Tensions en mer de Chine entre les armées chinoises et philippines

Le ministère des affaires étrangères des Philippines accuse des navires de l’armée chinoise d’avoir percuté deux de ses navires dimanche dans un atoll contesté en mer de Chine. La région est fréquemment en proie à des tensions, puisque Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale.
Pour Pékin, « la responsabilité des incidents de dimanche incombe entièrement aux Philippines ».
Pour Pékin, « la responsabilité des incidents de dimanche incombe entièrement aux Philippines ». (Crédits : ERIK DE CASTRO)

Alors que le monde à les yeux rivés sur l'Ukraine et le conflit israélo-palestinien, une autre zone du monde est en proie à de nouvelles tensions : la mer de Chine. Ce lundi, Manille et Pékin se rejettent la responsabilité de deux collisions survenues dimanche près de l'atoll Second Thomas Shoal, situé dans les Spratleys, où la marine philippine est stationnée et où Pékin déploie des navires militaires. Les Philippines ont même convoqué l'ambassadeur chinois pour mettre la pression sur Pékin.

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« Nous faisons pleinement usage des procédures diplomatiques (...) à notre disposition. Cela comprend la convocation de l'ambassadeur chinois, ce que nous avons fait ce matin » lundi, a déclaré la porte-parole du ministère philippin des Affaires étrangères, Teresita Daza, aux journalistes.

« Ayungin Shoal fait partie de notre zone économique exclusive et de notre plateau continental, et nous avons des droits souverains et avons juridiction sur lui », a-t-elle ajouté en employant le nom philippin de l'atoll. L'ambassadeur de Chine, Huang Xilian, était indisponible. Il a été représenté par son chef de mission adjoint lors de la réunion organisée au ministère des Affaires étrangères. Ce dernier avait été convoqué pour la dernière fois par Manille en août après l'utilisation d'un canon à eau par la garde côtière chinoise sur des navires philippins à proximité du même atoll.

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De son côté, Pékin a de son côté adressé une protestation « solennelle » par la voie diplomatique aux Philippines, faisant part de son « fort mécontentement » et de sa « ferme opposition » après « l'intrusion » de navires philippins autour de l'atoll disputé, a indiqué lundi l'ambassade de Chine à Manille.

Une montée des tensions entre les deux Etats

Pour rappel, les collisions sont survenues alors que les Philippines conduisaient une mission de ravitaillement habituelle de leurs troupes situées dans cet avant-poste isolé à environ 200 km de l'île philippine de Palawan et à plus de 1.000 km de la grande île chinoise la plus proche, Hainan. Mais les conditions de ces échauffourées divisent.

Une vidéo diffusée par l'armée philippine montre que la proue du navire des garde-côtes chinois et la poupe du navire de ravitaillement de Manille se sont brièvement touchés. Ensuite, le navire philippin a poursuivi sa route, sans que l'on puisse déterminer s'il y avait eu des dégâts. Dimanche, « les manœuvres de blocage dangereuses du navire 5203 des garde-côtes chinois l'ont fait entrer en collision avec le bateau de ravitaillement (...) sous contrat avec les forces armées des Philippines » à quelque 25 km de l'île corallienne, a fustigé une force d'intervention du gouvernement philippin.

En revanche, la Chine a évoqué une « légère collision » après que le bateau philippin ait ignoré « de multiples avertissements et délibérément croisé les forces de l'ordre de manière non-professionnelle et dangereuse », selon la télévision publique CCTV, citant le ministère des Affaires étrangères. Pour Pékin, « la responsabilité des incidents de dimanche incombe entièrement aux Philippines ».

La mer de Chine, zone stratégique pour Pékin

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales des Philippines, du Vietnam ou encore de la Malaisie, faisant fi d'un jugement international de 2016 en sa défaveur.

Mais en 1999, les Philippines avaient délibérément fait s'échouer sur l'atoll un bateau militaire, le BRP Sierra Madre, dans le but d'y installer des troupes et d'affirmer leurs prétentions de souveraineté face à la Chine. Le navire est depuis une source de tensions entre Pékin et Manille. Les membres de l'infanterie de marine philippine présents à bord dépendent de missions de ravitaillement pour survivre. L'incident de dimanche n'est d'ailleurs pas sans précédent. Lors d'un autre incident, un navire des garde-côtes philippins qui escortait la mission de ravitaillement a été « heurté » par ce que Manille a qualifié de « navire de la milice maritime chinoise ». Pékin a toutefois accusé le bateau philippin d'avoir « délibérément » causé une collision en faisant marche arrière de manière « préméditée » en direction d'un navire de pêche chinois.

L'agressivité de Pékin est d'autant plus forte que Manille est un grand allié militaire de Washington qui lui a apporté son « soutien » et dénoncé dans un communiqué du département d'Etat « les agissements dangereux et en violation du droit international » des garde-côtes et de la « milice maritime » de la Chine. Le conflit est donc, en réalité, plus large qu'une simple mésentente entre deux armées.

Les Etats-Unis se rapprochent du Vietnam

Le 10 septembre dernier, Joe Biden s'est déplacé au Vietnam, avec pour renforcer drastiquement ses relations commerciales avec ce pays voisin de la Chine. Un accord dénoncé par Pékin comme faisant partie d'une stratégie d'isolement à son encontre. D'autant que ce partenariat inclut un développement de la production de semi-conducteurs dans le pays, véritables cerveaux de nos appareils électroniques. Il s'agira de « développer » les capacités du Vietnam en la matière, et ce, « au bénéfice de l'industrie américaine », selon ce texte qui vante la capacité du voisin de la Chine « à jouer un rôle essentiel pour monter des chaînes d'approvisionnement de semi-conducteurs robustes ».

Le Vietnam et les Etats-Unis avaient dans le même temps mis en garde dans un communiqué commun contre « les menaces ou l'usage de la force » en mer de Chine méridionale, un message clairement adressé à Pékin. Par ailleurs, les Etats-Unis « s'engagent à continuer de soutenir le développement par le Vietnam de ses capacités de défense autonomes », dans ce texte signé par le président américain et le chef du parti communiste vietnamien Nguyen Phu Trong.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 23/10/2023 à 18:20
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Bonjour, quel surprise, personne n'aime se faire de volée par sont voisins... Qu'ils soit sympas ou pas.. d'ailleurs chaque jour, ils y a des tensions en mer de Chine... En Méditerranée, ou sur tous autre océan, comme cela vas le monde.... Bien sûr ...

à écrit le 23/10/2023 à 13:14
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Ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un récit épicurien et érudit qui dévoile les menaces que la Chine fait peser sur le monde. Écrit par un observateur attentif et sans parti-pris de la Chine. Lecture édifiante ...

à écrit le 23/10/2023 à 12:33
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Stratégie US pour contenir la Chine.

à écrit le 23/10/2023 à 10:37
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Le conflit israelo palestinien lasse déjà visiblement. Pas facile de faire penser à autre chose aux gens que l'on est en train de paupériser. Pendant qu'on leur fait les poches on leur dit "ho la la regardez là bas comme c'est horrible !" Pas facile ...

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