« Réduire fortement l’inflation sans provoquer de sérieuse récession, ça serait un triomphe et on peut y arriver » (Fed)

Austan Goolsbee, responsable de la Réserve fédérale (Fed), président de l'antenne régionale de Chicago, a estimé jeudi que si la banque centrale américaine parvient à dompter l'inflation sans provoquer de récession, ce serait « un triomphe ». Des voix s'élèvent pour que la Réserve fédérale ne relève pas les taux lors de la prochaine réunion du Comité monétaire le 20 septembre.
La Fed pourrait décider de ne pas relever les taux lors de sa prochaine réunion mais « le comité monétaire gardera le seau d'eau à portée de main et ne doit pas hésiter à l'utiliser si nécessaire ».
La Fed pourrait décider de ne pas relever les taux lors de sa prochaine réunion mais « le comité monétaire gardera le seau d'eau à portée de main et ne doit pas hésiter à l'utiliser si nécessaire ». (Crédits : Jason Reed)

Les Etats-Unis vont-ils réussir leur pari ? Parvenir à vaincre l'inflation en la ramenant à 2% sans provoquer une grave récession ? Pour Austan Goolsbee, président de l'antenne régionale de la Fed de Chicago et membre votant du comité monétaire cette année, ce serait un « triomphe » et ce scénario est bien parti pour se réaliser dans la mesure où il est possible à ses yeux « que l'on soit sur une voie en or, mais ce n'est pas garanti ».

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« Ce serait quasiment sans précédent de parvenir à abaisser fortement l'inflation sans provoquer de sérieuse récession », a commenté le responsable  de la Fed de Chicago dans une interview à la radio publique NPR. « Ce serait un triomphe que la Fed et d'autres banques centrales aient pu réaliser cela », a-t-il encore indiqué. « Je pense en ce moment qu'on peut y arriver. En tout cas, c'est ce que l'on vise ».

Des taux relevés à 11 reprises depuis mars 2O22

Comme ses collègues, il a répété que la Fed restait toutefois « attentive aux données » économiques. La Réserve fédérale, à la manœuvre pour faire ralentir l'inflation, a relevé ses taux à 11 reprises depuis le mois de mars 2022, afin de renchérir le coût du crédit, et, ainsi, ralentir la consommation et l'investissement. Pour, in fine, desserrer la pression sur les prix. Ce « triomphe » est d'autant plus attendu que l'activité économique a connu une croissance « modeste » cet été aux Etats-Unis et que des signes de ralentissement apparaissent, selon une enquête publiée par la Fed mercredi.

« Les dépenses des consommateurs pour le tourisme ont été plus fortes que prévu, (...) mais les autres dépenses de détail ont continué de ralentir, notamment celles concernant les articles non essentiels » détaille la Réserve fédérale dans son « Beige Book », une enquête réalisée au cours de ces deux mois estivaux auprès de ses 12 régions.

Dans certaines régions, des éléments suggèrent « que les consommateurs pourraient avoir épuisé leurs économies et comptent davantage sur l'emprunt pour financer leurs dépenses ». Et la situation pourrait encore se détériorer: dès octobre, des millions de consommateurs américains devront recommencer à rembourser leur prêt étudiant, après plus de deux années de pause.

Sur le front de l'emploi, la pénurie de main d'oeuvre, qui avait poussé les employeurs à relever les salaires, alimentant l'inflation, ne semble se résorber que lentement. Les chiffres de l'emploi, qui ont été publiés la semaine dernière, ont cependant fait état d'un afflux de nouveaux travailleurs sur le marché du travail, faisant grimper le taux de chômage à 3,8%.

Quant à l'inflation, elle est repartie à la hausse en juillet, poussée par le prix des logements, à 3,2% sur un an, selon l'indice CPI - sur lequel sont indexés les retraites - et à 3,3% selon l'indice PCE - que privilégie la Fed, et qu'elle veut ramener à 2,0%.

Pour rappel, la croissance du PIB américain s'est maintenue à 2,1% en rythme annualisé au deuxième trimestre et, pour le 3e trimestre, le baromètre de prévision de la Fed d'Atlanta --GDPNow-- mise sur une expansion de 5,6% toujours en rythme annualisé.

