Wisconsin, Michigan et Pennsylvanie : retenez bien ces noms. En 2016, Hillary Clinton y a perdu la présidentielle face à Donald Trump, à 78.000 voix près réparties dans ces trois États. À eux seuls, ils représentent 46 grands électeurs au sein du collège électoral, qui en compte 538. Le milliardaire populiste en avait obtenu au total 306 et l'ex-First Lady démocrate 232. Quatre ans plus tard, Joe Biden a réussi à inverser ce même score en nombre de grands électeurs en reprenant à Trump les trois États en question, mais cette fois avec 256 000 voix d'avance. Au vu des sondages de ces dernières semaines effectués dans le Wisconsin, dans le Michigan et en Pennsylvanie, il y a fort à parier que l'élection de novembre prochain s'y rejouera à l'identique. Après la première manche et la revanche, voici la belle.
Trump bien parti
À ce stade, malgré ses déboires financiers et judiciaires (qui vont de pair, frais d'avocat obligent), Donald Trump est non seulement bien parti pour obtenir la nomination républicaine mais également pour retrouver la Maison-Blanche. Sur les dix dernières enquêtes d'opinion menées dans le Wisconsin depuis le mois de septembre, les deux candidats jouent à armes égales dans la marge d'erreur. Cinq donnent Biden gagnant avec entre 1 et 9 points d'avance et cinq voient Trump l'emporter de 1 à 5 points. Dans le Michigan, le président sortant est encore outsider. Un sondage sur six le voit gagner. Mais le parrainage qu'il a obtenu le 24 janvier, très tôt dans le calendrier, du puissant syndicat de l'industrie automobile pourrait lui apporter une aide précieuse et le mettre à égalité avec Trump. En Pennsylvanie enfin, son État natal, Joe Biden est donné vainqueur d'une courte tête dans quatre sondages sur sept depuis le mois d'octobre.
Aujourd'hui, Biden l'emporterait sur Trump selon les sondages
En attendant que la campagne entre les deux hommes commence vraiment, car nous n'en sommes qu'aux escarmouches, il n'est pas inintéressant malgré tout de jeter un œil sur les études d'opinion au niveau national. Électoralement, elles ne sont pas aussi fines que les sondages État par État. Mais d'un point de vue sociologique, ces instantanés sont une mine d'or pour bien comprendre où en sont les Américains à neuf mois du scrutin décisif.
Le sondage qu'a effectué l'université Quinnipiac du 25 au 29 janvier auprès de 1.650 électeurs inscrits suggère que si l'élection présidentielle avait lieu demain, le président Biden l'emporterait face à Donald Trump à 50 % contre 44 %. C'est la première fois que l'écart entre les deux hommes est si grand au niveau national. À y regarder de plus près, on note que la plus importante des trois priorités des électeurs est la sauvegarde de la démocratie (39 % chez les démocrates mais seulement 12 % chez les républicains). La deuxième est l'économie, mais avec un score inverse entre progressistes et conservateurs. Idem sur l'immigration, première urgence des républicains mais en troisième position chez les démocrates.
Les femmes votent Biden
Le choix des femmes retient également l'attention : 58 % d'entre elles voteraient Biden et 36 % Trump. Pour le président, c'est 3 points de mieux qu'en 2020 et 4 par rapport au score de Hillary Clinton au sein de cet échantillon en 2016. En indiquant dès son premier spot électoral qu'il ferait de la question du droit à l'avortement un sujet central de sa campagne, Joe Biden commence, semble-t-il, à faire douter l'électorat féminin des républicains modérés. Retenons enfin un terme qui marquera cette année présidentielle : « indépendant ».
Les Américains qui ne se définissent ni comme démocrates ni comme républicains déclarent aux sondeurs qu'ils sont indépendants. Ils constituent désormais la moitié du corps électoral. Dans cette étude de l'université Quinnipiac, ils voteraient pour Biden à 52 % contre 40 % pour Trump. Dix points de mieux que Hillary Clinton en 2016. Voilà qui en dit long sur les huit années qui viennent de s'écouler.
De tout ce qui précède, on peut déduire que la républicaine conservatrice Nikki Haley a tout intérêt à exploiter ces indications afin de prouver que Trump pourrait bien être le « loser » de ce match vengeur. Dans ce même sondage, Haley battrait Biden de 5 points si elle était investie par son parti. Elle obtiendrait le soutien de 53 % des électeurs indépendants et même de 10 % des démocrates... Et si la démocratie américaine que Donald Trump a tant malmenée pendant ses quatre années au pouvoir prenait, elle aussi, sa revanche en offrant au monde une élection plus disputée et surprenante que prévu ?