Mer Rouge : le transport de conteneurs a baissé de plus de 30% à cause des attaques des Houthis

Le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge a chuté de 37% du 1er au 16 janvier 2024 sur un an d'après le FMI. En raison de la multiplication d'attaques des rebelles houthis contre des navires marchands au large du Yémen, de nombreux armateurs évitent le secteur. L'évolution de la situation est encore pour le moment très incertaine, ce qui inquiète l'institution internationale.
Les attaques des Houthis en mer Rouge perturbent le trafic maritime dans cette zone cruciale par où transite 30 à 35% des porte-conteneurs chaque année selon la Commission européenne.
Les attaques des Houthis en mer Rouge perturbent le trafic maritime dans cette zone cruciale par où transite 30 à 35% des porte-conteneurs chaque année selon la Commission européenne. (Crédits : FABIAN BIMMER)

D'ordinaire voie de passage des navires marchands reliant l'Asie à l'Europe, la mer Rouge est de plus en plus désertée. Le transport maritime de conteneurs, qui y représente « l'essentiel du trafic », y a « diminué de près de 30% », a déclaré ce mercredi 31 janvier Jihad Azour, directeur régional du Moyen-Orient et d'Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant que « la baisse du commerce s'est accélérée au début de l'année » 2024.

La plateforme PortWatch du FMI précise que le volume de transit par le canal de Suez, qui relie la mer Rouge à la mer Méditerranée, a baissé de 37% du 1er au 16 janvier 2024 par rapport à la même période de l'année précédente.

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Pour rappel, depuis le 19 novembre dernier, les Houthis, groupe militaire de rebelles du Yémen, mènent des attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. Ils y prennent pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël. Des actions qu'ils disent conduire en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, territoire pilonné et assiégé par l'armée israélienne depuis l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre.

D'après le Pentagone, 35 attaques ont déjà eu lieu ces deux derniers mois. Des incidents qui perturbent le trafic maritime dans cette zone cruciale par où transite jusqu'à 12 à 15% du commerce mondial chaque année et 30 à 35% des porte-conteneurs, selon les chiffres de la Commission européenne.

Incertaine évolution

Face à la multiplication de ces attaques, de nombreux armateurs ont décidé d'éviter le secteur. Ils préfèrent désormais rallier l'Asie à l'Europe en contournant l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, ce qui entraîne un surcoût du transport et des délais d'acheminement plus longs. « Le niveau d'incertitude est extrêmement élevé et l'évolution de la situation déterminera l'ampleur du changement et de la modification des schémas commerciaux en termes de volume, mais aussi en termes de durabilité », a déclaré Jihad Azour.

« Sommes-nous à la veille d'un changement majeur dans les routes commerciales ou est-ce temporaire en raison de l'augmentation des coûts et de la détérioration des coûts de sécurité ? », s'est-il interrogé devant des journalistes.

La semaine dernière, l'ONU avait indiqué que le volume du commerce via le Canal de Suez a baissé de 42% ces deux derniers mois. Ces perturbations sont d'autant plus inquiétantes que « plus de 80% » du commerce mondial de biens se fait par voie maritime et que « d'autres routes importantes sont déjà sous tension », soulignait la Cnuced, l'organe de l'ONU chargé du commerce et du développement. De son côté, l'Union européenne avait annoncé que le trafic maritime en mer Rouge avait chuté de 22% en un mois. Ce ne serait d'ailleurs que le début : selon l'UE, cette baisse « devrait être plus importante à l'avenir en raison de la décision de nombreux armateurs de prendre une autre route maritime ».

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Les ripostes américaines ne changent rien

Pour tenter de ramener le calme dans ces eaux qui se jettent dans l'océan Indien, les États-Unis, allié clé d'Israël, ont créé une coalition en décembre dernier. Son rôle est de patrouiller en mer Rouge afin de « protéger » le trafic maritime contre les attaques des Houthis, entité qu'ils ont d'ailleurs à nouveau qualifiée de « terroriste ». En parallèle et en riposte aux attaques de navires, les forces américaines, parfois conjointement avec le Royaume-Uni, ont mené plusieurs frappes contre les positions des rebelles au Yémen. La semaine dernière, ils ont également annoncé des sanctions contre quatre de leurs responsables, accusés d'être impliqués dans l'organisation de ces attaques. Sans obtenir jusque-là un arrêt des assauts. Le dernier en date remonte au vendredi 26 janvier, après que les rebelles ont pris pour cible un pétrolier britannique.

Pour le chef du Conseil présidentiel du Yémen, Rashad al-Alimi, ces « opérations défensives ne sont pas la solution », a-t-il déclaré le lendemain. Selon lui, « la solution est d'éliminer les capacités militaires des Houthis ». Cette entité, soutenue par l'Arabie saoudite, représente le gouvernement internationalement reconnu, que les Houthis ont chassé de la capitale Sanaa il y a près de dix ans. Le Conseil est basé dans la ville d'Aden, dans le sud du pays. Selon des analystes, les tensions croissantes dans la région pourraient faire dérailler les efforts en vue de parvenir à un cessez-le-feu entre les Houthis et la coalition militaire mise en place en 2015 et dirigée par l'Arabie saoudite pour appuyer le gouvernement.

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Depuis 2014, la guerre au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a fait des centaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes et plongé le pays dans l'une des pires crises humanitaires au monde, selon l'ONU. Le pays connaît toutefois une accalmie fragile depuis une trêve négociée par l'ONU en avril 2022, qui a expiré en octobre dernier mais qui reste globalement respectée.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 01/02/2024 à 8:23
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Une bonne nouvelle pour notre seule et unique planète.

à écrit le 01/02/2024 à 1:10
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Je ne donne pas longtemps aux égyptiens pour intervenir contre les Houtis !!! ... n'oublions pas que le canal de Suez est le première source de revenu du pays ! 30% de navires en moins, c'est autant de revenus en moins !!!

à écrit le 31/01/2024 à 19:00
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Pour le transit du pétrole US et du gaz liquéfié, ça va grincer sur les prix de transport, comme pour l'ensemble du fret maritime. Chaud devant!😱

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