
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), est resté sur sa ligne de conduite de ces derniers mois, lors de son discours vendredi à Jackson Hole où se réunissent, chaque année, les principaux banquiers centraux pour parler économie : ne surtout pas donner aux marchés d'indications claires quant aux prochaines décisions de politique monétaire de la Fed.
« Nous devons ramener l'inflation à 2% et c'est ce que nous ferons », a-t-il néanmoins rappelé, comme pour donner des gages aux faucons inquiets de la résilience de l'économie américaine malgré onze hausses de taux depuis mars 2022. Ce discours ressemble d'ailleurs à celui prononcé un an auparavant à Jackson Hole, même si l'inflation était alors bien supérieure à son niveau actuel. Bref, Jerome Powell est toujours face à cette équation délicate : éviter d'en faire trop, ou pas assez.
Décision en septembre
Le président reste donc « data dependant » et réserve donc sa décision lors de la prochaine réunion de politique monétaire de septembre « en fonction des données macroéconomiques ». Les dernières données, publiées jeudi, donnent des signaux mitigés sur l'économie américaine mais cette dernière reste globalement résistante. Le scénario d'atterrissage en douceur domine toujours et les contrats à terme sur les feds funds indiquent pour le moment une probabilité à 85% que la Fed laisse ses taux inchangés en septembre. Toutefois, le taux américain à deux ans a brièvement touché en séance un plus haut depuis 2006 à 5,1%.
Logiquement, les actions américaines ont réduit leurs gains après que Jerome Powell ait répété, sans réelle surprise, que la lutte contre l'inflation n'était pas terminée, sans parier sur une nouvelle hausse des taux... mais sans l'exclure tout autant. Ce sont surtout les valeurs technologiques qui ont été touchées après leur folle progression depuis le début de l'année.
Nervosité des marchés
Cette conférence de Jackson Hole, qui doit se poursuivre ce week-end, intervient dans un moment de grande nervosité des marchés après un été qui s'est finalement déroulé sans trop casse, sans crise financière ni brutales regains de tensions internationales. Les données économiques ont plutôt agréablement surpris et les résultats semestriels des entreprises ont été le plus souvent supérieurs aux attentes.
Reste toutefois une tension persistante sur les taux, qui se sont maintenus en haut de canal une grande partie du mois d'août - avant une détente cette semaine face à la mollesse de la croissance en Chine et en zone euro - le taux américain à 10 ans avait même atteint un plus haut depuis 2007 à 4,33% !
Cette envolée des rendements obligataires est bien l'une des préoccupations majeures du marché dans un contexte de croissance et d'inflation plus fortes que prévu, du moins aux Etats-Unis. La situation est différente en Europe où la détérioration des indicateurs économiques, aussi bien dans l'industrie que dans les services, semble s'accélérer. Ce qui pourrait inciter la Banque centrale européenne à faire une pause en septembre dans sa politique de remontée des taux. Cet océan de prudence, à la fois de la part des banquiers centraux et des investisseurs, a au moins une vertu : elle écarte le risque de krach à la rentrée, après les deux marchés baissiers de mars 2020 et de janvier à octobre 2022.
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