
À l'image de nombreux pays du globe, ceux d'Amérique latine subissent de plein fouet une hausse générale des prix. Elle a par exemple atteint +5,79% au Brésil et +7,82% au Mexique, les deux premières économies latino-américaines. Et carrément explosé à +94,8% en Argentine, un record en 30 ans. À Cuba, les chiffres officiels font état d'une augmentation de +39% en 2022, mais des économistes estiment qu'elle est sous-estimée et la voit plutôt au-dessus des 200%, soit une des plus hautes du monde.
Pour tenter de la réduire, ces quatre pays et sept autres de cette région du monde ont opté pour une action commune. Ils ont ainsi annoncé mercredi 5 avril avoir formé une « alliance des pays d'Amérique latine et des Caraïbes contre l'inflation ». Elle comprend en plus le Belize, la Bolivie, le Chili, la Colombie, le Honduras, le Venezuela et Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
L'accord a été annoncé par le gouvernement mexicain après une rencontre virtuelle des chefs d'État, de gauche dans leur grande majorité. Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a d'ailleurs invité ses collègues à une réunion à Cancún les 6 et 7 mai prochains.
Objectif : la réduction des prix des biens de base
Le but de l'Alliance est de faciliter les échanges des aliments, des produits de base et de biens intermédiaires en supprimant « des obstacles, des droits de douane, des mesures sanitaires ». Priorité est mise sur la réduction « du coût de ces produits pour la population la plus pauvre et vulnérable », lit-on dans la déclaration commune des onze pays « alliés ».
Les chefs d'État ont ainsi mentionné « des mesures logistiques, financières et d'autre nature » pour que l'échange des produits de base et des biens intermédiaires « se fasse dans de meilleures conditions ». En matière de logistique, le groupe énoncera des recommandations pour faciliter le transit des produits par les ports et les frontières, et l'échange de technologies pour favoriser la productivité agricole.
Les signataires vont créer un « groupe de travail technique » qui déterminera les mesures de coopération notamment sur la question des « engrais chimiques et organiques ». Ce groupe pourra établir un plan d'action pour mettre en œuvre « dans un délai raisonnable » les mesures anti-inflation.
Des pays peu habitués à coopérer tous ensemble
Les pays d'Amérique latine n'ont pas spécialement l'habitude de coopérer ensemble. « L'intégration économique de l'Amérique latine est très faible », rappelle César Salazar, de l'Institut des enquêtes économiques de l'Université nationale autonome du Mexique (Unam).
Chacun est lié par des accords commerciaux avec d'autres pays du monde ou engagés dans d'autres mécanismes de coopération et d'intégration économique. Le Mexique est par exemple signataire d'un accord de libre-échange qui le lie aux États-Unis et au Canada.
Le Brésil et l'Argentine sont eux membres du Mercosur (communauté économique qui regroupe plusieurs pays de l'Amérique du Sud) avec l'Uruguay et le Paraguay. Au sein même du Mercosur « le Brésil, qui est le grand moteur de l'Amérique du Sud, a bien plus de liens commerciaux avec la Chine qu'avec la région », ajoute-t-il. « Et le Mexique, n'en parlons pas : 50% des importations viennent des États-Unis, et 85% des exportations vont aux États-Unis ».
Des accords dont les membres de cette nouvelle alliance disent avoir « conscience » et qu'il faudra forcément prendre en compte. Les onze premiers signataires, tous par ailleurs membres de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) ont invité d'autres pays de la région à les rejoindre.
(Avec AFP)
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