Taux : le FMI s'inquiète de la déconnexion entre les marchés financiers et le discours des banques centrales

Alors que les marchés financiers interprètent le discours de la Fed et de la BCE comme des signes annonciateurs d'une pause dans leur combat contre l'inflation, le chef du département des marchés monétaires et financiers du FMI, Tobias Adrian, tire la sonnette d'alarme et recommande aux banques centrales mondiales de faire comprendre aux marchés qu'il est probable que les taux d'intérêt resteront élevés pour longtemps afin de ramener durablement l'inflation sous leur cible et d'éviter un rebond des prix.
« Un relâchement prématuré pourrait faire courir le risque d'une forte résurgence de l'inflation une fois que l'activité aura rebondi, laissant les pays sensibles à de nouveaux chocs qui pourraient désancrer les anticipations d'inflation », écrit le FMI.
« Un relâchement prématuré pourrait faire courir le risque d'une forte résurgence de l'inflation une fois que l'activité aura rebondi, laissant les pays sensibles à de nouveaux chocs qui pourraient désancrer les anticipations d'inflation », écrit le FMI. (Crédits : Reuters)

Alors que les taux d'intérêt se situent désormais entre 4,50 à 4,75% aux Etats-Unis et entre 2,5% et 3,25% dans la zone euro après les dernières hausses annoncées mercredi par la Fed et mercredi par la BCE, et que de nouvelles hausses sont d'ores et déjà prévues cette année, le Fonds monétaire international (FMI) recommande aux banques centrales mondiales de faire comprendre aux marchés financiers qu'il est probable que les taux d'intérêt resteront élevés pour longtemps afin de ramener durablement l'inflation sous leur cible et d'éviter un rebond des prix.

Cet avertissement intervient alors que la déconnexion entre les marchés financiers et le discours des banques centrales est frappante. Un net assouplissement des conditions financières est en effet observé depuis octobre, les investisseurs ayant pris le ralentissement récent de l'inflation comme le signal d'un prochain pivot sur la politique monétaire des banques centrales alors même que celles-ci poursuivent la remontée de leur taux d'intérêt. En témoigne la position des investisseurs aux Etats-Unis qui tablent sur une baisse des taux au second semestre alors que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) affirme qu'il n'y aura pas de baisse cette année.

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Le CAC se rapproche des 7.200 points

Même scénario du côté de la BCE, qui a relevé de nouveau ses taux jeudi de 50 points de base et indiqué prévoir une hausse de même ampleur en mars. Les marchés financiers ont immédiatement interprété ces décisions comme le signe que le cycle de resserrement monétaire pourrait en réalité bientôt s'arrêter. Résultat, les indices boursiers grimpent des deux côtés de l'Atlantique. Les marchés européens ont fini en net rebond jeudi, tandis qu'à Wall Street, le secteur technologique était à la fête. Tiré par la bonne performance de Meta, le Nasdaq, à dominante technologique, a bondi de 2,10%, l'indice S&P 500 gagnait 0,73%, le Dow Jones restait en retrait (-0,68%) vers 15H00 GMT. La veille, après les annonces de la Fed, les indices avaient terminé dans le vert. En France le CAC est à 7.166 points.

« Les banques centrales devraient communiquer sur la nécessité probable de maintenir les taux d'intérêt à un niveau plus élevé pendant plus longtemps, jusqu'à ce qu'il soit prouvé que l'inflation - y compris les salaires et les prix des services - est durablement revenue à l'objectif », ont écrit le chef du département des marchés monétaires et financiers du FMI, Tobias Adrian, et ses deux adjoints dans un message diffusé sur un blog.

« Un relâchement prématuré pourrait faire courir le risque d'une forte résurgence de l'inflation une fois que l'activité aura rebondi, laissant les pays sensibles à de nouveaux chocs qui pourraient désancrer les anticipations d'inflation », ont-ils ajouté.

Selon le FMI, l'histoire a montré qu'une inflation élevée mettait souvent du temps à se résorber en l'absence de mesures de politique monétaire « énergiques et décisives ». Le fonds estime que si la hausse des prix des biens a ralenti, c'est peu probable que ce soit le cas dans le secteur des services sans un ralentissement significatif du marché du travail.

« Il est essentiel que les banques centrales évitent de mal interpréter les fortes baisses des prix des biens et d'assouplir leur politique avant que l'inflation des services et les salaires, qui s'ajustent plus lentement, n'aient aussi nettement diminué », écrivent les auteurs. « Il est essentiel que les responsables politiques restent résolus et se concentrent sur le retour de l'inflation à l'objectif sans délai ».

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Commentaires 4
à écrit le 03/02/2023 à 11:46
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Et voilà que le FMI commence a servir a quelquechose….s’ils arrivent a garder le cap sans baisser leur froc.

à écrit le 03/02/2023 à 8:59
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Ça n'intéresse pas un drogue de savoir que la drogue gratuite c'est fini. Ca fait longtemps que la politique monétaire est déconnectee de la réalité quoi qu'il en coûte Mais l'addition va arriver

à écrit le 03/02/2023 à 8:53
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Pourquoi le FMI ne s'est-il pas inquiété AVANT que l'inflation arrive, lorsque les taux étaient tellement bas qu'ils étaient négatifs, et où l'économie était en surchauffe notoire ? C'est à ce moment là, qu'il fallait tirer la sonnette d'alarme, on a...

le 03/02/2023 à 12:03
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L'inflation était déjà présente depuis fort longtemps, mais localisée sur les marchés financiers/immobiliers (exubérance-irrationnelle, réf. Minsky) depuis les mesures non-conventionnelles des BC durant la crise des dettes souveraines. Un dogme monét...

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