De Philippe à Darmanin, le ballet diplomatique de Bruno Le Maire

Avec la sortie de son livre « La Voie française », le ministre des Finances a lancé une offensive en vue de 2027.
Ludovic Vigogne
Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire. (Crédits : © LTD / Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM)

C'est un affichage qui ne passera pas inaperçu. Vendredi, sauf changement d'agenda de dernière minute, Bruno Le Maire sera au côté d'Édouard Philippe. Le ministre des Finances se rendra à Sandouville, près du Havre (Seine- Maritime). Ensemble, ils visiteront une grande usine automobile.

En décembre, Bruno Le Maire avait déjà programmé un déplacement dans le fief de l'ex-Premier ministre. À l'époque, il était en pleine campagne pour succéder à Élisabeth Borne à Matignon. Se montrer au côté d'Édouard Philippe, le patron d'Horizons, ne pouvait que lui profiter : ce serait le signe qu'il rassemblait toute la majorité. Il avait finalement dû y renoncer pour cause de réunion parisienne. Depuis, les deux hommes s'étaient néanmoins vus. Le 19 février, le maire du Havre était venu à Bercy évoquer un dossier local, accompagné des acteurs concernés, avec Bruno Le Maire. En marge, ils avaient pris le temps d'échanger. Vendredi, ils recommenceront. Mardi, le ministre des Finances aura également reçu à sa table les députés Horizons pour un déjeuner.

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Aujourd'hui, Édouard Philippe et Bruno Le Maire ont le même objectif : 2027. Cette ambition similaire ne modifie pas grand-chose à leurs relations. Ces deux quinquas, grandis au sein de LR, n'ont jamais eu beaucoup d'affinités personnelles ni ne se sont jamais vraiment fréquentés. Cela n'en fait toutefois pas d'irréductibles ennemis. Pour le moment, leur rivalité reste ainsi à fleurets mouchetés. Alors que le maire du Havre a choisi de mener une longue marche, faite notamment de déplacements au long cours en province, pour aller à la rencontre des Français, le ministre des Finances a théorisé l'inverse : l'élection présidentielle se gagne en six mois. Il demeure un grand traumatisé de sa participation à la primaire de la droite en 2016, où, après quasiment deux années de campagne, il n'avait récolté que 2,4 % des voix.

Scénario de départ

Édouard Philippe n'est pas le seul avec qui Bruno Le Maire a décidé de soigner ses relations. Le 12 mars, le locataire de Bercy a dîné avec Gérald Darmanin dans un restaurant de Saint-Germain-des-Prés. Le premier voulait annoncer au second la sortie dix jours plus tard de son livre La Voie française (Flammarion) . Le ministre de l'Intérieur est un privilégié : il est un des très rares dont le nom y est cité (page 136).

Ex-LR, ils s'entendent bien. Au sein du gouvernement Attal, Bruno Le Maire (numéro deux) et Gérald Darmanin (numéro trois) sont les deux hommes forts. S'ils demeurent les derniers à être ministres d'Emmanuel Macron depuis mai 2017, l'un comme l'autre ont désormais dans un coin de la tête des scénarios de départ.

État protecteur

Ce mardi soir, Bruno Le Maire veut expliquer le sens de sa démarche à son collègue de la Place Beauvau. Il sait que celui-ci est très proche d'Édouard Philippe, qu'il voit quasiment tous les mois. Gérald Darmanin la trouve cohérente. Il en déduit que le patron de Bercy est déterminé à être candidat et que la rigueur et la réforme audacieuse seront ses totems. Dans son ouvrage, entre les lignes, le ministre des Finances prend d'ailleurs à contre-pied le ministre de l'Intérieur, qui, lui non plus, ne s'interdit rien. Face au concept du partage dont le quadra a fait sa ligne directrice, comme l'a rapporté La Tribune Dimanche, Bruno Le Maire entend développer celui de l'État protecteur. « Le mot "partage" est un sésame : prononcez-le, tout devient possible », écrit-il avec ironie.

Une semaine plus tard, c'est avec un autre ex-LR qu'a tenu à dîner l'auteur de La Voie française. Mardi dernier, il a retrouvé Sébastien Lecornu dans un restaurant du 7arrondissement. Le ministre des Armées a débuté en politique à son côté quand son aîné était député de l'Eure. Dorénavant, c'est d'abord un homme de confiance d'Emmanuel Macron. Début janvier, Sébastien Lecornu a aussi déjeuné avec Édouard Philippe. Face à lui, le locataire de Bercy confie également son état d'esprit pour les mois qui viennent.

Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas discuté autant. L'une des dernières fois, c'était le 25 septembre. Sébastien Lecornu avait reçu à dîner à son ministère Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Thierry Solère, ancien conseiller politique du chef de l'État. En cette rentrée, le ministre des Finances tient à leur faire passer un message : maintenant, il ne faut plus qu'il y ait de concurrence entre eux, ils doivent plutôt travailler davantage ensemble. Au début de l'été, le ministre de l'Intérieur a échoué à se faire nommer à Matignon. À la fin de l'automne, Bruno Le Maire tentera sa chance à son tour... Ce soir-là, la discussion se joue d'ailleurs beaucoup entre ces deux-là.

Relations glaciales

Ces agapes seront aussi l'occasion de bien rigoler. Sébastien Lecornu entretient des relations glaciales avec Élisabeth Borne depuis que celle-ci s'est installée Rue de Varenne. Gérald Darmanin est en compétition ouverte avec elle. Quelques semaines plus tard, constatant l'automne compliqué que l'exécutif traverse entre la loi immigration et les conséquences du conflit entre Israël et le Hamas, ils discutent en aparté avant que le Conseil des ministres ne débute. Que pourrait-il leur arriver de pire, se demandent-ils ? « Qu'Élisabeth Borne soit Première ministre ! » lâche Sébastien Lecornu, provoquant l'hilarité de son camarade.

Ludovic Vigogne
Commentaire 1
à écrit le 24/03/2024 à 13:50
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le ballet des incapables ils ont eu le pouvoir ou sont au pouvoir et le résultat est une cata il est aussi evident que d'autre a la fonction risque de découvrir la poussière sous les tapis et qui risque de finir de ce voir

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