Le FMI alerte sur l'impact de la fragmentation de l'économie mondiale sur la croissance et le système financier

Une possible fragmentation de l'économie mondiale aurait un impact sur la croissance potentielle au niveau mondial, et en particulier pour les pays émergents, prévient le Fonds monétaire international (FMI). Selon l'organisation, elle entraînerait aussi une baisse des capacités de financement des États et des banques.
La présidente du FMI Kristalina Georgieva. Ce n’est pas la première fois que le FMI met ce sujet sur le devant de la scène. Fin mars, sa directrice générale mettait en effet en garde contre la fragmentation géoéconomique au niveau mondial.
La présidente du FMI Kristalina Georgieva. Ce n’est pas la première fois que le FMI met ce sujet sur le devant de la scène. Fin mars, sa directrice générale mettait en effet en garde contre la fragmentation géoéconomique au niveau mondial. (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

Quelles conséquences si l'économie mondiale se divise en blocs régionaux rivaux ? Deux rapports du Fonds monétaire international (FMI), sur la stabilité financière mondiale et sur les prévisions économiques mondiales, éclairent cette question. Publiée ce mercredi, leur version définitive sortira néanmoins mardi 11 avril prochain, à l'occasion des réunions de printemps du l'organisation internationale et de la Banque mondiale.

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Ce n'est pas la première fois que le FMI met ce sujet sur le devant de la scène. Fin mars, sa directrice générale mettait en effet en garde contre la fragmentation géoéconomique au niveau mondial. Pour Kristalina Georgieva, elle pourrait diviser le monde en blocs économiques rivaux, entraînant « une division dangereuse qui laisserait tout le monde plus pauvre et moins sûr ».

Plus de protectionnisme des grandes puissances

Selon les données d'ores et déjà publiées dans les rapports du FMI, il ressort que les tensions géopolitiques entre les principales puissances économiques entraîneront une baisse des investissements directs à l'étranger (IDE) au profit d'investissements à l'intérieur des frontières des États. Résultat à long terme : une perte de 2% de la croissance mondiale. L'ONU alertait déjà en juin dernier sur le fait que « l'environnement mondial de l'investissement international [avait] changé de façon spectaculaire avec le début de la guerre en Ukraine », selon un rapport de la Cnuced, organe des Nations unies chargé du commerce et du développement.

Cette nouvelle approche, consécutive à la pandémie, vise notamment à rapprocher les lieux de production et sécuriser les chaînes d'approvisionnement. Les rapports soulignent qu'elle est déjà mise en place par les États-Unis au travers de leur plan climat baptisé « Inflation Reduction Act (IRA) ». Il prévoit notamment que des subventions à l'achat d'un véhicule électrique soient accordées uniquement aux véhicules américains, donnant ainsi un coup de pouce aux constructeurs locaux aux dépens des entreprises européennes exclues des aides.

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L'Union européenne s'apprête à faire de même. En réponse au plan américain jugé « protectionniste », la Commission a présenté mi-mars un projet de loi visant à accroître la fabrication de technologies propres sur le Vieux continent. Et améliorer ainsi la compétitivité des Vingt-Sept.

Les pays émergents en pâtissent le plus

Selon les données du FMI, les IDE vers l'Asie en particulier ont commencé à baisser en 2019 et n'ont connu qu'une relative hausse sur les derniers trimestres, à l'exception des investissements en Chine, qui n'ont pas repris. Or, depuis la crise de 2008, les IDE se dirigent de plus en plus vers des pays considérés comme amis, pour plus de 50% d'entre eux, désormais, alors que ceux vers les pays géographiquement proches atteignent 38% du volume total.

Une évolution qui se fait au préjudice des pays émergents et en développement estime le FMI, qui sont pourtant ceux qui ont le plus de besoins en la matière.

Le système financier aussi impacté

Du côté du secteur financier, la réduction des flux financiers en raison des tensions géopolitiques entraîne pour les États le risque de voir augmenter les taux d'intérêt de leur dette. Couplé à une baisse de la croissance économique, cela signifierait une part plus importante des revenus dédiée au remboursement de la dette publique.

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Ainsi, selon le FMI, la fragmentation porte le risque d'une hausse des coûts pour les banques et d'une baisse de leur profitabilité. Au bout du compte, c'est une réduction de leurs capacités de financement de l'économie qui menace.

Retrouvez ici notre dossier : Démondialisation, néomondialisation... quelle mondialisation pour demain ?

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 06/04/2023 à 17:56
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Le FMI serait mieux inspiré de proposer des réformes fondamentales de la mondialisation actuelle. Voilà ses principaux défauts. 1 - La suppression des contrôles des changes et la mise en œuvre du principe de la libre circulation des capitaux, e...

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