Etats-Unis : la Fed renoue avec la hausse des taux, au plus haut depuis 22 ans

La Réserve fédérale a relevé de 25 points de base ses taux directeurs, qui se situent entre 5,25% et 5,50%. Son président, Jerome Powell, s'est montré prudent quant aux décisions qui pourraient être prises lors des prochaines réunions, devant trouver un « équilibre entre les deux risques. Le risque d'en faire trop ou pas assez », entre inflation et récession. « Nous arrivons à un point où il y a vraiment des risques des deux côtés », a-t-il indiqué.
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale.
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. (Crédits : Reuters)

Sans surprise, la banque centrale des Etats-Unis a renoué mercredi avec les hausses de taux, après une pause en juin, mais a laissé toutes les options ouvertes pour la suite, car si l'inflation a bien ralenti elle reste toutefois bien supérieure à l'objectif des 2%.

Le principal taux directeur de la Fed, relevé d'un quart de point de pourcentage, se situe désormais dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, le niveau le plus élevé depuis janvier 2001. La décision a été prise à l'unanimité des 11 membres votants du comité de politique monétaire (FOMC). Conséquence, cette nouvelle hausse va faire encore grimper les taux d'intérêt des crédits contractés par les ménages et les entreprises.

11e hausse depuis mars 2022

Il s'agit de la 11e depuis mars 2022, et les responsables de la Fed n'ont cependant pas précisé, dans leur communiqué, s'ils pensent continuer ou non à relever les taux dans les mois à venir. « Le comité continuera à évaluer les informations supplémentaires et leur implication pour la politique monétaire », a laconiquement indiqué l'institution monétaire.

Lors de sa conférence de presse, le président de la Fed, Jerome Powell, s'est d'ailleurs bien gardé de s'avancer sur une hypothèse ou une autre: « Je dirais qu'il est possible que nous relevions à nouveau les taux lors de la réunion de septembre si les données le justifient. Et je dirais aussi qu'il est possible que nous choisissions de rester au même niveau lors de cette réunion ». « Nous allons procéder à des évaluations minutieuses, comme je l'ai dit, réunion par réunion », a-t-il ajouté, tout en précisant que la politique monétaire de la Fed est désormais considérée comme « restrictive et exerce une pression à la baisse sur l'activité économique et l'inflation ». Ainsi, la politique monétaire de la banque centrale porte ses fruits: l'inflation est tombée en juin à son plus bas niveau depuis mars 2021, à 3 % sur un an, selon l'indice CPI.

Mais Jerome Powell a martelé que cette hausse des prix reste « bien supérieure » à l'objectif de 2% de la Réserve fédérale, et qu'il reste « un long chemin à faire » avant d'y parvenir. D'autant plus que l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors prix de l'alimentation et de l'énergie, est toujours de 4,8% sur un an. Les prix des logements, notamment, continuent de grimper. « Nous pensons, et la plupart des économistes pensent, que l'inflation sous-jacente est un meilleur signal de la direction que prend l'inflation. (...) Nous voudrions donc que l'inflation sous-jacente diminue », a expliqué Jerome Powell. La Fed privilégie cependant une autre mesure, l'indice PCE, dont les données pour juin seront publiées vendredi.

Le scénario de la récession écarté pour le moment

Lors de la réunion de juin, la majorité des responsables de la Fed s'étaient montrée favorable à faire grimper les taux jusqu'à 5,50-5,75%, soit encore une hausse après celle de mercredi. Les taux étaient, jusqu'en mars 2022 et depuis le début de la pandémie, à zéro, pour stimuler l'activité économique par la consommation, mais la banque centrale américaine a ensuite progressivement renchéri le coût du crédit face à une inflation inédite depuis 40 ans.

Néanmoins, à trop resserrer, c'est la récession qui menace. Un scénario, cependant, que les économistes de la Fed n'anticipent désormais plus, car l'économie se montre très résiliente, a précisé Jerome Powell. Le patron de la Réserve fédérale a toutefois fait état d'un « équilibre entre les deux risques. Le risque d'en faire trop ou pas assez », entre inflation et récession, et « nous arrivons à un point où il y a vraiment des risques des deux côtés ».

La croissance du PIB (produit intérieur brut) américain au deuxième trimestre sera publiée jeudi matin, au lendemain de la réunion de la Fed. Une croissance de 2% en rythme annualisé est attendue, comme au premier trimestre. Les prochains chiffres de l'inflation, mais aussi de l'emploi ou encore de la croissance, seront décisifs. Le Fonds monétaire international (FMI), qui a publié mardi ses prévisions actualisées, anticipe une croissance de 1,8% cette année aux Etats-Unis.

La Banque centrale européenne (BCE), qui se réunira jeudi, un jour après la Fed, semble elle aussi déterminée à continuer à relever ses taux.

Lire aussiBCE : « Personne ne peut dire où se situera l'inflation dans trois mois » (Christopher Dembik, Saxo Bank)

Commentaires 5
à écrit le 27/07/2023 à 9:30
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🤔"Entre inflation et récession"🤔. Il manque une précision!!! Compte tenu que nous sommes (le monde) "à nouveau" (en fait depuis un temps certain [...]) confronté à une "exubérance irrationnelle" des marchés financiers (Thaler/Shiller/Akerlof/Keynes) ...

à écrit le 27/07/2023 à 9:10
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😉Alors que je fus un whistleblower de la crise du subprime US - dont la crise financière révéla les nombreux errements, je vous retranscris un de mes nombreux souvenirs, notamment celui-ci, bien à propos avec Alan Greenspan (monétariste) alors présid...

à écrit le 27/07/2023 à 8:19
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Minables dirigeants politiques, si faibles si corrompus, qui n'ont plus qu'un ridicule levier pour agir sur l'économie à savoir la monnaie. Cette ridicule société est vraiment à l'image de nos oligarchies et elle s'écroule Nietzsche avait prévenu mai...

le 27/07/2023 à 10:48
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Vous critiquez mais vous n'apporter aucune solution.

le 27/07/2023 à 12:21
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C'est faux j'apporte fréquemment de nombreuses idées et bien plus plus que vous ne le méritez.

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