Etats-Unis : malgré le ralentissement de l'inflation, la Fed pourrait procéder à de nouvelles hausses de taux

L'une des gouverneurs de l'institution, Michelle Bowman, a dit s'attendre « à ce que des augmentations de taux supplémentaires soient probablement nécessaires pour ramener l'inflation à l'objectif de 2% » fixé par l'institut monétaire. Et ce, malgré le ralentissement de la hausse des prix qui atteignait seulement 3% en juin dernier sur un an.
La Fed a déjà relevé ses taux onze fois depuis mars 2022.
La Fed a déjà relevé ses taux onze fois depuis mars 2022. (Crédits : Reuters)

Les Etats-Unis n'en ont pas encore fini avec le resserrement monétaire opéré par la Réserve fédérale américaine (Fed) pour lutter contre l'inflation. Si cette dernière est retombée à 3% sur un an en juin, tant pour l'indice PCE, privilégié par la Fed, que pour le CPI, qui fait référence, elle reste au-dessus de l'objectif fixé par l'institut monétaire à 2%. En conséquence, des hausses de taux s'avéreraient certainement nécessaires pour faire encore baisser la hausse des prix, a estimé samedi Michelle Bowman, l'une des gouverneurs de l'institution.

Lire aussiDette: Fitch dégrade la note souveraine des Etats-Unis qui passe du précieux AAA à AA+

« Je m'attends (...) à ce que des augmentations de taux supplémentaires soient probablement nécessaires pour ramener l'inflation à l'objectif de 2% », a-t-elle déclaré lors d'un discours à Colorado Springs (Colorado), se réjouissant du fait que « la récente baisse de l'inflation était positive ». Pour rappel, la Fed a déjà relevé ses taux onze fois depuis mars 2022. Le dernier relèvement date du 27 juillet, de 25 points de base, portant le principal taux directeur dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, le niveau le plus élevé depuis janvier 2001. À l'issue de cette annonce, le président de la Fed, Jerome Powell, a précisé, lors d'une conférence de presse, qu'il était possible « que nous relevions à nouveau les taux lors de la réunion de septembre si les données le justifient. Et je dirais aussi qu'il est possible que nous choisissions de rester au même niveau lors de cette réunion ». « Nous allons procéder à des évaluations minutieuses, comme je l'ai dit, réunion par réunion », a-t-il ajouté.

Le risque de récession pour l'instant écarté

De même, « nous devrions rester disposés à relever le taux des fonds fédéraux lors d'une prochaine réunion si les données indiquent que les progrès en matière d'inflation sont au point mort », a abondé Michelle Bowman, samedi. Elle a précisé qu'elle surveillerait aussi « les signes de ralentissement des dépenses de consommation et les signes d'assouplissement des conditions du marché du travail », qui montreront si l'activité économique ralentit, condition nécessaire à ce que la pression sur les prix soit desserrée durablement.

À ce sujet, Jerome Powell a, lui, indiqué que la politique monétaire de la Fed est désormais considérée comme « restrictive et exerce une pression à la baisse sur l'activité économique et l'inflation ». Pour autant, le scénario d'une récession est écarté pour le moment par les économistes de la Fed du fait de la résilience de l'économie américaine, a remarqué Jerome Powell. Le patron de la Réserve fédérale a toutefois fait état d'un « équilibre entre les deux risques. Le risque d'en faire trop ou pas assez », entre inflation et récession, et « nous arrivons à un point où il y a vraiment des risques des deux côtés ».

Lire aussiUne légère récession, est-ce si grave ?

Un risque mesuré par Austan Goolsbee, président de l'antenne de Chicago, qui a, de son côté, évoqué l'hypothèse d'une nouvelle pause dans le relèvement des taux par la Fed. Cet autre responsable de l'institution a estimé que si les données économiques qui seront publiées d'ici la réunion des 19 et 20 septembre montrent que l'inflation continue de ralentir et que l'activité économique et l'emploi restent solides, « je pense que tout le monde sera à l'aise pour rester là où nous sommes », avait-il dit.

Le chômage ralentit mais les salaires continuent de grimper

De son côté, le taux de chômage a reculé en juillet, tombant à 3,5% contre 3,6% le mois précédent, a annoncé vendredi dernier le département du Travail. Il reste ainsi dans la fourchette historiquement basse de 3,4 à 3,7% dans laquelle il évolue depuis un an et demi. Mais les créations d'emplois ont, elles, été moins nombreuses qu'attendu, à 187.000 quand les analystes tablaient sur 200.000, selon le consensus de Market Watch. Celles de mai et juin ont été révisées à la baisse, avec au total 49.000 emplois de moins qu'initialement annoncé.

Bien que Joe Biden se soit félicité de ces chiffres, il n'en demeure pas moins que le marché du travail américain, qui fait face depuis deux ans à une importante pénurie de main d'œuvre, reste tendu. « Le marché du travail, qui était brûlant, a perdu quelques degrés, et est désormais chaud », a ainsi commenté Robert Frick, économiste pour Navy Federal Credit Union. Et « il pourrait rester ainsi pendant des mois étant donné le manque d'emplois dans les secteurs clés qui continuent de générer des postes supplémentaires, dont les services de santé et le gouvernement », a-t-il estimé.

En parallèle, les salaires continuent de grimper. En effet, le manque de main-d'oeuvre pousse les employeurs à les augmenter. Le rythme de croissance a certes déjà bien ralenti, mais pas assez encore pour que cela cesse d'alimenter l'inflation. Ainsi, en juillet, la hausse des salaires n'a montré aucun signe de ralentissement par rapport à juin, et reste de 4,4% sur un an, a indiqué le département du Travail, vendredi. Un seuil bien supérieur à l'objectif des 2% de la Fed.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/08/2023 à 13:01
Signaler
Je crois que à ce niveau des taux la politique monetaire a déjà joué son role. C'est à la politique budgetaire des gouvernements de jouer le jeu maintenant et de baisser les déficits. Le soutien aux revenus (France) et aux investissements (aux USA) s...

le 06/08/2023 à 17:58
Signaler
Rien que la charge de la dette US pèse 1 trillion de $ en base annualisée (1 000 000 000 000 000 000 $). Et ce n'est pas prêt de s'améliorer avec le resserrement monétaire à marche forcée.

à écrit le 06/08/2023 à 10:38
Signaler
Comme quoi quand ils veulent forcer les riches ils peuvent c'est l'avantage de cette hyper interdépendance entre privé et public chacun tient l'autre.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.