Une tâche « herculéenne » attend le nouveau président brésilien

Le 1er janvier marque le début du troisième mandat de Lula à la tête du Brésil. Après 4 ans sous le régime de l'extrême droite, le nouveau gouvernement annonce que les défis seront multiples pour lutter contre les inégalités sociales et la pauvreté. Les défis environnementaux seront également particulièrement attendus. L'investiture se déroulera demain sans la présence du président sortant, Jair Bolsonaro.
Lula prend la tête d'un pays coupé en deux, alors que 58 millions d'électeurs n'ont pas voté pour lui.
Lula prend la tête d'un pays coupé en deux, alors que 58 millions d'électeurs n'ont pas voté pour lui. (Crédits : Reuters)

Le début d'une nouvelle ère... ou le renouvellement d'une ancienne. Ce dimanche 1er janvier marque le début du troisième mandat du président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva. Le président de gauche tentera de rassembler un pays fracturé et de lutter contre les inégalités alors même que l'économie est en berne. Le président sortant, Jair Bolsonaro a quant à lui quitté le Brésil vendredi après avoir indiqué ne pas vouloir suivre l'investiture de Lula. C'est le vice-président Hamilton Mourao qui occupe temporairement les fonctions de président, a déclaré à Reuters son service de presse.

Le vice président Geraldo Alckmin a estimé qu'une tâche « herculéenne » attend à la tête du grand pays émergent de 215 millions d'habitants le futur dirigeant. Pour l'équipe de Lula, Jair Bolsonaro a laissé le pays dans une situation catastrophique avec un recul des politiques sociales, d'éducation et d'environnement.

Premier défi : parvenir à rassembler

Alors même que le président n'a été élu qu'avec 50,9% des voix contre 49,1% pour son adversaire d'extrême droite, Lula devra apaiser les bolsonaristes radicaux qui réclament une intervention militaire. Il devra aussi rétablir la relation avec la Cour suprême, fortement ébranlée par des attaques à son encontre sous le gouvernement de Jair Bolsonaro.

Sur la scène internationale, il devra également tenter de renouer avec des alliés heurtés par l'ancien président. Brasilia doit par ailleurs 1 milliard d'euros à diverses institutions internationales, dont l'ONU. Pour rétablir une crédibilité au pays, Lula devra également lutter contre les activités illégales, dans un pays où le lobby de l'agronégoce est très puissant.

Des mesures sociales et environnementales fortes

Après des années de destruction de la forêt amazonienne sous l'ère Bolsonaro, beaucoup de brésiliens attendent des gestes forts de la part du président en matière de politique environnementale. Jeudi, le président a donc nommé une personnalité à l'aura internationale, Marina Silva, en tant que ministre de l'Environnement. « Nous ferons tout ce qu'il faut pour parvenir à réduire à zéro la déforestation et la dégradation de nos écosystèmes d'ici à 2030 », promettait Lula en novembre devant la COP27.

Par ailleurs, le président a également nommé ce vendredi le sénateur de son Parti des travailleurs, Jean Paul Prates, à la présidence de Petrobras, la compagnie pétrolière publique du pays. Il l'estime « en mesure de diriger l'entreprise vers un grand avenir ».

Le Congrès du Brésil a également approuvé un amendement à la Constitution qui autorise le futur gouvernement à dépasser le plafond des dépenses pour financer des programmes sociaux, mais pour une durée d'un an seulement. L'autorisation de ces dépenses exceptionnelles vise avant tout à pérenniser l'allocation mensuelle de 600 réals (110 euros) versée aux familles les plus pauvres, un montant déjà en vigueur depuis le mois d'août, sous le gouvernement du président sortant.

Lula s'est en outre engagé à verser aux familles bénéficiaires une prime de 150 réals (27 euros) mensuels pour chaque enfant de moins de sept ans. Au-delà des minima sociaux, l'autorisation de dépasser le plafond des dépenses permettra de débloquer des fonds pour le programme de pharmacies populaires, avec d'importantes réductions pour l'achat de médicaments, et pour l'augmentation du salaire minimum.

La situation économique comme principale préoccupation

Ces versements pour réduire les inégalités sociales inquiète les marchés financiers qui redoutent une explosion de la dette publique, déjà à 77% du PIB. Lula avait annoncé vouloir augmenter les dépenses sans augmenter les impôts. Aujourd'hui, quelque 125 millions de Brésiliens souffrent d'insécurité alimentaire, et 30 millions de la faim.

Le gouvernement va devoir proposer un cadre budgétaire bien défini pour éviter une perte de confiance des marchés qui aurait un effet domino sur l'économie. Dans ce contexte de crise et d'inflation, l'objectif sera aussi de maintenir une baisse du chômage, actuellement au plus bas depuis 2015, et de contrôler l'inflation.

Commentaires 5
à écrit le 02/01/2023 à 7:01
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Avec 37 ministres ( Bolsonaro avait 22 ministres) designes pour leur appartenance politique et non pour leurs competances techniques, la messe est dite. Dans les 6 prochains mois, on en aura deja un bon aperçu. Personne n est dupe. Les entreprises na...

à écrit le 01/01/2023 à 11:46
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Lula fera sûrement mieux que son prédécesseur, ce ne sera pas difficile d'ailleurs. Bonne chance à lui

le 02/01/2023 à 13:46
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regardez les chiffres macroeconomiques avant de parler n importe quoi !!!! La dette du bresil a diminue , le Pib a renoue avec la croissance et il y a moins de chomage... Ca serait super si Macron faisait la meme chose en France, au lieu de jouer au...

à écrit le 31/12/2022 à 18:27
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Lula ne fera rien de mieux que Jaïr. En tout cas, il n'arrêtera certainement pas la déforestation de la forêt amazonienne, ni ne la fera ralentir

le 01/01/2023 à 11:46
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@Charlie. Vous avez entièrement raison. Ne pas oublier que le Brésil a eu trois mandats de gauchistes avant Bolsonaro ( deux Lula et un Dilma). Pendant ces douze ans, beaucoup d'annonces, mais rien de concret, la situation sociale est restée catastro...

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