C'est le moyen le plus efficace pour tempérer la poussée inflationniste : augmenter les taux d'intérêt pour augmenter les coûts d'emprunt et ralentir la demande. Et l'utilisation de cet outil se précise de plus en plus aux Etats-Unis qui a enregistré en 2021 une hausse des prix de 7%, un rythme jamais observé depuis 40 ans.
"Nous avons un outil qui agit sur la demande, qui est le taux directeur", a souligné jeudi Lael Brainard, la future vice-présidente de la banque centrale américaine (Fed), lors d'une audition devant la commission bancaire du Sénat, au cours de laquelle elle s'est dite "très préoccupée par le niveau élevé de l'inflation",
Mais l'équation est complexe, car frapper trop fort sur les taux pourrait peser sur l'emploi.
Diminution de l'inflation au deuxième semestre ?
Pour autant, Lael Brainard s'est dite convaincue que les mesures que prendra la Fed "réduiront l'inflation tout en continuant à permettre au marché du travail de retrouver sa pleine vigueur au fil du temps. Nous allons donc retrouver le plein emploi tout en ramenant l'inflation à 2%". L'objectif est en effet d'atteindre une inflation à 2,5% en fin d'année.
"Les pressions inflationnistes diminueront au second semestre de cette année", a souligné jeudi soir l'un des gouverneurs de la Fed, Christopher Waller, sur la chaîne Bloomberg TV.
ajouté, tablant toujours sur 2,5% environ d'ici la fin de l'année. Ce dernier s'est ainsi dit "favorable" à une première hausse des taux en mars, de 0,25 points, mais pas plus, car "nous n'avons pas préparé les marchés à quelque chose d'aussi dramatique. (...) Si l'inflation ne semble pas baisser, ce serait certainement dans la boîte à outils, mais il nous en faudrait beaucoup". Il anticipe ensuite trois hausses en 2022, mais, si l'inflation au second semestre "continue à être élevée, nous pourrons avoir quatre ou cinq hausses". En revanche, "si l'inflation retombe au second semestre, comme beaucoup d'entre nous l'anticipent, à mesure que certains problèmes de chaîne d'approvisionnement seront résolus, il pourra alors y avoir une pause".
Le 18 décembre, Christophe Waller indiquait que la banque centrale américaine (Fed) pourrait commencer à relever ses taux directeurs au printemps, après avoir au préalable ramené à zéro ses achats d'actifs, a priori en mars. Soit avec trois mois d'avance sur le calendrier initial. Pour rappel, ces achats d'actifs s'élevaient à 120 milliards de dollars par mois depuis le début de la crise et jusqu'en novembre. Ils ont permis de soutenir l'économie américaine, mais ont gonflé le bilan des réserves de la Fed. L'étape suivante sera donc, pour l'institution, de réduire son bilan, notamment en laissant ces bons du Trésor et MBS (produits financiers adossés à des prêts immobiliers) atteindre leur maturité sans les renouveler
Jeudi, la présidente de la Réserve fédérale de San Francisco, Mary Daly, a déclaré jeudi à Reuters que relever les taux d'intérêt en mars faisait sens du fait de l'inflation élevée qui se prolonge et d'un marché américain du travail sur la bonne voie. Indiquant ne pas vouloir "graver dans le marbre" le calendrier de la Fed avec une hausse des taux en mars, Mary Daly a ajouté que cette date lui semblait "plutôt raisonnable" alors que "le taux de chômage est de 3,9% et que le taux d'inflation est supérieur à notre objectif d'une inflation moyenne de 2%".
"Alléger ou retirer certaines des aides d'urgence que nous avons apportées à l'économie est la chose appropriée à faire", a-t-elle dit dans un entretien, ajoutant que cela contribuerait à prolonger le rétablissement de l'économie et, ainsi, à permettre à davantage de personnes de revenir sur le marché du travail. Ces derniers jours, plusieurs responsables de la banque centrale américaine ont déclaré qu'ils pourraient décider d'une hausse des taux lors de leur réunion prévue les 15 et 16 mars.
(avec AFP et Reuters)