Ukraine : l'Union européenne va bloquer les transactions de la Banque centrale russe

Les ministres européens des Affaires étrangères se sont entendus dimanche, en accord avec les puissances du G7, pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe, a annoncé le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne (Crédits : POOL)

Malgré la décision de Vladimir Poutine de mettre en alerte la "force de dissuasion" de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, l'Union européenne ne s'est pas laissée impressionner et a durci une nouvelle fois le ton contre la Russie. Ce dimanche, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont soutenu l'entrée en vigueur d'ici à lundi de nouvelles sanctions contre la Russie, a annoncé Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Les ministres sont en effet parvenus à un accord politique sur un ensemble de mesures de soutien aux forces armées ukrainiennes, de nouvelles sanctions et d'initiatives destinées à isoler la Russie et à contrer la désinformation, a déclaré Josep Borrell.

"Pendant le week-end, nous avons durement travaillé et nous voulons prendre des décisions qui doivent être mises en place, faire l'objet d'un accord et d'un acte juridique les rendant applicables avant [lundi], lorsque les banques centrales rouvriront", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Blocage des transactions de la Banque nationale russe

Les mesures sont extrêmement fortes. Alors que les pays occidentaux ont déjà acté le principe de débrancher la Russie du système interbancaire Swift, gelé les avoir de nombreux oligarques..., les ministres européens des Affaires étrangères se sont entendus, en accord avec les puissances du G7, pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe. Selon Josep Borrell, avec cet accord, « plus de la moitié des réserves » de l'institution, placées dans des banques de pays du G7 seraient paralysées. Samedi déjà, les membres du G7 et l'Union européenne s'étaient mis d'accord pour bloquer les opérations de la Banque centrale russe sur leur sol, ce qui revient à restreindre drastiquement ses capacités de convertir ses réserves de change (devises étrangères, obligations souveraines libellées dans des devises occidentales...).

Objectif : empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine et contrer l'impact des sanctions occidentales sur l'économie russe.

« Si les leaders occidentaux "parviennent à arrêter le fonctionnement de la Banque centrale russe, cela aura réellement un effet sur le peuple de Russie", a affirmé le président de la Banque mondiale David Malpass sur la chaîne CBS.

Comprenant notamment des actifs en dollars, euros et yuans, mais également des réserves d'or, les réserves de la Banque centrale s'élèvent à environ 640 milliards de dollars, selon l'agence financière Bloomberg.

"Nous ne pouvons pas bloquer les réserves de la Banque centrale localisées à Moscou ou en Chine. Sur l'année passée, la Russie (...) s'est préparée à la situation actuelle en diminuant ses réserves en dollars" pour augmenter celles en yuans, en roubles et en or, a indiqué Josep Borrell.

Exclure la Russie de Swift, les discussions continuent

En revanche, les ministres des Vingt-Sept ne sont pas encore parvenus à un accord pour exclure des établissements financiers russes du système international de messagerie interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale qui assure le transit d'ordres de paiement et de transferts de fonds entre banques.

La Commission européenne avait indiqué samedi qu'elle proposerait aux Etats membres de bloquer l'accès d'"un certain nombre de banques" à Swift, mais des Etats s'inquiètent de l'impact de la mesure.

Lire aussi 8 mnUkraine : les pays occidentaux débranchent la Russie du réseau interbancaire Swift (l'arme nucléaire économique)

"Cela a été discuté, mais pour le moment il n'y a pas le consensus nécessaire. Nous continuerons à y travailler (...) y compris au niveau international, car une telle mesure suppose la coordination de plusieurs pays", a expliqué Josep Borrell.

Selon l'AFP qui cite une source européenne, la Commission est toujours en discussion avec Londres et Washington pour identifier les banques russes qui seraient ciblées, et des propositions devraient être finalisées lundi.

Par ailleurs, l'Union européenne va débloquer 450 millions d'euros pour acheter des armes destinées aux forces armées ukrainiennes et certains pays sont disposés à fournir des avions de combat afin de les aider à résister à l'offensive russe.

Lire aussi 2 mnHistorique, la Commission européenne va acheter des armes puis les livrer à l'Ukraine

"Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dit avoir besoin d'avions que les Ukrainiens peuvent piloter. Certains Etats membre disposent de ce genre d'avions et nous allons les fournir avec d'autres armements nécessaires à une guerre", a précisé Josep Borrell.

Réunion du G7 mardi pour évaluer notamment l'aide à l'Ukraine.

Par ailleurs, le président de la Banque mondiale David Malpass a indiqué dimanche qu'un G7 des ministres des finances se tiendrait mardi pour évaluer notamment l'aide à l'Ukraine. Sans mentionner de montant, il a indiqué que la Banque mondiale était prête à apporter un soutien "dans les jours qui viennent", à travers un financement à décaissement rapide ainsi que des fonds pour des programmes existants soutenant les réfugiés en Moldavie et Roumanie notamment.

