Plus rien ne fait peur aux Houthis en mer Rouge. Un cargo américain a été touché ce lundi par un missile tiré par les rebelles au large du Yémen, au lendemain de l'attaque menée par les rebelles d'un destroyer américain dans le sud de la mer Rouge. Le navire, touché au large d'Aden, se dirigeait alors vers le canal de Suez.
« A environ 16h00 (13h00 GMT), des militants Houthis soutenus par l'Iran ont tiré un missile balistique antinavire (...) et ont touché le M/V Gibraltar Eagle, un cargo battant pavillon des Îles Marshall, appartenant aux Etats-Unis », a indiqué précisément le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).
Selon l'agence de sécurité maritime britannique (UKMTO), le navire « a été touché depuis le haut par un missile » au sud-est de la ville yéménite d'Aden. Cependant, il n'a pas fait état de blessés ou de dommages significatifs et poursuit ainsi son voyage. Le navire n'est pourtant pas lié à Israël, a affirmé la société britannique de risques maritimes Ambrey, celle-ci estimant qu'il a été ciblé « en réponse aux frappes militaires américaines contre des positions des Houthis au Yémen ». Les rebelles n'ont pas encore revendiqué l'attaque mais une source militaire des Houthis a affirmé à l'AFP que « trois missiles avaient été tirés » à partir de différentes régions du centre et du sud du pays, sans se prononcer sur leurs cibles.
De nombreuses attaques
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de large pan du Yémen, ont multiplié ces dernières semaines les attaques, avec des drones, contre les navires commerciaux qu'ils soupçonnent d'être liés à Israël. Ils affirment agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël et le Hamas sont en guerre depuis le 7 octobre 2023. Des attaques qui ont lieu plus précisément dans le détroit de Bab el-Mandeb. Un point de passage stratégique reliant le golfe d'Aden à la mer Rouge, et situé juste avant le Canal de Suez.
Résultat, le trafic du commerce maritime mondial se trouve fortement perturbé, obligeant les navires à faire un détour par le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud. L'Union européenne s'inquiète même à long-terme des conséquences économiques des tensions dans la région. En réponse à ces attaques, les Etats-Unis ont monté une coalition internationale et déployé des navires de guerre pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12% du commerce mondial.
Crescendo
Pourtant, les attaques ne cessent de continuer. Et pour preuve, l'armée américaine a indiqué avoir « abattu, un peu plus tôt dans la journée, un missile balistique antinavire tiré en direction des voies de navigation du sud de la mer Rouge », tombé sur le territoire yéménite. Dimanche, l'armée américaine a également annoncé avoir abattu un missile de croisière ciblant un destroyer américain opérant dans le sud de la mer Rouge.
En tout, les rebelles ont mené plus de 27 attaques de missiles et drones, depuis le 19 novembre dernier. Des attaques qui ont atteint leur apogée en début de semaine dernière. Les forces américaines et britanniques ont ainsi abattu 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis mardi dernier, dans une attaque décrite comme d'une ampleur sans précédent dans la zone.
Les forces américaines et britanniques ont ainsi mené vendredi dernier des frappes sur le Yémen contre les positions des Houthis, faisant cinq morts et six blessés. Des raids mal vus par certains pays sur la scène internationale, tels que la Russie ou encore l'Iran. Cette dernière, accusée par les Etats-Unis de soutenir les rebelles, a appelé ce lundi Washington et Londres à « arrêter immédiatement la guerre ». D'autres ont appelé à l'apaisement des tensions dans la région à l'image de la Chine ou encore de l'Arabie Saoudite.
Malgré ces frappes occidentales, les Houthis ne sont pas près d'arrêter leurs attaques. Les intérêts américains et britanniques sont devenus des « cibles légitimes », ont-ils ainsi déclaré vendredi dernier.
(Avec AFP)