Le patron de la Fed victime de Donald Trump, qui l'accuse de favoriser les démocrates

Aux yeux de l'ex-locataire de la Maison Blanche, la Fed, en anticipant une baisse des taux directeurs cette année, veut ostensiblement favoriser les démocrates. Dérogeant à la tradition de respect, de distance et d'indépendance du pouvoir politique vis-à-vis de l'institut monétaire, Donald Trump multiplie ainsi les attaques personnelles, dans la perspective de l'élection présidentielle aux Etats-Unis.
Jerome Powell et Donald Trump, à la Maison Blanche, en 2017.
Jerome Powell et Donald Trump, à la Maison Blanche, en 2017. (Crédits : Reuters)

La course à la Maison Blanche a bel et bien commencé, à quelques mois du scrutin, en novembre 2024. Coutumier des attaques personnelles, Donald Trump a, cette fois-ci, ciblé le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell. Son tort ? Projeter un adoucissement de la politique monétaire cette année, et donc une baisse des taux directeurs, l'inflation étant, de facto, moins élevée ces derniers mois. Donald Trump a estimé vendredi que si le patron de la Réserve fédérale veut abaisser les taux en 2024, c'est... pour aider les démocrates à gagner l'élection présidentielle.

« Je pense qu'il (Jerome Powell, ndlr) va faire quelque chose pour probablement aider les démocrates », a ainsi avancé l'ancien président républicain sur la chaîne conservatrice Fox Business.

« Il me semble qu'il essaie de baisser les taux d'intérêt dans le but peut-être de faire élire des gens », a encore appuyé le favori républicain.

La rhétorique du New-Yorkais est loin d'être nouvelle. Lorsqu'il était président, Donald Trump avait vertement critiqué la Fed qui ne baissait pas suffisamment ses taux à son goût. De facto, il rompait avec la tradition de respect, de distance et d'indépendance du pouvoir politique vis-à-vis de l'institut monétaire.

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Trump accuse Powell d'avoir un profil « politique »

L'inimitié du républicain à l'égard de Jerome Powell est telle, qu'il a également assuré que, si lui-même est réélu à la Maison Blanche, il ne le renouvellerait pas à la tête de la Fed.

Le paradoxe est d'autant plus surprenant, que Donald Trump est à l'origine de la nomination de Jerome Powell en 2017, en lieu et place de Janet Yellen, actuelle Secrétaire du Trésor des États-Unis. Joe Biden avait ensuite renouvelé sa confiance à Powell, en lui offrant un second mandat.

Que prévoit la banque centrale américaine dans les prochains mois ? La Fed envisage de commencer à abaisser son principal taux directeur cette année, après l'avoir relevé à 11 reprises pour lutter contre l'inflation. Cela a pour effet de renchérir le coût du crédit pour les ménages et les entreprises, et donc de décourager la consommation et l'investissement, afin de freiner la flambée des prix. Mais si les taux restent élevés trop longtemps, l'économie risque aussi de plonger dans la récession. Raison pour laquelle la Fed reste, à ce stade, très prudente.

De son côté, Donald Trump estime - en toute modestie - que, si les marchés se portent bien, « c'est parce qu'ils pensent que je vais être élu ».

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Il s'en est également pris au syndicat de l'automobile UAW, qui a appelé à voter pour Joe Biden, qualifiant l'organisation de « cas désespéré ».

Trump méfiant vis-à-vis de l'IA

« Cette obligation de voiture électrique est insensée », a martelé le républicain, en référence aux aides financières mises en place par l'administration Biden pour soutenir la transition du secteur automobile.

« Nous avons ce qu'on appelle l'essence. (...) Et c'est ce que veulent la plupart des gens. (Les constructeurs) ont des dizaines de milliers de véhicules électriques à vendre que personne ne veut acheter », a-t-il encore déclaré.

Jouant sur les peurs de certains électeurs, l'ancien hôte de la Maison Blanche affirme que « la chose la plus dangereuse qui soit, car il n'y a pas de véritable solution », est « l'IA, comme ils l'appellent, c'est tellement effrayant ». « C'est un énorme problème en termes de sécurité », a-t-il insisté.

Samedi sous surveillance pour Biden

Joe Biden, quant à lui, passe un premier test électoral, ce samedi, en Caroline du Sud. Il y espère créer une dynamique pour contrer l'ascension fulgurante de Donald Trump, dans le camp républicain. L'actuel chef de l'Etat américain est quasiment assuré de remporter ce premier vote dans la course à l'investiture de son parti. Mais le taux de participation sera scruté de près : l'électorat afro-américain avait déjà permis à Joe Biden de sauver sa campagne lors des primaires dans cet Etat du sud-est des Etats-Unis avant de le propulser à la Maison Blanche. S'ils le boudent samedi, les démocrates auraient de quoi s'inquiéter.

Plusieurs sondages récents ont montré que le soutien de l'électorat noir envers Joe Biden s'effritait, en particulier chez les jeunes, qui estiment n'avoir pas été assez entendus lors de son mandat.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 03/02/2024 à 23:38
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Bien que Trump ne soit pas encore président, il influence déjà la politique aux États-Unis. Il domine les républicains et bloque avec eux la politique de Biden. Je crains que Biden ne perde face à Trump aux prochaines élections s’il ne meurt pas de v...

à écrit le 03/02/2024 à 19:44
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Pour les quidams et non-initiés, un ouvrage à lire absolument pour mieux saisir la trajectoire du capitalisme américain. Naomi Oreskes est professeure d'histoire des sciences à la prestigieuse université de Harvard. Elle a publié son ouvrage: "Le Gra...

à écrit le 03/02/2024 à 19:02
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Faut dire qu'ils sont quand même très forts ces américains.

à écrit le 03/02/2024 à 13:54
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Trump à la mémoire courte, car en novembre 2017, en choisissant de remplacer une "colombe" (Yellen) par un "faucon" (Powell) - en ce qui concerne leur attitude en matière de réglementation financière, bien davantage qu’au sujet de la conduite de la p...

le 03/02/2024 à 14:30
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Sauf que Trump s'en tient à l'effet d'annonce permanent pour créer le buzz et occuper l'espace médiatique , qu'importe le fond vérité ou mensonge seule la forme compte relayée avec complaisance ou connivence par certains médias ... et c'est ce qui ...

le 03/02/2024 à 17:43
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@Idx. Nous sommes d'accord.

à écrit le 03/02/2024 à 13:26
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Bien évidemment que la Fed est intimement politisée (comme la BCE) et ni Biden ni Trump ne rachète l'autre. En matière d'emploi US et pour masquer la récession, Biden ne recule devant rien ["L'économie américaine est la plus forte du monde", a même ...

à écrit le 03/02/2024 à 12:50
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Ca rappelle ce qui s'est passe en France en 2020-2021, lorsque la BCE a refuse d'augmenter ses taux d'intérêt, ce qui a dope l'économie française de manière totalement artificielle, et a favorise la réélection d'Emmanuel Macron en 2022

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