Saisie d’un drone américain par Pékin : 3 choses à savoir sur le conflit en mer de Chine

Le symbole : Pékin a confisqué jeudi dernier un drone sous-marin américain en mer de Chine. L'occasion de réaffirmer ses ambitions pour cette zone disputée depuis les années 50.
Anaïs Cherif
(Crédits : Reuters/US NAVY)

Pékin ne démord pas. Ses droits revendiqués sur la mer de Chine ont été refusés cet été par la Cour permanente d'arbitrage. Pourtant, des photos satellites dévoilées mercredi dernier démontreraient la présence d'armements chinois sur des îles disputées. Pékin a également saisi jeudi un drone sous-marin, appartenant à un navire américain en patrouille dans la zone.

■ Confiscation du drone : que s'est-il passé ?

La marine chinoise a confisqué jeudi un drone océanographique appartenant au navire américain USNS Bowditch. L'incident a été rendu public samedi. Selon le Pentagone, cité par Reuters, l'engin effectuait une "étude militaire" en collectant des données sur la température, la salinité ou encore la clarté des eaux. "C'est un vaisseau souverain, et il est clairement spécifié en anglais qu'il ne doit pas être retiré de l'eau et appartient aux Etats-Unis", a-t-il précisé. Le drone se trouvait dans la zone économique exclusive des Philippines. Donald Trump a tweeté dimanche : "Laissons-les le garder". Un accord a pourtant été trouvé entre la Chine et les Etats-Unis pour la restitution de leur engin.

La marine chinoise aurait saisi le drone pour "empêcher qu'il mette en danger la navigation et l'équipage", selon le Ministère de la défense chinois, rapporte le Financial Times. "Le fait de minimiser les opérations du drone ne peut masquer les intentions réelles à l'arrière-plan", a écrit le Quotidien du peuple, organe du comité central du Parti communiste chinois. "Ce drone, qui évoluait à la surface de la mer de Chine méridionale, est la pointe de l'iceberg de la stratégie américaine, notamment contre la Chine." Cette confiscation est aussi une occasion de plus pour Pékin d'affirmer son ambition : contrôler la mer de Chine méridionale, une zone disputée par plusieurs pays riverains de la région.

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■ Pourquoi la mer de Chine est-elle disputée ?

Avec une surface de 3,5 millions de kilomètres carrés, la mer de Chine est disputée depuis les années 50 par les pays voisins - dont la Chine et les Philippines. L'intérêt : mettre la main sur un sous-sol potentiellement riche en ressources énergétiques et minérales, et des eaux favorables à la pêche. Environ 5.300 milliards de dollars de marchandises transitent tous les ans par cette zone - soit 30% du commerce maritime mondial, d'après un rapport de 2015 de Département de la défense américain, cité par le New York Times.

L'affaire a été portée devant la Cour permanente d'arbitrage par les Philippines en 2013. En juillet dernier, la Cour a tranché : "La Chine n'a pas de base légale pour revendiquer des droits historiques sur les zones de la mer comprises à l'intérieur des 'neuf traits'", en faisant allusion à une carte de 1947 tracée unilatéralement par le gouvernement de la République de Chine. Un jugement "nul et non avenu" pour Pékin, qui continue de revendiquer des droits sur cette zone.

■ Quelles sont les actions de Pékin dans cette zone ?

En espérant faire reconnaître sa souveraineté sur la mer de Chine, Pékin multiplie les constructions navales et aériennes sur des îles avec son programme "Grande Muraille de sable". Entre 2014 et 2015, elle aurait ainsi pris le contrôle de 2.000 hectares de terre en pleine mer. La Chine déploie également des patrouilleurs pour refouler les bateaux de pêche philippins.

Mercredi dernier, Asia Maritime Transparency a dévoilé des photos satellites. D'après le think tank américain, elles montrent la présence de systèmes d'armements sur l'archipel des Spratleys. Ces nouvelles structures construites sont "principalement à usage civil", a commenté le ministère chinois de la Défense. "Pour ce qui est des installations militaires, elles sont essentiellement à visées défensives, légitimes et légales. Si quelqu'un procédait à une démonstration de force sur le pas de votre porte, n'iriez-vous pas préparer votre fronde?" Les Etats-Unis s'est érigé gendarme de la zone, en envoyant des navires en patrouilles pour exercer son droit de libre navigation. "Nous ne permettrons pas qu'un domaine partagé soit fermé unilatéralement, peu importe le nombre de bases construites sur des traits artificiels en mer de Chine méridionale", a déclaré jeudi à Reuters Harry Harris, chef de l'U.S Pacific Command. "Nous coopérerons quand nous le pourrons, mais nous serons prêts à affronter quand nous le devrons."

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Anaïs Cherif
Commentaires 2
à écrit le 19/12/2016 à 22:22
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Et là, OBAMA, il fait quoi ? Il accuse encore POUTINE et la Russie, ce "petit pays" ? Ou il attend que TRUMP règle le problème à sa place ?

le 20/12/2016 à 7:18
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Ces commentaires de l'Ambassade de Russie commencent à être insupportables

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