Pressée par Trump, la Chine change rapidement sa loi sur les investissements

Pour éviter une guerre commerciale avec les Etats-Unis, Pékin accélère la procédure législative sur les investissements étrangers en Chine pour se conformer aux exigences du président américain. Mais le flou de certaines parties du texte inquiète.
La rencontre entre les délégations des Etats-Unis et de la Chine, le 1er décembre 2018, en marge du G20, à Buenos Aires, pour négocier un accord commercial entre les deux pays.
La rencontre entre les délégations des Etats-Unis et de la Chine, le 1er décembre 2018, en marge du G20, à Buenos Aires, pour négocier un accord commercial entre les deux pays. (Crédits : Reuters)

La Chine, pressée de répondre aux exigences commerciales de Donald Trump, accélère la procédure pour voter une loi sur les investissements étrangers, mais des entreprises s'inquiètent de cette précipitation et de l'imprécision du texte. Parmi les nouveautés de cette future loi: les compagnies ne seront plus obligées de transférer leurs technologies à leurs partenaires chinois; et davantage d'équité devrait être assurée entre firmes locales et internationales -- une demande depuis longtemps réclamée par les sociétés occidentales.

Le parlement chinois, soumis au Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, devrait sauf surprise voter la loi lors de sa session plénière annuelle d'environ 10 jours qui débute le 5 mars. Soit à peine deux mois après l'étude de la version préliminaire. "La vitesse à laquelle ce projet de loi passe à l'Assemblée nationale populaire (ANP) est sans précédent", déclare à l'AFP Wang Jiangyu, spécialiste du droit chinois à l'Université nationale de Singapour. "Normalement, ça prend de un à trois ans pour qu'un projet de loi soit adopté et promulgué", explique-t-il.

Des entreprises étrangères s'inquiètent des formulations parfois vagues et générales du texte. Il autorise par exemple la Chine à saisir (contre indemnisation) des investissements étrangers "au nom de l'intérêt public" - mais sans élaborer. Un précédent projet de loi sur les investissements étrangers avait déjà été avancé par Pékin en 2015, mais il avait rapidement été mis de côté et la nouvelle version est réapparue fin 2018, note Wang Jiangyu.

En première lecture le 23 décembre

L'assemblée nationale chinoise a étudié le document en première lecture le 23 décembre. Et il est officiellement soumis aux commentaires du public jusqu'au 24 février. Mais une nouvelle "version mise à jour" est repassée cette semaine pendant deux jours devant le comité permanent du parlement, a indiqué l'agence de presse Chine nouvelle.

En clair, Pékin semble décidé à boucler ce dossier avant le 1er mars: les présidents chinois Xi Jinping et américain Donald Trump s'étaient donné jusqu'à cette date pour trouver un accord sur leurs différends commerciaux. Faute de quoi Washington augmentera les taxes douanières sur les marchandises importées de Chine.

"Notre impression, c'est que cette loi est un peu coincée entre la procédure législative normale et la table des négociations du conflit commercial", indique à l'AFP Mats Harborn, président de la Chambre de commerce de l'Union européenne (UE) à Pékin. "C'est un peu malheureux parce qu'il s'agit d'une mesure législative importante qui aura un effet (...) sur l'ensemble des entreprises étrangères." Les chambres de commerce de l'UE et des États-Unis en Chine ont déclaré qu'elles s'étaient empressées de soumettre les commentaires de leurs membres cette semaine. Le projet de loi répond certes à plusieurs des inquiétudes de Donald Trump. Exemple: il protège désormais les capitaux étrangers contre les "interférences" du gouvernement chinois.

Invocation de la sécurité nationale

Mais le texte est "de portée générale" et devrait contenir davantage de détails, estime la Chambre de commerce des Etats-Unis en Chine dans un rapport qu'elle a transmis aux autorités chinoises, et dont l'AFP a consulté un résumé. Un autre article inquiète également: il s'agit de celui traitant de l'examen mené par Pékin sur les investissements étrangers, pour savoir s'ils contreviennent à la sécurité nationale. La version 2015 accordait cinq pages au sujet, détaillait comment faire appel, et mentionnait des exemples de cas où la sécurité nationale pouvait être invoquée, souligne Jacob Parker, le vice-président du Conseil économique Etats-Unis-Chine qui défend les intérêts des compagnies américaines.

Mais l'édition 2019 du texte ne contient plus qu'une phrase, stipulant simplement qu'un examen sera réalisé et qu'aucun appel ne sera possible. Face à ces incertitudes, les chambres de commerce de l'UE et des Etats-Unis appellent désormais Pékin à créer une loi des entreprises unique, valable pour les sociétés nationales comme étrangères.

"Il est maintenant temps de veiller à ce que toutes les compagnies soient perçues comme apportant la même contribution positive à la Chine en matière de croissance, d'emploi, de fiscalité, de recherche et développement", martèle Mats Harborn, qui appelle à ne plus faire de "distinction".

par Poornima Weerasekara, à Pékin (AFP)

Commentaires 11
à écrit le 04/02/2019 à 11:36
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L’occident a peur de Huawei non pour des raisons de sécurité, tous les équipements de Huawei sont bien meilleurs que ceux des occidentaux, y compris sur le plan de la sécurité, mais parce que justement la Chine communiste ayant un pilote dans l’avion...

le 07/02/2019 à 15:11
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Svp snowden, prenez très vite le premier avion pour Pékin, Moscou, Ankara, La Havane, je pense que vous trouverez votre idéal dans l'une de ces capitales, car autant de crétineries étalées, font de vous la parfaite marionnette dont les écrits nous la...

à écrit le 04/02/2019 à 8:55
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Trump ou un des présidents des états unis les plus travailleurs de l'histoire de ce pays mais il y en avait sérieusement besoin, l'obscurantisme chinois grâce à l'aliénation des actionnaires milliardaires du monde du à leur seule vénalité s'est quand...

à écrit le 04/02/2019 à 8:20
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Si vous voulez mieux comprendre sur la façon dont la Chine utilise ses services secrets (FSS) afin de mettre la main sur la technologie occidentale et sur des entreprises stratégiques (aéroport de Toulouse), lisez l'excellente fiction "L'empreinte du...

à écrit le 04/02/2019 à 7:49
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Une simple idée : obliger la Chine à mettre le Yuan en monnaie internationale et là on verra le vrai visage de ce pays. Et avant qu'un crétin me dise qu'on peut échanger des devises étrangères en yuans, le taux de change passe obligatoirement par le...

à écrit le 03/02/2019 à 18:48
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il n'y a que des c... qui croient pouvoir imposer aux chinois leurs lois et exigences.

à écrit le 03/02/2019 à 18:34
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Flou & urgence ne font jamais bon ménage...

à écrit le 03/02/2019 à 17:15
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trump et un grand negossiateur ,a mis la core au pas;il peux negosier de bonne chose pour le commerce international; ,? cela vas effraye les autre blocs commerciaux la russie et l Europes mais seul il ne font pas le poid face a ces deux grand pays;...

à écrit le 03/02/2019 à 15:01
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Si l'Europe pouvait s'inspirer de cette célérité à s'adapter ...

à écrit le 03/02/2019 à 14:41
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Trump pour une fois a raison de demander à la Chine une certaine réciprocité commerciale. Le problème c'est que les usa demandent à la Chine d’arrêter de piller ses technologies a un moment où la Chine a rattrapé son retard dans quasiment tous les d...

à écrit le 03/02/2019 à 12:41
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Merci à Trump de finalement s'atteller au problème qu'est la chine. Ce n'est pas l'UE qui nous défendrait ainsi.

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