Présidentielle à Taïwan : un homme suspecté de vouloir influencer les élections pour le compte de la Chine

L'homme, de nationalité taïwanaise, est accusé d'avoir organisé des séjours dans cinq provinces chinoises entre mai et octobre « pour promouvoir des candidats et transmettre des bénéfices injustes aux électeurs ». Un événement qui intervient alors que Taïwan craint justement une interférence chinoise qui puisse influencer le résultat des urnes.
Les élections présidentielles et législatives se tiendront le 13 janvier prochain.
Les élections présidentielles et législatives se tiendront le 13 janvier prochain. (Crédits : Reuters)

Un homme a-t-il tenté d'influencer l'élection présidentielle à Taïwan pour le compte de la Chine ? C'est du moins ce que soupçonnent les autorités taïwanaises. La justice a, en effet, annoncé avoir lancé des poursuites contre Chen, de son nom de famille, l'accusant de vouloir corrompre des électeurs en faveur de candidats pro-Pékin.

Pour cela, l'homme de nationalité taïwanaise a organisé des séjours dans cinq provinces chinoises entre mai et octobre, ont indiqué des procureurs du district de Ciaotou, dans la ville de Kaohsiung (sud). Cheng, poursuivi pour avoir enfreint les lois électorales et « anti-infiltration », « a été commissionné et financé par une source d'infiltration pour promouvoir des candidats et transmettre des bénéfices injustes aux électeurs », a précisé le communiqué, publié lundi. Il touchait une soixantaine d'euros par personne, est-il expliqué dans le texte, sans détails sur le nombre de votants qui ont bénéficié de ces séjours payés par des « gouvernements régionaux », à l'exception du billet d'avion, à leurs frais. Cheng, qui appartient à un petit groupe de civils pro-Pékin, savait que les autorités chinoises « soutiennent le camp "pro-bleu" (...) qui fait la promotion d'une unification pacifique », en référence à la couleur du parti d'opposition, le Kuomintang, favorable à un rapprochement avec Pékin, ont poursuivi les procureurs.

Plus tôt en décembre, des procureurs de Ciatou avaient annoncé qu'ils enquêtaient sur cinq personnes soupçonnées d'avoir organisé des voyages sponsorisés par Pékin dans la province chinoise de Hunan (sud) pour 60 électeurs. Le principal suspect, nommé Chou, avait demandé aux participants de soutenir des candidats spécifiques dans une « tentative d'influencer les intentions de vote des électeurs et les résultats de l'élection », selon la justice. Il est également accusé d'avoir « conspiré » avec une autre personne pour produire des sondages d'opinion en vue d'influencer le scrutin, ont ajouté les procureurs.

Un scrutin crucial

De quoi illustrer l'aspect crucial du scrutin qui se tiendra le 13 janvier prochain. Les électeurs devront alors choisir un nouveau président, mais aussi un nouveau parlement. L'actuelle présidente, Tsai Ing-wen, qui termine son second mandat, ne peut pas se représenter. Son parti, le Parti démocrate progressiste (DPP), est au pouvoir depuis huit ans. En novembre dernier, les deux partis d'opposition, le Kuomintang et le Parti du peuple taiwanais (TPP), qui ambitionnent de se rapprocher de la Chine, ne sont pas parvenus à s'entendre et ont donc présenté des candidatures séparées.

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Et les autorités taïwanaises craignent une interférence chinoise qui puisse influencer le résultat des urnes. La période précédant le scrutin est d'ailleurs suivie de près, principalement à Pékin et à Washington, car elle pourrait être déterminante pour l'avenir des relations entre Taïwan et une Chine de plus en plus belliqueuse. Pour rappel, cette dernière revendique l'île de 23 millions d'habitants dirigée depuis 1949 par un régime rival, proche des États-Unis. En effet, Pékin considère Taïwan comme une province qu'il n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Et à ce titre, le pouvoir chinois ne reconnaît pas le détroit de Taïwan comme faisant partie des eaux internationales. En outre, Pékin a intensifié ses menaces et les pressions politiques et économiques sur Taïwan depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen.

Implication des Etats-Unis

Des tensions d'autant plus fortes de par l'implication des Etats-Unis. En effet, si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979, le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan, dans le but affiché de dissuader la Chine de toute velléité expansionniste. Mi-décembre, les Etats-Unis ont d'ailleurs autorisé une vente d'équipements militaires défensifs à Taïwan, pour 300 millions de dollars afin de renforcer les défenses de l'île. Ce à quoi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a réagi en assurant que la Chine prendra « des mesures de représailles à l'encontre des entreprises impliquées dans la vente d'armes à Taïwan ». « La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a-t-il insisté.

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De leur côté, les autorités taïwanaises font état d'incursions quasi-quotidiennes d'appareils de l'armée chinoise qui a mené l'an passé à d'importantes manœuvres militaires autour de l'île. En septembre, la Chine a envoyé 103 avions autour de Taïwan en l'espace de 24 heures, ce que Taipei a qualifié de « record récent ». Le ministère taïwanais avait alors mis en garde contre « ce harcèlement militaire continu de Pékin » susceptible de « conduire facilement à une forte escalade des tensions et menacer la sécurité régionale ».

Le 15 décembre, les États-Unis ont appelé la Chine à ne pas s'« ingérer » dans l'élection présidentielle à Taïwan, incitant « toutes les parties à un comportement responsable ». « A l'approche du 13 janvier, nous escomptons et espérons vivement que ces élections seront exemptes d'intimidation, de coercition ou d'ingérence de la part de toutes les parties », a déclaré l'ambassadeur des États-Unis à Pékin, Nicholas Burns, faisant clairement allusion à la Chine. Ce dernier a dans le même temps assuré que « les États-Unis ne sont pas impliqués et ne seront pas impliqués dans ces élections ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 26/12/2023 à 9:14
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Bah quand Takieddine nous avertissait que Sarkozy avait installé un véritable système mafieux à la tête de le la France il cherchait aussi à nous influencer ! Tout en nous informant, son intérêt à lui et celui du peuple français étaient les mêmes tou...

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