Article mis à jour à 14h50 avec la nouvelle estimation de l'inflation aux Etats-Unis
Lors de son audition mardi au Sénat américain, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a rassuré les marchés sur sa politique monétaire, notamment la future hausse des taux.
Reconduit en novembre dernier pour un deuxième mandat à la tête de la banque centrale des Etats-Unis, il s'est bien gardé de préciser un calendrier. "Ce qu'il n'a pas dit est également important, c'est qu'il n'a pas soutenu quatre hausses de taux en 2022, ni un début de hausse en mars, et n'a pas non plus donné de détails sur le moment où la réduction du bilan de la Fed commencerait", a commenté Jeffrey Halley, analyste Marchés chez OANDA.
Réduction du portefeuille d'actifs
En effet, peu prolixe en détails, Jerome Powell a déclaré toutefois que la banque centrale pourrait commencer à réduire son portefeuille de 8,8 milliards de dollars d'obligations et d'autres actifs plus tard cette année, ce qui serait une autre façon de resserrer les conditions financières.
"Il est certain que si Jerome Powell pense que l'inflation atteindra un pic au cours du deuxième semestre 2022, il ne semble pas nécessaire de commencer à paniquer. Si la Fed a montré quelque chose au cours des deux dernières années, c'est sa capacité à faire preuve d'une grande prudence et de patience", indique l'analyste d'OANDA.
Le président de la Fed a assuré que l'économie du pays n'avait plus besoin aujourd'hui d'une politique de soutien. Il justifie son optimisme en considérant que les conséquences de la propagation du variant Omicron du Covid-19 seront finalement bien moins pénalisantes pour l'économie américaine que les précédentes vagues, et que les goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement qui sont en large partie responsables de la hausse des prix allaient se résoudre et faire baisser l'inflation.
Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, la croissance du PIB aux Etats-Unis devrait s'afficher à 3,7% en 2022 (5,6% en 2021) et 2,6% en 2023. Même si ce niveau reste relativement élevé, la révision à la baisse des économistes de l'institution internationale est la plus ample parmi les pays développés, avec 1,2 point en moins pour 2021 et 0,5 point en moins pour 2022.
Les marchés ont apprécié
Néanmoins, pragmatique, le président de la Fed s'est engagé à ne pas laisser l'inflation augmenter - elle a atteint + 7% en décembre sur un an glissant, soit son taux le plus élevé depuis 1982, selon les chiffres publiés ce mercredi -, qu'il considère comme une "grave menace". En effet, même si l'on exclut les produits alimentaires et l'énergie, qui ont des prix très volatils, les prix de la consommation courante (l'inflation dite "core") affichent sur un an un progression de 5,5%, un niveau largement supérieur aux 2% théoriquement visés par la Fed.
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De même, l'institution monétaire surveille un marché du travail qui s'est fortement amélioré. En décembre, le taux de chômage est tombé à 3,9%, son niveau le plus bas depuis quatre ans.
L'ensemble des marchés actions et les prix du pétrole ont progressé après l'audition de Jerome Powell. De même, le rendement de l'obligation américaine à 10 ans, un indicateur des anticipations des investisseurs, s'affichait ce matin à 1,7418%, en baisse par rapport à un pic de 52 semaines atteint lundi, à 1,779%.