Un silence assourdissant et inquiétant : depuis l'annonce dimanche soir de sa défaite de peu (49,1% contre 50,9% face à Lula), Jair Bolsonaro a mis plus de deux jours avant de concéder à demi-mots la victoire de son ennemi juré, Lula da Silva, qui signe son retour au pouvoir. Il était temps : un mouvement de protestation des partisans de Bolsonaro sur les axes routiers a fait tâche d'huile mardi : plus de 300 barrages, totaux ou partiels, dans au moins 22 des 27 Etats du Brésil ont été relevés. Lundi soir, seulement une douzaine d'Etat étaient concernés.
Plus de 36 heures après les résultats officiels, le président sortant Jair Bolsonaro a donc reconnu a défaite sur le fil, contrairement à plusieurs alliés de son gouvernement ou du Parlement. Mardi soir, dans une déclaration publique, l'ancien président s'est engagé "à respecter la Constitution". De très nombreux chefs d'Etat étrangers ont félicité depuis dimanche soir Luiz Inacio Lula da Silva, le candidat de gauche, pour son troisième mandat à la tête du pays, après ceux de 2003 à 2010. Il prendra officiellement ses fonctions au 1er janvier, mais dès maintenant une transition du pouvoir devrait avoir lieu -- si le gouvernement sortant accepte de coopérer.
Les appels de bolsonaristes à rejoindre les barrages se multipliaient en effet sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et Telegram, selon l'équipe de vérification numérique de l'AFP. L'un d'entre eux appelait les bolsonaristes à un grand rassemblement à 15H00 (18H00 GMT) sur l'immense esplanade des ministères de Brasilia. "Le Brésil ne sera pas le Venezuela", disait le message sur fond jaune et vert, comme le drapeau national, affectionné par la droite radicale. Il reproduisait le texte adressé à son père par le sénateur Flavio Bolsonaro lundi: "Bolsonaro, nous sommes avec toi quoiqu'il arrive".
A Sao Paulo, des bolsonaristes misant sur une poursuite du mouvement appelaient pour mercredi après-midi à "la plus grande mobilisation de l'Histoire" sur l'Avenue Paulista -- cette même avenue inondée dimanche soir par une marée de centaines de milliers de sympatisants de Lula vêtus de rouge, qui avaient célébré dans la liesse la victoire de leur champion.
A Sao Paulo, les axes routiers menant à l'aéroport international de Garulhos, qui a le plus gros trafic aérien du Brésil, ont été dégagés par la police en matinée, après des annulations ou retards de plusieurs vols, a rapporté la presse locale.
La police militaire était par ailleurs en fin de matinée en train de dégager certains axes routiers de Sao Paulo, Rio de Janeiro et du Minas Gerais, sur l'ordre des gouverneurs de ces Etats très peuplés du sud-est.