« Approprié de sauter » un nouveau relèvement  des taux

Par conséquent, la Fed doit-elle une nouvelle fois augmenter les taux ? Aujourd'hui, ils se situent dans une fourchette de 5,25 à 5,50%. Pour la présidente de la Fed de Dallas, Lorie Logan, il serait « approprié de sauter » un nouveau relèvement  des taux lors de la prochaine réunion du Comité monétaire le 20 septembre. « Mais sauter ne veut pas dire arrêter » tout relèvement des taux, a-t-elle indiqué en début de semaine dans un discours à Dallas « Dans les mois à venir, l'évaluation des données et des perspectives pourrait confirmer que nous devons faire davantage pour éteindre l'inflation », a-t-elle ajouté. « Le comité monétaire gardera le seau d'eau à portée de main et ne doit pas hésiter à l'utiliser si nécessaire. »

« Nous devons attendre et voir si cette tendance à la baisse de l'inflation se poursuit », a aussi déclaré cette semaine Christopher Waller, l'un des gouverneurs de la Réserve fédérale, lors d'une interview sur la chaîne CNBC. Au vu des chiffres récents de l'inflation et de l'emploi, « agir n'indique que nous devons façon urgente de rien ». Néanmoins, lui aussi averti « être très prudent avant de dire que nous avons fait le travail ». L'inflation a fortement ralenti depuis juin 2022, mois durant lequel elle a atteint un sommet de plus de 40 ans. Elle s'est établie, en juillet, à 3,2% sur un an, selon l'indice CPI - sur lequel sont indexés les retraites - et à 3,3% selon l'indice PCE - que privilégie la Fed, et qu'elle veut ramener à 2,0%.

 Selon le responsable du bureau de New York de la Fed, la tournée de la méga star de la pop Taylor Swift a stimulé l'économie américaine

L'effet Taylor Swift, méga star de la pop dont la tournée aux Etats-Unis a battu des records, a stimulé l'économie américaine au cours des derniers mois. « Il y a clairement un effet Taylor Swift sur les dépenses des consommateurs parce que les gens ont dépensé pour le concert, l'hôtel, tout cela a été un important phénomène », a déclaré John Williams, responsable de l'antenne new-yorkaise de la banque centrale américaine, lors d'une interview sur la chaîne Bloomberg TV. Avec 146 dates dans des stades complets, Taylor Swift, en tournée depuis mars aux Etats-Unis et au Mexique, devrait atteindre le milliard de dollars de recettes. John Williams n'a pas précisé s'il était favorable à un maintien des taux ou à une nouvelle hausse, soulignant simplement que « la politique monétaire est dans une très bonne position, car elle adopte une politique restrictive qui produit les effets souhaités, à savoir un meilleur équilibre entre l'offre et la demande ». Le président de la Fed de New York a estimé que l'inflation « allait dans la bonne direction » mais il a indiqué que la Fed restait sur ses gardes, se posant la question: « est-on suffisamment restrictifs ? »

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 08/09/2023 à 11:10
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Ralentissement des achats "non essentiels". Les US, pays de la consommation effrénée vont direct à la faillite si la consommation des produits "non essentiels" chute, vu que c"est sur cette consommation que se fait la croissance des US. Coca-Cola et...

à écrit le 08/09/2023 à 11:09
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1613 milliards de déficit public fédéral en juillet 2023, contre 726 milliards en juillet 2022 (article Financial Times du 29 août signé Chris Giles)... les deux points de "croissance" coûtent sacrément cher. les ménages américains ont épuisé leu...

à écrit le 08/09/2023 à 10:08
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Finalement, on en est toujours à MV+M'V'=PQ; Si on connaissait la cause de l'inflation, on saurait y remédier, mais on en est toujours à sa recherche...

le 08/09/2023 à 11:58
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@Henry. "On en est toujours à sa recherche"? Oh que non! Tout d'abord, comprenez bien que si l'inflation peut avoir différentes causes, toutefois le désordre macroéconomique de base s’avère lorsque le système bancaire (composé de la banque centrale e...

à écrit le 08/09/2023 à 9:05
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La Fed relèvera ses taux! La lutte contre l'inflation galopante aux États-Unis est le paravent à un enjeu plus important: La défense coûte que coûte de l'hégémonie du US Dollar et du système des Pétrodollars. Outre l'Arabie saoudite, huit autres pays...

à écrit le 08/09/2023 à 7:58
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C'est marrant comme les propos des responsables américains sont toujours plus intéressants que ceux de nos guignols européens, on les écoute toujours avec de l'attention tandis que les Van Layen et autre Juncker eux ils nous parlent mais on ne les en...

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