Royaume-Uni : la grève des internes met le système de santé sous pression

Des milliers de jeunes médecins britanniques entament ce mardi une grève de quatre jours pour réclamer de meilleurs salaires. Un débrayage qui met sous pression un service de santé déjà à bout. Le Royaume-Uni connaît depuis plusieurs mois des grèves de ses agents en raison d'une forte crise du coût de la vie. Si le gouvernement a réussi à trouver des accords avec certaines professions, comme les infirmières ou les cheminots, d'autres maintiennent la pression et poursuivent les débrayages.
Les « junior doctors » représentent environ la moitié des médecins hospitaliers au Royaume-Uni, allant de jeunes médecins sortant juste de l'université à des praticiens avec plus de huit ans d'expérience.
Les « junior doctors » représentent environ la moitié des médecins hospitaliers au Royaume-Uni, allant de jeunes médecins sortant juste de l'université à des praticiens avec plus de huit ans d'expérience. (Crédits : Reuters)

Les internes britanniques entament une nouvelle grève ce mardi 11 avril pour quatre jours, jusqu'à samedi matin.

« Il s'agit de la mobilisation la plus perturbatrice de l'histoire du NHS (le service public de santé) et les grèves entraîneront d'immenses pressions », a indiqué Stephen Powis, le directeur médical du NHS Angleterre.

Il faut dire que les « junior doctors », comme ils sont appelés au Royaume-Uni, représentent environ la moitié des médecins hospitaliers, allant de jeunes médecins sortant juste de l'université à des praticiens avec plus de huit ans d'expérience.

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Ils réclament une augmentation de salaire, dans un pays en proie à une forte crise du coût de la vie, avec une inflation qui a rebondi à 10,4% sur un an en février. Les hausses de prix sont tirées par l'envolée des factures énergétiques, mais aussi de l'alimentation, dans la foulée de la guerre en Ukraine, sans compter une pénurie de travailleurs post-pandémie et Brexit. Les projections officielles de l'OBR, organisme de prévision budgétaire public, prévoient que l'inflation au Royaume-Uni repassera sous 10% au premier trimestre et sous 7% au deuxième.

De son côté, le syndicat BMA, qui les représente, affirme que ces médecins ont perdu 26% de rémunération, en termes réels, depuis 2008, quand une cure d'austérité a été imposée aux services de santé. Il demande une augmentation de 35% des salaires, ce que le ministre de la Santé, Steve Barclay, a qualifié d' « irréaliste ».

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Risques avérés pour les patients

Pendant ces quatre jours de grève, « les soins urgents et critiques seront prioritaires, mais certains patients verront malheureusement leur rendez-vous être reporté », a indiqué Stephen Powis. Jusqu'à 350.000 rendez-vous pourraient ainsi être reportés, selon le NHS Confederation. Les jeunes médecins avaient déjà fait grève pendant trois jours le mois dernier, affectant 175.000 rendez-vous.

Surtout, cette grève intervient après le long week-end de Pâques où de nombreux employés étaient déjà en vacances.

« Ces grèves vont avoir un impact catastrophique sur la capacité du NHS » à être pleinement opérationnel, a regretté Matthew Taylor, directeur du NHS Confederation, sur Sky News ce lundi. « Il ne sert à rien de cacher qu'il y aura des risques pour les patients ».

Le directeur a ainsi appelé les Britanniques à être vigilants. « Essayez d'éviter les comportements à risque, car le NHS ne sera pas en mesure de fournir le niveau de soins souhaité », a-t-il prévenu.

Le NHS traverse une profonde crise, affaibli par les politiques d'austérité et les conséquences de la pandémie. Outre chez les médecins, les débrayages se sont multipliés depuis le début de l'année aussi chez les infirmières ou les ambulanciers. Des mouvements qui ont été suspendus après des offres améliorées du gouvernement sur les salaires, mais qui ne concernent pas les médecins hospitaliers.

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Le Royaume-Uni en crise générale

La santé n'est pas le seul secteur touché par des grèves sur fond d'augmentation de salaire. Si certains mouvements ont été interrompus, comme celui des salariés du rail, après accord trouvé avec le gouvernement, d'autres maintiennent la pression.

Les agents du service chargé de délivrer les passeports au Royaume-Uni ont, par exemple, entamé la semaine dernière une grève de cinq semaines pour demander des augmentations de salaires face à l'inflation. Les enseignants ont, quant à eux, annoncé de nouvelles journées de mobilisation, les 27 avril et 2 mai, rejetant ainsi l'offre du gouvernement qui leur proposait une prime exceptionnelle de 1.000 livres (1.135 euros) pour l'année 2022/2023 et une augmentation des salaires de 4,5% pour 2023/2024.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 12/04/2023 à 2:46
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Il y a de l'argent pour l'Ukraine, pourquoi n'y en a t-il pas pour le NHS ?

à écrit le 11/04/2023 à 20:15
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" Un débrayage qui met sous pression un service de santé déjà à bout." Comme nous, donc

le 11/04/2023 à 23:16
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Rien à voir allez donc en Gb pas de service minimum la bas : aucun train rer / bus pendant 8 jours … taux de grévistes sncf en France 15% en Gb 85%…nous à côté c est de la rigolade …

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