Les États-Unis et la Chine s'écharpent toujours au sujet de Taïwan

De hauts responsables militaires chinois ont affirmé à leurs homologues américains que la Chine ne fera « jamais le moindre compromis » sur Taïwan. Plus globalement, ils ont exhorté les États-Unis à « réduire leur présence militaire et leurs actions provocatrices » en mer de Chine méridionale. Malgré ces sujets qui génèrent des tensions de longue date entre les deux puissances, ces dernières affichent leur volonté de maintenir des relations « saines et stables ».
Taïwan, que la Chine entend reprendre si nécessaire par la force, est au cœur des tensions sino-américaines, les États-Unis étant le principal fournisseur d'armes des autorités taïwanaises.
Taïwan, que la Chine entend reprendre si nécessaire par la force, est au cœur des tensions sino-américaines, les États-Unis étant le principal fournisseur d'armes des autorités taïwanaises. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mercredi 10 janvier à 10h01, mis à jour à 10h48] Les tensions entre les États-Unis et la Chine concernant Taïwan ont été de nouveau ravivées cette semaine. Et pour cause, Pékin entend reprendre l'île, si nécessaire par la force, estimant que c'est l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. De leur côté, les États-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement chinois légitime, tout en étant également le principal soutien militaire des autorités de Taïwan (officiellement « la République de Chine »).

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Un double discours qui irrite Pékin, qui l'a de nouveau fait savoir en ce début de semaine. Des responsables militaires chinois et américains se sont réunis ce lundi et mardi au ministère américain de la Défense à Washington pour évoquer ensemble des sujets militaires. Ces discussions ont été menées par Michael Chase, haut responsable du ministère américain de la Défense, et le général chinois Song Yanchao, a fait savoir le Pentagone.

Des entretiens bilatéraux au cours desquels la délégation militaire chinoise a de nouveau affirmé que, « sur la question de Taïwan, la Chine ne fera jamais le moindre compromis ou concession », selon un communiqué du ministère chinois de la Défense. « Elle exige des États-Unis qu'ils respectent le principe d'une seule Chine, qu'ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d'armer Taïwan et en s'opposant à toute indépendance de Taïwan », est-il écrit.

Des remous aussi en mer de Chine

Les discussions ont plus globalement porté sur la situation en mer de Chine méridionale, où Pékin revendique une grande partie des îles. Mais d'autres pays riverains (Philippines, Vietnam, Malaisie, Brunei) ont des prétentions concurrentes et chacun contrôle plusieurs îlots ou récifs. Si bien que les différends maritimes entre la Chine et les Philippines s'accumulent.

Ainsi, en décembre, des navires chinois ont tiré au canon à eau sur des bateaux philippins lors de deux missions distinctes de ravitaillement vers des récifs disputés, d'après des vidéos diffusées par les garde-côtes philippins. Et une collision entre un navire philippin et un bateau des garde-côtes chinois s'est produite, les deux pays se rejetant mutuellement la responsabilité de l'accident. Nouveau rebondissement la semaine dernière : des navires de guerre chinois y ont effectué jeudi des exercices, au moment où les Philippines s'entraînaient avec l'armée américaine.

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La délégation chinoise a donc exhorté les États-Unis lors des discussions de ce début de semaine « à réduire leur présence militaire et leurs actions provocatrices » en mer de Chine méridionale.

« Les États-Unis doivent pleinement prendre conscience des raisons profondes des problèmes de sécurité maritime et aérienne, maîtriser leurs troupes qui sont en première ligne et arrêter d'exagérer et de monter en épingle » les incidents, a indiqué le ministère chinois de la Défense dans son communiqué.

De son côté, Washington a dit être convaincu de « l'importance du respect de la liberté de navigation en haute mer » face au « harcèlement répété » de la Chine « contre les navires philippins opérant légalement en mer de Chine méridionale ».

Les relations restent néanmoins stables

Malgré ces tensions exprimées, les deux pays se veulent rassurants sur leur relation. « La Chine a exprimé sa volonté de développer des relations militaires saines et stables avec les États-Unis sur la base de l'égalité et du respect », a indiqué le ministère chinois de la Défense dans son communiqué. Dans le sien, le Pentagone a souligné l'importance du maintien de « lignes ouvertes de communication entre militaires » afin « d'éviter que la concurrence ne dégénère en conflit ».

De même, l'an dernier, Washington avait envoyé plusieurs hauts responsables à Pékin et une rencontre s'était tenue en novembre entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping à San Francisco, en marge d'un sommet de l'Apec. « Au prix d'efforts acharnés, les deux parties ont repris le dialogue et la communication, les relations bilatérales ont cessé de se dégrader et se sont stabilisées », a reconnu ce mardi le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, lors du bilan de l'action diplomatique de la Chine.

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Car les tensions entre les deux puissances sont nombreuses et leurs relations s'étaient fortement dégradées ces dernières années, en raison de Taïwan et de la lutte d'influence dans la région Asie-Pacifique, mais aussi concernant le commerce et la rivalité dans les nouvelles technologies. Mais elles affichent désormais leur désir de renouer le dialogue.

L'équilibre est d'autant plus précaire à quelques jours des élections présidentielles à Taïwan. Les électeurs se rendront aux urnes samedi pour élire un nouveau président lors d'un scrutin déterminant pour les futures relations de l'île et de la Chine et dont la campagne est actuellement mouvementée (voir encadré). Le vice-président taïwanais William Lai, issu du Parti démocrate progressiste (DPP, pro-indépendance), est donné favori à la succession de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, également du PDP. Or, ces deux personnalités politiques sont favorables à l'indépendance de l'île.

La Chine et Taïwan s'accusent d'influencer la campagne des élections présidentielles

Le Parti démocrate progressiste (DPP), actuellement au pouvoir à Taïwan et dont le candidat Lai Ching-te est en tête des sondages, a mené sa campagne en insistant sur la menace que représente selon lui Pékin. Si bien que le vent de panique provoqué ce mardi par une alerte envoyée sur tous les téléphones portables de Taïwan, suite au lancement d'un satellite chinois dans l'espace aérien survolant l'île, n'est pas dû au hasard selon la Chine. « Je pense que tout le monde sait pourquoi les autorités du Parti démocrate progressiste (PDP) tentent d'induire la population en erreur et de semer la panique », a déclaré ce mercredi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

De leur côté, des experts et représentants taïwanais accuse la Chine de mener une campagne d'influence en diffusant des vidéos mensongères et trompeuses sur TikTok visant essentiellement les candidats favorables à l'indépendance de l'île.

(Avec AFP)

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