À quoi sert Dupont-Aignan ?

Assis sur quelques points dans les sondages, le député souverainiste essaie de réunir les conditions pour que Debout la France soit représenté aux européennes... tout en restant flou sur son envie d’être candidat.
Jules Pecnard
Nicolas Dupont-Aignan
Nicolas Dupont-Aignan (Crédits : © Firas Abdullah/ABACAPRESS via reuters)

« Vous avez vu ? Ça lui a permis de faire des plateaux. » Un proche de Nicolas Dupont-Aignan se réjouit des retombées du projet de loi sur les dérives sectaires. Son examen cette semaine à l'Assemblée s'est soldé par de beaux cafouillages pour le gouvernement. Dans l'hémicycle, le président du parti souverainiste Debout la France (DLF) - dont le statut de non-inscrit réduit considérablement son temps de parole - a pu entonner quelques tubes : « Vous vous comportez comme les promoteurs de la loi des suspects de 1793 ! »

Lire aussiExclusif : « Il faut que nous devenions un aimant politique » (Raphaël Glucksmann)

 Européennes : à 3% dans les sondages

Gaulliste autoproclamé, le député de l'Essonne continue de jouer sur un registre complotiste aux accents libertariens. De quoi engranger des dizaines de milliers de vues sur Facebook. Au sein des états-majors de droite et d'extrême droite, un autre compteur est surveillé du coin de l'œil : ses intentions de vote pour les élections européennes de juin. Donné à 3 % des suffrages dans la dernière étude Elabe pour La Tribune Dimanche, Nicolas Dupont-Aignan conserve son petit socle. Il a fondu depuis ses 4,7 % de la présidentielle de 2017, mais à l'heure où Les Républicains et Reconquête grattent les demi-points pour survivre, le cas « NDA » taraude. Un ex-fidèle du trublion subdivise cette rente - qui lui a permis d'être réélu sans interruption dans son fief d'Yerres depuis 1995 - en trois parties : « Les zinzins, qui peuvent aussi voter pour Philippot, Asselineau ou Cheminade ; la droite de LR, pas pro-Frexit mais très critique à l'égard de l'Union européenne ; et les électeurs RN mal lunés qui, le jour du vote, peuvent finalement se tourner vers DLF. »

Des doutes subsistent quant à la volonté de Nicolas Dupont-Aignan d'être sur la ligne de départ au printemps. Publiquement, il affiche sa détermination... mais la soumet à une condition qui, à date, semble impossible à remplir : réunir les eurosceptiques sous une même bannière.

Le lot inclut Marine Le Pen à qui « NDA » s'est rallié durant l'entre-deux-tours de 2017 avant de s'en détourner. Leurs contacts sont épars. Proche des 30 % dans les sondages, le Rassemblement national (RN) peut se permettre de rabrouer l'élu quand il demande trois places sur la liste de Jordan Bardella. À Debout la France, on conteste le chiffre sans tout à fait le démentir. « Il y a eu des discussions, mais ça n'a pas abouti. Le RN n'était pas d'humeur très partageuse... » Il l'est d'autant moins qu'il a pillé l'essentiel des forces vives de DLF au fil des années.

Le coût d'une campagne

D'autres hameçons ont été lancés, par exemple vers le pittoresque Jean Lassalle - « pas pour la tête de liste », précise l'entourage de Nicolas Dupont-Aignan - et Florian Philippot, ex-bras droit de Marine Le Pen devenu lui aussi gérant de PME souveraino-complotiste avec Les Patriotes. Marion Maréchal, égérie de Reconquête, se dit prête à accueillir le parlementaire mais le laisse « marcher seul » pour l'instant. Des noms plus curieux circulent, comme celui d'Olivier Rohaut, alias Oliv Oliv, figure des Gilets jaunes puis du mouvement d'opposition au passe sanitaire.

« Nicolas aimerait faire une liste mais ne veut pas perdre de fric, il en manque, rapporte un interlocuteur récent du patron de DLF. Son souci, c'est qu'il a trahi pas mal de monde. Sa force, c'est qu'il a son propre imprimeur. » Le coût essentiel d'une campagne européenne, c'est le papier : tracts, bulletins de vote et profession de foi. Cela représente 800 000 euros de dépenses incompressibles, selon un lieutenant de Nicolas Dupont-Aignan. L'ex-UMP soupèsera surtout, en plus des questions financières, ses chances de rester député après 2027.

Jules Pecnard
Commentaires 8
à écrit le 19/02/2024 à 9:19
Signaler
Il a une utilité de contradicteur mais ménage un peu trop la chèvre et le chou ! ;-)

à écrit le 19/02/2024 à 6:33
Signaler
La réponse est évidente : A RIEN😂

à écrit le 19/02/2024 à 5:37
Signaler
Comme Mr Maigret en son temps, il sert uniquement à faire baisser de quelques points le RN.

à écrit le 19/02/2024 à 0:03
Signaler
A prendre sa part de la soupe , car la soupe est bonne.

le 19/02/2024 à 15:46
Signaler
Tout à fait, sinon, il ferait autre chose...

à écrit le 18/02/2024 à 22:27
Signaler
Et vous la tribune vous servez à quoi ?, ou plutôt, vous servez qui ?

à écrit le 18/02/2024 à 12:54
Signaler
Il a une utilité de contradicteur mais ménage un peu trop la chèvre et le chou ! ;-)

à écrit le 18/02/2024 à 8:39
Signaler
Marrant je cherchais si l'expression "Jeter un chat mort sur la table" avait été attribuée à quelqu'un vu que c'est un gars dans le business du foot qui l'a dit, peut-être inventé du coup bravo à lui, et comme résultat j'ai le site du gouvernement qu...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.