Selon la Banque d'Angleterre, le Brexit plombe la productivité du Royaume-Uni et aggrave l'inflation

Alors que le ministre des Finances, Jeremy Hunt, doit présenter ce jeudi un nouveau budget synonyme d'une vaste cure d'austérité, les membres de la Banque d'Angleterre ont estimé que la sortie du pays de l'Union européenne était responsable d'une baisse de 3% de la productivité britannique et qu'elle avait « contribué à une augmentation des prix et à une réduction des revenus ».
L'inflation au Royaume-Uni a dépassé les 11% en octobre sur un an.
L'inflation au Royaume-Uni a dépassé les 11% en octobre sur un an. (Crédits : Dylan Martinez)

Deux ans après son retrait de l'Union européenne, le Royaume-Uni constate les conséquences. Le Brexit, voté six ans plus tôt par les Britanniques, continue d'avoir un effet négatif sur le commerce extérieur du pays, selon les membres de la Banque d'Angleterre (BoE). D'après l'un d'entre eux, Andrew Bailey, qui s'exprimait, mercredi, devant la commission du Trésor du parlement britannique, « il y a un effet de long terme sur la productivité, je crois de l'ordre de 3% », citant des estimations publiées « peu de temps » après le référendum et qui n'ont selon lui pas changé. « Nous observons un ralentissement des échanges commerciaux au Royaume-Uni bien plus rapide que dans le reste du monde », a également rappelé Swati Dhingra, membre du Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE.

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Comme tous les autres pays européens, le Royaume-Uni a subi les conséquences de la pandémie de Covid-19 auxquelles se sont ajoutées celles de la guerre en Ukraine avec une inflation record depuis 1981 : en octobre elle atteignait 11,1% sur un an, principalement causée par la flambée des prix de l'énergie. Les prix du gaz ont gonflé de près de +130% sur un an, quand l'électricité a grimpé de +66%. Swati Dhingra, spécialiste des échanges internationaux, estime ainsi que le référendum du Brexit a « contribué à une augmentation des prix et à une réduction des revenus », avec des salaires réels selon elle « 2,6% plus bas qu'ils ne l'auraient été en suivant la tendance » avant le vote.

Des taux à 3%

Pour tenter de baisser l'inflation, la BoE n'a donc d'autres choix que de relever ses taux directeurs pour freiner la consommation, ce qu'elle a fait à plusieurs reprises depuis fin 2021. Ils atteignent désormais 3%, un sommet depuis 2008. L'institution a toutefois signalé lors de sa dernière réunion qu'elle pourrait ralentir ces hausses pour éviter d'aggraver la récession qu'elle estime déjà commencée au Royaume-Uni. Il faut deux trimestres consécutifs de recul de l'activité pour être officiellement en récession. Or, le PIB britannique s'est contracté de 0,2% au troisième trimestre. Si la BoE répondait aux attentes du marché qui espérait au moment de sa dernière réunion des hausses de taux encore nombreuses, la récession durerait huit trimestres, a-t-elle prévenu. Sur cette période, « le PIB baisserait de 3%, et d'un peu moins de 2% à taux constant », a commenté Andrew Bailey.

Une sévère cure d'austérité

C'est désormais le nouveau gouvernement de Rishi Sunak, arrivé au pouvoir il y a un mois, qui doit composer avec les effets délétères du Brexit. « Si nous n'avions pas eu le Brexit, nous n'aurions probablement pas besoin de parler d'un budget d'austérité cette semaine », a critiqué Michael Saunders, ancien membre de la BoE, qui a accusé dans une interview à Bloomberg TV la sortie de l'Union européenne d'avoir « fait des dommages permanents à l'économie britannique ».

Le gouvernement doit, en effet, présenter, ce jeudi, un budget en totale opposition avec celui présenté par sa prédécesseure. Fin septembre, l'ancienne Première ministre, Liz Truss, avait dévoilé un programme massif d'aides, prévoyant notamment un plafonnement du prix de l'énergie sur deux ans pour les ménages, assorti d'exonérations massives d'impôts. Mais l'absence de chiffrage budgétaire précis pour financer ces mesures a fait réagir négativement les marchés et fait non seulement bondir les taux de la dette britannique mais aussi chuter la livre.

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Depuis, Rishi Sunak, ancien ministre des Finances de Boris Johnson, a opté pour un programme de rigueur budgétaire pour rétablir la confiance des marchés. Malgré les hausses d'impôts et les dizaines de milliards de livres de coupes budgétaires jugées nécessaires, sa priorité sera de « réduire la dette, assurer la stabilité et faire baisser l'inflation tout en protégeant les plus vulnérables », a néanmoins assuré le ministre des Finances Jeremy Hunt. « Nous allons demander à tout le monde de contribuer davantage. Mais nous demanderons aux personnes qui possèdent plus de contribuer plus », a-t-il prévenu en amont de ce qui s'annonce comme une sévère cure d'austérité et qui s'élève, selon plusieurs médias britanniques, à autour de 55 milliards de livres.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 18/11/2022 à 1:46
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Il est vrai qu'en France on a tellement de chances...

à écrit le 17/11/2022 à 10:09
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Qu'on le veuille ou non, on est toujours plus fort à plusieurs...A moins d'être vraiment très fort, ce que n'est plus depuis longtemps le RU, feue première puissance mondiale au XIX ème siècle.

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