Selon lui, les sanctions occidentales prévoyant d'exclure des banques russes de la plateforme interbancaire Swift "touchent des banques mais apparemment pas l'industrie du gaz et du pétrole", dont la Russie est un des plus grands producteurs du monde.  Le responsable a en outre estimé qu'il serait difficile à Moscou de détourner longtemps l'impact des sanctions Swift en s'adressant au système concurrent chinois. "Je ne pense pas que cela ira très loin", a-t-il dit. Interrogé sur l'impact du conflit russo-ukrainien et des sanctions sur l'inflation mondiale, le patron de la Banque mondiale a reconnu "la grande inquiétude qui pèse sur les prix du pétrole et de la nourriture". "L'inflation frappe les pauvres et cela va faire monter les prix de l'énergie et de l'alimentation", a-t-il déploré, alors que les cours du baril de brut, du gaz liquéfié et des céréales, dont la région est productrice, sont à des sommets. Selon lui, "il y a des alternatives à la domination de la Russie" sur le marché du gaz et du pétrole.  "Les Etats-Unis peuvent fournir bien davantage s'ils décident de le faire", a assuré David Malpass.

--------------

La France demande à ses ressortissants de quitter la Russie "sans délais"

La France recommande désormais à ses ressortissants de passage en Russie de "quitter sans délai" le pays en raison des  "restrictions croissantes apportées à la circulation aérienne entre la Russie et l'Europe", et à tous les Français de partir du Bélarus par la route, dans deux communiqués publiés dimanche

A la suite de l'invasion de l'Ukraine, "l'Union européenne vient d'annoncer sa décision de fermer sans délai l'espace aérien européen aux avions et compagnies aériennes russes", souligne le ministère français des Affaires étrangères dans ses derniers conseils aux voyageurs en Russie. "La plupart des compagnies européennes, dont Air France, ont en conséquence suspendu dès ce dimanche 27 février au soir la desserte et le survol de la Russie", selon le texte.

"En raison des restrictions croissantes apportées à la circulation aérienne entre la Russie et l'Europe, il est fortement recommandé aux Français de passage en Russie (touristes, visiteurs, étudiants, professionnels en mission) de prendre leurs dispositions pour quitter sans délai le pays par les liaisons aériennes existantes", ajoute le ministère, appelant à "différer tout déplacement vers la Russie".

Par ailleurs, "dans le contexte des tensions militaires entre l'Ukraine et la Biélorussie et de la fermeture de l'espace aérien biélorusse, tout déplacement en Biélorussie est formellement déconseillé", selon les conseils aux voyageurs pour le Belarus.

Les Français s'y trouvant "sont invités à quitter sans délai le pays par la route, via les points de passage frontaliers avec la Lituanie, la Pologne ou la Lettonie. Le cas échéant, les passagers arrivés par voie aérienne doivent solliciter un visa de sortie auprès des services du ministère biélorusse de l'Intérieur", précise la diplomatie française.

Washington a également conseillé dimanche à ses citoyens d'envisager de "quitter immédiatement la Russie", face aux annulations de vols et aux fermetures d'espaces aériens annoncées par de nombreux Etats à l'encontre des avions russes, en riposte à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 28/02/2022 à 9:56
Signaler
Les organismes européens qui ne servent à rien comme l'a si bien proclamé Sarkozy feraient bien d'arrêter d'envoyer des armes et de menacer la Russie de toutes les rétorsions possibles car ils devraient penser aux citoyens européens. Paris est à 1...

le 28/02/2022 à 16:39
Signaler
Alors faut-il pour autant aller lécher les bottes de poutine? Il y en a plein qui ont fait ça avec un gars qui faisait fureur dans les années 40. ça ne vous rappelle rien?

à écrit le 28/02/2022 à 8:00
Signaler
Combien de pays sont alliés à la Russie ? Juste pour l'effet d'annonce, l'UE reste aussi pitoyable que d'habitude même pour une guerre, des coquilles vides, nos dirigeants politiques européens ne sont plus que des coquilles vides incapables de penser...

à écrit le 27/02/2022 à 23:24
Signaler
L'Europe n'a rien d'une démocratie. Les dirigeants européens mènent une politique atlantiste, à l'encontre des souhaits du peuple européen. L'occident est en décomposition avancée

le 28/02/2022 à 4:15
Signaler
Si l'europe na rien d'une democratie, que dire de la Russie et de la Chine.Cette crise a enfin ouvert les yeux de l'europe face a ces autocraties.

le 28/02/2022 à 5:58
Signaler
Ça donne surtout l’impression d’une réponse collective, rondement mené et très ferme. L’Orient ne l’a pas vu venir. La ruse, ça fonctionne dans les 2 sens.

le 28/02/2022 à 17:52
Signaler
Copier-coller de Russia Today. Il ne fait pas trop froid là-haut, Charlie ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.