Est-ce le signe d'une réconciliation entre Olivier Marleix et l'un de ses plus turbulents soldats ? Mardi matin, juste avant la réunion hebdomadaire des députés Les Républicains, leur chef discute avec Éric Ciotti, président du parti. L'élu d'Eure-et-Loir teste une idée auprès de lui. Elle a été défendue la semaine précédente par Aurélien Pradié, qui s'était illustré lors du débat sur les retraites en faisant dérailler les négociations entre LR et le gouvernement. Sur France 2, le Lotois a appelé à la création d'une commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des Jeux olympiques, entachée selon lui de « zones d'ombre » financières et sécuritaires.
Option sur la table
À l'assemblée nationale, la fin de la session approche et la droite n'a toujours pas utilisé son droit de tirage annuel pour lancer une telle procédure. Elle peut s'avérer utile en pleine campagne européenne, surtout au moment où LR cherche désespérément à maintenir son niveau de flottaison des 7-8 % dans les sondages. Les JO pourraient-ils être le vecteur idoine ? En tout cas, selon les entourages respectifs d'Éric Ciotti et d'Olivier Marleix, l'option est bien sur la table. Elle a surtout les faveurs du petit groupe de députés qui gravitent autour d'Aurélien Pradié, notamment Pierre-Henri Dumont et Raphaël Schellenberger.
Le premier, élu dans le Pas-de-Calais, préfère « lever des lièvres pour que les Jeux se passent bien plutôt qu'organiser quelque chose parce qu'ils se sont mal passés ». Il invoque auprès de La Tribune Dimanche, comme preuve de la nécessité de cette commission, les perquisitions subies en octobre par le Comité d'organisation des Jeux (Cojo) et les agences d'événementiel missionnées pour la cérémonie d'ouverture. Raphaël Schellenberger, qui a chapeauté la commission d'enquête de 2023 sur la souveraineté énergétique de la France, estime de son côté qu'il faut « un objet précis » pour ce genre d'instance. « Le pouvoir d'achat, c'est trop vague », ajoute-t-il, citant là une autre carte envisagée par son parti. L'alternative recèle aussi une bonne dose de ressentiment vis-à-vis des macronistes. À un stratège de son camp le député alsacien faisait récemment cet aveu : « On va les faire chier. »
Lancement des demandes d'audition
Plus tôt la commission sera composée, plus tôt les demandes d'audition pourront être lancées et, ainsi, couvrir un spectre large. On peut imaginer une convocation du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, de membres du Cojo ou d'intervenants étrangers. Pierre-Henri Dumont suggère par exemple d'inviter le responsable de la sécurité des JO de 2012 à Londres. La droite ne court-elle pas ainsi le risque, à quelques mois d'un événement qui placera la France au cœur des attentions, d'apparaître revêche et politicienne ? « C'est un pari, concède un proche d'Olivier Marleix. Ce serait comme mettre en cause la construction de la tour Eiffel avant même qu'elle soit terminée. »
La patronne de la commission d'investiture de LR, Michèle Tabarot, qui a l'oreille d'Éric Ciotti et entretient des relations pour le moins fraîches avec son président de groupe, reste dubitative. En interne, le choix tactique divise. « Ce serait nul de faire ça maintenant. À un moment, il faut qu'on renvoie une image positive au monde, s'agace le député Antoine Vermorel-Marques, peu friand de l'opposition pavlovienne à la Macronie. Est-ce qu'on croit vraiment que chez les Français, même au sein de notre électorat, l'organisation des JO est la principale priorité ? » L'interrogation laisse entrevoir des bisbilles dont les parlementaires LR ont le secret.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !