La crainte d'un encerclement de Kiev par les forces russes se renforce. Présentes dans les localités environnantes, elles tentent de les neutraliser pour "bloquer" Kiev, selon l'état majeur ukrainien. La banlieue nord-ouest a été lourdement bombardée ces derniers jours. Seules les routes de la capitale ukrainienne vers le sud restent dégagées. Mais samedi, les Russes ont détruit l'aéroport avoisinant de Vassylkiv, rapportent les Ukrainiens. Et selon le ministère britannique de la Défense, qui estime que les soldats russes étaient samedi à 25 kilomètres de Kiev, une colonne au nord de la ville s'est dispersée, probablement pour l'assiéger.
A l'ouest comme à l'est de la capitale, l'armée ukrainienne résiste toutefois, et les soldats ukrainiens affirment que leur moral reste intact, alors que les soldats russes manqueraient de ravitaillement, selon des journalistes de l'AFP présents sur place. La présidence ukrainienne a promis une "défense acharnée" de Kiev.
Un bombardement à 40 km de Lviv
Les autres villes ukrainiennes sont aussi confrontées à la violence de l'offensive russe. Marioupol, au sud-est du pays, assiégée, manque de vivres, d'eau, de gaz, d'électricité et de communications. Selon Medecins sans frontières (MSF), la situation y est "quasi désespérée", mais plusieurs tentatives d'évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué. La ville attend l'arrivée d'un convoi d'aide humanitaire qui, samedi, est resté bloqué plus de cinq heures à un barrage russe.
Odessa, au sud-ouest, se prépare à une offensive, les troupes russes étant déjà présentes à une centaine de kilomètres à l'est dans la ville de Mykolaïv, où des bombardements massifs ont touché un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon une journaliste de l'AFP. Selon les autorités locales, dimanche matin, les Russes ont en outre bombardé une base militaire à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lviv, située près de la frontière polonaise et jusqu'à présent relativement épargnée. De nombreux déplacés affluent dans cette ville, où plusieurs pays ont déplacé leurs ambassades.
12.000 soldats russes tués selon les Ukrainiens
Selon le président Volodymyr Zelensky, dans un premier décompte officiel fourni samedi par les autorités ukrainiennes depuis le début de l'invasion, "environ 1.300" militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, alors que l'armée russe aurait perdu "environ 12.000 hommes". Mais selon le seul et unique bilan jusqu'à présent fourni par la Russie, le 2 mars, 498 soldats tués avaient été tués. Quant aux civils, samedi, les Nations unies ont fait état de 579 victimes, mais les bilans sont difficiles et probablement très inférieurs à la réalité. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés, près de 2,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, et deux millions de personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays.
Moscou reconnaît que la situation "dans certaines villes" a pris des "proportions catastrophiques", mais accuse les "nationalistes" ukrainiens de miner les zones résidentielles et de détruire des infrastructures. Le président russe Vladimir Poutine, qui continue d'afficher sa détermination, a accusé samedi les forces ukrainiennes, lors d'un entretien téléphonique avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemand Olaf Scholz, de "violations flagrantes" du droit humanitaire. Des "mensonges", selon la présidence française.
Des "avancées" dans les pourparlers
A propos de pourparlers ayant eu lieu jeudi entre Kiev et Moscou, Volodymyr Zelensky s'est toutefois félicité samedi d'une "approche fondamentalement différente" de la Russie, qui ne se contentait plus de "juste poser des ultimatums". Vendredi, Vladimir Poutine avait évoqué des "avancées".
Samedi, les Etats-Unis ont autorisé une nouvelle aide en armes de 200 millions de dollars pour l'Ukraine, après une première aide en équipements militaires de 350 millions de dollars, dont deux tiers ont été livrés au 4 mars, selon le Pentagone. Et ce malgré des déclarations du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, avertissant que ces "convois" devenaient des "cibles légitimes". L'Ukraine déploré toutefois que ses "partenaires occidentaux ne soient pas suffisamment engagés". Les Occidentaux ont multiplié les sanction économiques et commerciales contre la Russie, et assuré Kiev d'un soutien militaire, mais refusent d'entrer dans le conflit.