Quand Washington envisage une remontée des taux, la Chine abaisse les siens pour soutenir son économie

La Banque centrale chinoise a abaissé jeudi pour la seconde fois en deux mois l'un de ses taux d'intérêt de référence, une mesure destinée à soutenir l'économie dans un contexte d'essoufflement de la reprise. L'économie chinoise est en effet confrontée à une contraction de la demande et à des tensions sur les chaînes d'approvisionnement.
(Crédits : Thomas Peter)

Alors que de nombreux pays ont déjà commencé à remonter leurs taux ou envisagent de le faire pour lutter contre l'inflation, la Chine fait le chemin inverse. La Banque centrale chinoise a en effet abaissé pour la seconde fois en l'espace d'un mois l'un de ses taux d'intérêt de référence, une mesure destinée à soutenir l'économie dans un contexte d'essoufflement de la reprise. Objectif : réduire les taux d'emprunt pour favoriser notamment la demande et les investissements. L'économie chinoise est en effet confrontée à une contraction de la demande, et à des tensions sur les chaînes d'approvisionnement.

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Relancer l'immobilier

Le "loan prime rate" (LPR) à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, est passé de 3,80% à 3,70%. Une première depuis avril 2020, le LPR à cinq ans a lui aussi été réduit à 4,60%, contre 4,65% un mois plus tôt. C'est la première fois depuis avril 2020 qu'il est abaissé. Une manière de relancer le secteur immobilier, pilier de l'économie chinoise, fragilisé par la crise de confiance des acheteurs potentiels en raison des difficultés financières de plusieurs promoteurs, à commencer par le géant Evergrande, au bord de la faillite. Aoyuan, un autre promoteur bien moins important a lui aussi annoncé mercredi qu'il ne pourrait pas rembourser deux versements d'intérêts sur des obligations en dollars dus cette semaine.

"Le LPR à 5 ans est la référence pour les taux hypothécaires. Ces prêts seront désormais légèrement moins chers, ce qui devrait permettre de soutenir la demande en logements", estime l'analyste Sheana Yue, du cabinet Capital Economics, cité par l'AFP.

L'immobilier et la construction pèsent plus du quart du PIB de la Chine et servent de locomotive à bien d'autres secteurs, comme l'acier ou l'ameublement. Ils ont joué un rôle clé pour la reprise post-pandémie. Pour soutenir son économie, Pékin avait déjà abaissé en décembre le taux de réserve obligatoire des banques, c'est-à-dire la part des dépôts qu'elles sont tenues de garder dans leurs coffres.

Ralentissement de la croissance

La mesure de la banque centrale intervient trois jours après la publication des chiffres de la croissance en Chine, lesquels, s'ils ont dépassé les prévisions de Pékin sur l'ensemble de l'année avec une hausse de 8,1% contre plus de 6% indiqué initialement, ont montré un ralentissement au quatrième trimestre 2021 (+4%), après 4,9% au précédent. L'économie chinoise est confrontée à une contraction de la demande et des tensions sur les chaînes d'approvisionnement. Par ailleurs, s'il s'est largement remis du choc initial de la pandémie mais des foyers sporadiques de Covid-19 continuent à perturber l'activité. La politique du "zéro Covid", qui a permis d'endiguer rapidement l'épidémie en 2020, s'accompagne d'un coût social et économique élevé. Le secteur des services (loisirs, tourisme, hôtellerie-restauration, transports...) n'a toujours pas retrouvé son niveau pré-pandémie.

Les ventes de détail, principal indicateur de la consommation, ont ainsi signé en décembre leur plus mauvaise performance (+1,7%) depuis septembre 2020. De son côté, la production industrielle chinoise a rebondi en décembre (+4,3% sur un an) contre +3,8% le mois précédent, avec une progression de 9,6% sur un an.

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LA NATALITÉ AU PLUS BAS DEPUIS AU MOINS 1978

La natalité en Chine a chuté l'an passé à un niveau historiquement bas, depuis au moins 1978, selon des données officielles publiées cette semaine. Le pays asiatique est confronté à une crise démographique avec un vieillissement rapide de la population active, un ralentissement économique et la plus faible croissance démographique du pays depuis des décennies. Le taux de natalité du pays le plus peuplé du monde était de 7,52 naissances pour 1.000 personnes en 2021, d'après le Bureau national des statistiques (BNS). Il était de 8,52 pour mille en 2020. La Chine a assoupli sa politique de limitation des naissances ces dernières années. Elle a autorisé les couples à avoir deux enfants dès 2016, puis trois depuis l'an dernier. Mais ces décisions n'ont pas entraîné de boom des naissances. Les couples sont refroidis par la hausse du coût de la vie, du logement et surtout de l'éducation des enfants. En 2021, le pays a enregistré 10,62 millions de naissances, selon les données officielles. Le taux d'accroissement naturel de la population a plongé à 0,34 pour 1.000 personnes l'an passé, contre 1,45 en 2000.

Commentaires 2
à écrit le 20/01/2022 à 14:02
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Une augmentation des taux d'intérêts aux US devrait attirer les capitaux des quatre coins du Monde, donc aussi ceux des Chinois.D'autant que l'économie américaine ne se porte pas trop mal, à l'inverse de celle de la Chine qui traverse des turbulences...

à écrit le 20/01/2022 à 9:34
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Comme quoi même avec 300% d'endettement on peut toujours baisser les taux, l'économie est devenue sous le régime financier, ingérable. Japon, Corée du sud, Chine nous exposent des courbes démographiques catastrophiques, bon l'Allemagne aussi mais c'e...

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