par rapport à 2023.

Ces tirs interviennent aussi quelques jours après la fin d'exercices militaires conjoints américano-sud-coréens. Pyongyang a averti début mars que les Etats-Unis et la Corée du Sud paieraient un « prix élevé » pour ces manœuvres avant d'annoncer que Kim Jong-un avait supervisé un exercice d'artillerie à grande échelle comprenant, selon lui, des unités frontalières « qui ont mis la capitale de l'ennemi à leur portée ».

Une rhétorique toujours plus guerrière

Séoul est un allié clé de Washington dans la région. Les Etats-Unis stationnent quelque 27.000 soldats américains en Corée du Sud pour l'aider à se protéger face au Nord, doté de l'arme nucléaire. Arrivé au pouvoir en 2022, le président conservateur sud-coréen Yoon Suk Yeol a renforcé ses liens avec la Maison Blanche et cherché à se rapprocher du Japon, ancienne puissance coloniale dans la péninsule coréenne, face aux menaces de Pyongyang.

Depuis le début de l'année, Pyongyang a désigné Séoul comme son « principal ennemi », a fermé les agences consacrées à la réunification et au dialogue intercoréen et menacé d'entrer en guerre pour toute violation de son territoire « ne serait-ce que de 0,001 millimètre ». Après Séoul, Antony Blinken doit se rendre aux Philippines, pour apporter son soutien à un allié aux prises avec les velléités de Pékin en mer de Chine méridionale.

Le successeur de Kim Jong-un désigné ?

Les médias d'Etat nord-coréens ont qualifié samedi dernier la fille du dirigeant Kim Jong Un, une adolescente, de « grande personne de conseil ». Or, ce terme est généralement réservé aux hauts dirigeants, ce qui laisse penser qu'elle pourrait un jour lui succéder. Dans les versions anglaise et coréenne d'un reportage de l'agence de presse KCNA sur la visite d'une ferme par le chef de l'Etat et sa fille, la forme plurielle de cette expression honorifique est employée, semblant ainsi s'appliquer aux deux.

« Les grands guides, accompagnés de cadres du parti, du gouvernement et de l'armée, ont fait le tour de la ferme », a ainsi indiqué l'agence dans un texte accompagné de photos de Kim Jong-un et sa fille.

Jusqu'à présent, la fille du dirigeant n'avait jamais été ainsi qualifiée par Pyongyang. Elle n'a jamais été identifiée par son nom par les médias d'Etat, mais l'agence de renseignement sud-coréenne pense qu'il s'agit de Ju Ae, son deuxième enfant. « C'est la première fois que Kim Ju Ae est élevée au rang de dirigeant », observe pour l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul.

Le terme nord-coréen « hyangdo », qui signifie guide, est généralement réservé aux « hauts dirigeants ou successeurs » de ce régime, affirme Cheong Seong-chang, directeur du Centre pour la stratégie de la péninsule coréenne de l'Institut Sejong.

« Ce niveau d'adoration personnelle pour Kim Ju Ae laisse fortement penser qu'elle succédera à Kim Jong Un en tant que prochain dirigeant de la Corée du Nord », ajoute-t-il.

Kim Jong Un, petit-fils du père fondateur de la Corée du Nord Kim Il Sung, et troisième génération de sa famille à diriger le pays, a épousé Ri Sol Ju en 2009, selon les renseignements sud-coréens. L'existence de sa fille a été révélée pour la première fois par les médias d'Etat de Pyongyang en 2022, alors qu'elle accompagnait son père lors d'un tir d'essai de missile balistique intercontinental.

La seule confirmation de son existence jusque-là était venue de l'ex-star américaine de la NBA Dennis Rodman, qui affirmait avoir rencontré une fille du dirigeant appelée Ju Ae lors d'une visite en Corée du Nord en 2013. Depuis, elle a participé à de nombreux événements officiels, notamment à des exercices militaires, à la visite d'une usine d'armement, d'un élevage de poulets et à un défilé militaire.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 18/03/2024 à 17:47
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Et en face ? Varsovie a commandé, depuis 2021, pour plus de 12,5 milliards d'euros d'équipements aux industriels coréens. Autant de contrats qui ont permis de propulser la Corée du Sud aux premières places du classement mondial des vendeurs d'arme...

à écrit le 18/03/2024 à 10:16
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La Corée du Nord est un état souverain : elle fait ce qu'elle veut chez elle. Et ses missiles retombent au pire dans la mer en zone internationale : tout le monde fait ça. Où le problème ? sinon dans le crâne des médias va-t-en guerre de l'Ouest ?

à écrit le 18/03/2024 à 9:01
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On reproche aux autres ce que l'on veut faire soi-même, c'est à dire de la provocation ! ;-)

à écrit le 18/03/2024 à 7:24
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Il ne sait plus quoi faire pour se faire remarquer le mot pathétique lui va à merveille à cleui-là. Son peuple qui vit dans la misère doit être content de constater qu'il ne dépense pas l'argent n'importe comment, même si comparé aux dirigeants europ...

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