Royaume-Uni : l'inflation alimentaire et la précarité grimpent en flèche

Les prix alimentaires ont flambé de 17% sur les quatre dernières semaines outre-Manche, aggravant un peu plus la violente crise sociale provoquée par l'inflation. De nombreux ménages renoncent par exemple à des repas et au chauffage, tandis que s'ouvrent des « banques de chaleur ».
Les consommateurs britanniques jugent que les distributeurs protègent plus leurs marges que le budget des ménages.
Les consommateurs britanniques jugent que les distributeurs protègent plus leurs marges que le budget des ménages. (Crédits : HENRY NICHOLLS)

Pas de répit au Royaume-Uni sur le front du coût de la vie. Les prix de l'alimentation et des produits du quotidien achetés dans les supermarchés ont caracolé à des niveaux record, augmentant de +17% d'après le panéliste Kantar sur les quatre dernières semaines au Royaume-Uni, bien au-dessus de l'inflation générale à 10,1% en janvier sur un an.

Cette flambée continue du coût de la vie depuis plus d'un an « a un gros impact sur la vie des gens », alerte Kantar. Son étude estime qu'un quart des Britanniques traversent des difficultés financières, contre un cinquième un an auparavant.

Les supermarchés face au mécontentement des consommateurs

Du côté des supermarchés, Kantar pointe le succès des marques de distributeurs, mises en avant comme en France par les enseignes qui développent leurs propres gammes pour mieux maîtriser leurs coûts. « Les acheteurs les privilégient » au détriment des grandes marques, insiste Kantar.

« Ces chiffres sont très inquiétants », a réagi l'association de consommateurs Which? dans un communiqué. Which? observe en conséquence que « la confiance dans les supermarchés baisse, beaucoup de gens estimant qu'ils mettent la priorité sur les profits plutôt que sur leurs clients en difficultés pendant cette crise ». Symbole de l'envolée des prix, certains produits de qualité sont désormais équipés d'antivols dans les grandes surfaces.

Crise sociale très violente

Dans ce contexte, la crise sociale ne peut que s'aggraver. En fin d'année dernière, Which? pointait déjà que de nombreux ménages sautaient déjà des repas, réduisaient leurs achats alimentaires pour tenir jusqu'à la fin du mois. L'alimentation n'est en effet pas le seul poste de dépenses qui explose.

La hausse des prix frappe aussi les factures de gaz, d'électricité et d'essence. En parallèle, la précarité énergétique galope. Des statistiques du ministère de l'Energie publiées mardi montrent que 13,4% des ménages britanniques, soit 3,26 millions, étaient dans une situation de précarité énergétique en 2022, plus qu'un an auparavant (13,1%)... mais moins que les 14,4% de ménages attendus cette année en précarité énergétique selon le ministère. Alors que le chauffage est devenu un luxe que ne peuvent s'autoriser de nombreux Britanniques, des « banques de chaleur » et autres lieux publics chauffés et ouverts à tous essaiment à travers le pays.

L'inflation est « loin d'être finie »

Les prix de l'énergie devraient encore repartir à la hausse en avril en raison d'une diminution des aides gouvernementales, malgré une diminution décidée par le régulateur du maximum qui peut être facturé aux ménages.

Le problème de l'inflation demeure entier, alimenté par une pénurie de travailleurs, des grèves à répétition pour demander de meilleures rémunérations, des problèmes d'approvisionnement dans la foulée du Brexit et de la pandémie.

Le ministre des Finances de sa Majesté Jeremy Hunt considère que la lutte contre l'inflation, qui « étrangle la croissance et frappe les familles et les entreprises », est « loin d'être finie ». Il promet néanmoins la poursuite du plan du gouvernement pour la diviser en deux cette année.

(avec AFP)

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