Pourquoi le nombre de chômeurs baisse dans le monde

L'Organisation internationale du travail (OIT) s'attend à ce que le nombre de chômeurs diminue d'un million en 2023. Des chiffres en trompe-l'oeil qui cachent des inégalités entre les pays « à revenus élevés » et certaines régions du monde qui peinent à retrouver les taux de chômage qu'elles enregistraient avant la pandémie.
En avril, aux Etats-Unis, le taux de chômage est attendu en très légère hausse, à 3,5% contre 3,4% en avril.
En avril, aux Etats-Unis, le taux de chômage est attendu en très légère hausse, à 3,5% contre 3,4% en avril. (Crédits : Reuters)

C'est une bonne surprise. Après avoir initialement prévu une hausse du taux de chômage mondial, l'OIT estime qu'il devrait baisser de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 5,3%. Le nombre de personnes sans emploi devrait ainsi passer de 192 millions en 2022 à 191 millions en 2023, alors que l'OIT tablait encore mi-janvier sur trois millions de chômeurs en plus.

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Des chiffres en trompe-l'oeil néanmoins qui cachent des inégalités. L'agence basée à Genève estime que cette révision reflète « plutôt une résilience plus forte que prévu dans les pays à revenu élevé qu'une reprise généralisée ». Ainsi, au Japon, le taux de chômage a diminué en avril pour la première fois depuis trois mois, à 2,6% de la population active. En France, les derniers résultats trimestriels publiés fin avril avaient fait état d'une baisse de 1,2% au premier trimestre, soit 36.700 inscrits en moins par rapport au trimestre précédent, à 3,016 millions.

Le taux de chômage ne baisse pas dans les pays à faibles revenus

Certaines régions du monde, principalement composées de pays à faibles revenus, ne sont en effet pas encore descendues au taux de chômage qu'elles connaissaient en 2019, avant la pandémie. C'est le cas de l'Afrique du Nord (11,2% attendus en 2023 contre 10,9% en 2022), de l'Afrique subsaharienne (6,3% contre 5,7%) ou encore des Etats arabes (9,3% contre 8,7%).

« De nombreux pays en voie de développement restent très en retard dans le processus de reprise » de l'emploi après la pandémie, s'est alarmée mercredi en conférence de presse Mia Seppo, sous-directrice générale pour l'emploi et la protection sociale à l'OIT. Ces Etats, « qui accueillent déjà les personnes les plus vulnérables de la planète, sont confrontés à une conjonction de défis particulièrement brutale : une inflation élevée, des taux d'intérêt en hausse et un risque accru de difficultés sur leur dette ».

Une progression de l'économie informelle en Amérique latine

A l'inverse, « d'autres régions du monde comme l'Amérique latine et les Caraïbes, l'Europe du Nord, de l'Ouest et du Sud ainsi que l'Asie centrale et occidentale sont parvenues à faire baisser leurs taux nettement au-dessous des niveaux d'avant la crise », observe l'OIT. Mais en Amérique latine, « le rétablissement de l'emploi a souvent été alimenté par la progression de l'économie informelle », et donc la création d'emplois de moindre qualité, avertit Sangheon Lee, directeur du département des politiques de l'emploi de l'OIT.

Les pays dont le taux de chômage n'est pas redescendu au niveau de 2019, et en particulier les plus endettés, « ont un besoin urgent de soutien (...) international et d'une coordination multilatérale pour s'attaquer aux déficits persistants en matière d'emploi et aux inégalités grandissantes », plaide en conséquence l'OIT.

Un « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial », les 22 et 23 juin à Paris

Cet appel intervient à trois semaines du « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial », les 22 et 23 juin à Paris, destiné à poursuivre les discussions sur les mécanismes de solidarité financière entre pays développés et États vulnérables.

Emmanuel Macron a profité du sommet du G7 qui s'est tenu en mai au Japon pour en faire la promotion. Pour le chef de l'Etat français, il s'agit d'éviter de « choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour le climat ». Il souligne la nécessité de « porter un agenda de réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour davantage offrir de financements aux pays qui en ont le plus besoin ».

Le taux de chômage au plus bas au Brésil depuis 2015

Le taux de chômage est reparti à la baisse au Brésil, s'inscrivant à 8,5% sur le trimestre allant de février à avril, au plus bas pour cette période de l'année depuis 2015. Ce recul met fin à une série de trois hausses consécutives de ce taux calculé en trimestres glissants. Il s'élevait à 8,8% sur la période janvier-mars.

Selon l'institut de statistiques brésilien IBGE, de février à fin avril, 9,1 millions de personnes étaient encore à la recherche d'un emploi au Brésil, soit 2,3 millions de moins qu'à la même période l'an dernier quand le taux de chômage s'élevait à 10,5%. L'IBGE souligne toutefois que 38,9% de la population active brésilienne est employée dans l'économie informelle, la plupart du temps sans contrat de travail et dans des conditions précaires.

Lula a affirmé à plusieurs reprises que davantage d'emplois pourraient être créés si la banque centrale brésilienne abaissait son taux directeur, fixé actuellement à 13,75%, un des plus élevés au monde. « Nous ne pouvons pas vivre dans un pays où le taux directeur n'a pas d'incidence sur l'inflation, mais sur le chômage », avait déclaré Lula début mai, soulignant que les taux d'intérêt élevés rendent le crédit plus cher et freinent la croissance.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/06/2023 à 13:14
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Bonjour, sincèrement peut-on faire confiance aux annonces des différents gouvernements en matière de baisse du chômage? Il leur suffit de bidouiller les règles de calcul (et ils ne s'en privent pas) pour que le tour soit joué! (demandez à Dussopt). ...

à écrit le 01/06/2023 à 7:37
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"Les faits sont têtus il est plus facile de s'arranger avec les statistiques" Mark Twain

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