
Article publié le 4 juin à 15h30, mis à jour le 4 juin à 20h14
Dès mardi 30, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet chutait lourdement, de 4,58%, 73,54 à dollars. Celui du baril de West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, pour la même échéance a perdu 4,41%, à 69,46 dollars. Sur un mois, le recul s'affiche respectivement à plus de 8,1% et de plus de 8,9%, et sur un an la baisse est encore plus spectaculaire, -35% et -38%.
Une réduction volontaire de l'ordre d'un million de barils par jour
Sur fond de tension entre Moscou et Ryad, les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) viennent de se réunir ce 4 juillet à Vienne avec leurs dix partenaires conduits par la Russie. A l'issue, l'Arabie saoudite, poids lourd de l'Opep annonce avoir décidé de procéder à une nouvelle coupe de production dans l'espoir de faire remonter des cours du pétrole en berne, dans un contexte économique assombri par la guerre en Ukraine.
« Cette réduction volontaire de l'ordre d'un million de barils par jour s'applique à compter de juillet et pourra être étendue » vient de déclarer le prince saoudien Abdelaziz ben Salmane lors d'une conférence de presse.
« Tout est sur la table », assurait, le 3 juin, le gouverneur d'Iran, Amir Hossein Zamaninia. Fidèle à ses habitudes, le prince saoudien Abdelaziz ben Salmane s'était quant à lui contenté de commenter la météo du jour, éludant les questions des journalistes. Son homologue émirati, Souhail ben Mohammed Al-Mazrouei, avait dit sans plus de détails « attendre avec impatience une décision qui permettra d'équilibrer le marché »
Si le pétrole a redressé la barre au cours des deux dernières séances, les cours ont dévissé d'environ 10% depuis l'annonce surprise début avril par certains membres de l'Opep+ d'une baisse drastique des quotas. Cette mesure a de fait échoué à faire remonter les prix dans un marché déprimé par les craintes de récession économique mondiale, les hausses des taux des principales banques centrales et la laborieuse reprise de la demande en Chine au sortir des restrictions anti-Covid.
Des baisses étendues jusqu'à fin 2024
Restait à voir si Ryad allait parvenir à convaincre l'autre pilier du groupe, la Russie, qui semble réticente à resserrer davantage les vannes d'or noir - manne lui servant à financer son offensive militaire contre l'Ukraine.
« Je ne pense pas qu'il y aura de nouvelles décisions, après celle prise il y a à peine un mois, portant sur la réduction volontaire de la production de pétrole par certains pays en raison de la faiblesse de la reprise économique mondiale », indiquait le 25 mai Alexander Novak, vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, dans un long entretien accordé jeudi au quotidien moscovite, Izvestia.
Ce soir, les baisses instaurées depuis début mai par neuf pays, dont Ryad et Moscou, pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, « sont étendues jusqu'à fin 2024 », a précisé le responsable politique russe aux journalistes présents à la sortie.
Des négociations qui ont duré plusieurs heures
Du fait des sanctions occidentales, seul le pétrole russe à un prix égal ou inférieur à 60 dollars pourra continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il est interdit pour les entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc...).
« Je continue à les avertir que ça va faire mal, comme en avril. Je leur dis : attention ! », avait menacé, le 23 mai le ministre de l'Energie de l'Arabie saoudite, le prince Abdulaziz bin Salman, lors du Forum économique du Qatar, rapporte l'agence Bloomberg.
Aujourd'hui, les négociations ont duré plusieurs heures, des médias faisant état de divergences entre les 23 participants, qui représentent 60% de la production mondiale d'or noir.
Des réticences dans un premier temps
Les Emirats arabes unis, désireux de pomper davantage, ont ainsi obtenu un relèvement de la base de calcul de leur quota de production de brut, selon le nouveau tableau publié par l'Opep.
Selon l'agence Bloomberg, cette requête s'est heurtée dans un premier temps aux réticences de l'Angola, du Congo et du Nigeria qui ont en contrepartie vu leurs objectifs abaissés l'an prochain alors qu'ils peinent à les atteindre.
Lors de la dernière crise majeure en mars 2020, la Russie avait refusé de tailler dans sa production pour soutenir des cours tirés vers l'abîme par la pandémie de Covid-19. Le royaume saoudien avait alors inondé le marché de pétrole, plombant durablement les prix.
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