Immigration : « J’appelle tous les humanistes de la Macronie à la raison » (Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’assemblée nationale)

ENTRETIEN - Le député PS des Landes enjoint à l’aile gauche de la majorité de refuser le texte qui sortira de la commission mixte paritaire.
Caroline Vigoureux
Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’assemblée nationale
Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’assemblée nationale (Crédits : © Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Avec la crise politique ouverte par le rejet du projet de loi immigration, diriez-vous que nous sommes à un moment de bascule du quinquennat Macron?

BORIS VALLAUD - La crise politique n'est pas dans le fait que le texte ait été rejeté. Au fond, ce sont les contingences de la vie parlementaire, a fortiori lorsqu'il y a une majorité relative. En réalité, la crise politique naît maintenant dans le refus obstiné du gouvernement de retirer un texte rejeté et dans le maintien d'un ministre de l'Intérieur qui a échoué. Dans n'importe quelle autre démocratie, ça se serait passé autrement. La crise politique vient aussi du fait que nous sommes en train de toucher du doigt dans cette compromission la fin du « en même temps », de révéler une forme d'illusion. Emmanuel Macron ne conduit plus ses réformes, il finit par les subir. Il n'est plus maître de rien, ni du jeu ni des horloges. Aujourd'hui, le gouvernement ne demande même plus aux Républicains de voter sa loi, ce sont Les Républicains qui demandent à la majorité de voter la leur. C'est la fin du macronisme, le début d'une cohabitation d'Emmanuel Macron avec la droite ciottiste.

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Que dites-vous à l'aile gauche de la Macronie, qui vit aujourd'hui un moment difficile ?

J'appelle tous les humanistes de la Macronie à la raison et à la cohérence. Je sais qu'il en reste. Ils peuvent encore refuser l'accord écrit dans le dos même de la commission mixte paritaire [CMP], au mépris de la séparation des pouvoirs, dans le bureau de la Première ministre sous la dictée de la droite. Aujourd'hui, la majorité a la possibilité d'en rester là, sur un texte qui ne satisfait personne. J'ai parfois le sentiment que le macronisme manque de macronistes, il y a une sorte de perte de foi. À ceux qui sont des humanistes, qui parfois se revendiquent d'un héritage de gauche, je veux leur poser cette question : pensez-vous être fidèle à la promesse formulée en 2017 ? On disait que le macronisme était une décomposition-recomposition ; en réalité, il ne finit pas d'être une décomposition. On est dans ce moment de réveil qui correspond à la perte des illusions pour certains. La majorité doit se ressaisir et ne pas céder aux diktats des Républicains, ne pas servir les idées empruntées à l'extrême droite. Le risque de fracture de la majorité sur le texte est finalement sa seule espérance de dignité.

Emmanuel Macron ne conduit plus ses réformes, il finit par les subir. Il n'est plus maître du jeu ni des horloges

En votant la motion de rejet de la gauche, c'est un texte encore plus droitisé qui pourrait sortir de la CMP. N'avez-vous pas un regret ?

Cette idée est fausse. La CMP rebat les cartes, tout peut y être proposé et réécrit. La réalité, c'est que la dérive droitière du texte du gouvernement est engagée depuis des mois dans les négociations exclusives entre Gérald Darmanin, Bruno Retailleau et Éric Ciotti. Cela a été poursuivi en choisissant d'introduire le texte au Sénat, dont il connaît parfaitement la composition politique et le programme en matière d'immigration. Dans la multiplicité des concessions et la complicité qu'il a nouée avec la droite sénatoriale, le gouvernement a multiplié des avis de sagesse sur l'aide médicale d'État, sur les conditions de résidence pendant cinq ans pour percevoir les allocations. Et enfin, la faute morale, le vote des sénateurs macronistes en faveur de ce texte honteux du Sénat. À l'Assemblée, après quinze jours de surenchère de la droite, nous aurions eu un texte durci, sans majorité, et nous serions allés en CMP avec la même composition et les mêmes exigences des Républicains.

Mais pas sur les mêmes bases de travail...

Sur exactement les mêmes. Les seuls qui acceptent de durcir le texte, c'est la majorité. Rien ne l'oblige à se jeter dans les bras de la droite qui s'est elle-même jetée dans les bras de l'extrême droite. Alors qu'une commission mixte paritaire se déroule lundi, les discussions se déroulent dans le huis clos du bureau de la Première ministre, au mépris des institutions. Élisabeth Borne est en train de tout lâcher. Ce dont on prend la mesure, c'est que de lignes rouges, ils n'en ont plus aucune. Les seuls responsables d'un texte écrit sous la dictée d'Éric Ciotti, c'est la majorité et le gouvernement.

Que la gauche vote d'une seule voix a-t-il un impact sur la Nupes, en état de mort cérébrale ?

La cause était plus grande que nos bisbilles. Je ne sais pas ce que sera la suite, mais une chose est sûre : l'union de la gauche est indispensable, mais ce ne sera pas un retour à l'état antérieur.

Caroline Vigoureux
Commentaires 12
à écrit le 19/12/2023 à 10:50
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Quel culot , celui qui a été à la manœuvre pour l'alliance avec l'extrême gauche , qui a voté avec l'extrême droite n'a pas a donner de leçons , Emmanuelli doit se retourner dans sa tombe !!

à écrit le 18/12/2023 à 19:01
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J’appelle tous les humanistes de la Macronie à la raison et de voter ce rudiment de texte pour la grandeur de la France et de l'Europe

à écrit le 18/12/2023 à 10:04
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Ce ne sont pas que les humanistes de la macronie qu'il faut appeler,mais tous les français pour un référendum et avec les bonnes questions sur ce sujet.

le 18/12/2023 à 11:25
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les socialistes humanistes c'est plus q'un reve une irrealite qui a tropiller m tapie m hollande et m jospin qui torpille m depardieu le meme m hollande et m ayrault alors commencons par les juges et qu'il nous explique leur haine eux qui ont fa...

à écrit le 18/12/2023 à 8:12
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Ce débat sur l'immigration me rappelle le référendum de 2005, on ignore une fois de plus ce que veut le peuple. Il en sera sans doute de même avec le débat sur la fin de vie.

à écrit le 17/12/2023 à 10:24
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Ils ont réalisé leur programme: transformer les français en agneaux assistés et sans initiative et faire entrer et protéger les loups. Maintenant ils s'étonnent des conséquences?

le 18/12/2023 à 9:47
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Ben oui, c'est pour cela que Darmanin à récupérer les armes des français en novembre 2022 (21 000 armes et près de 600 000 munitions ) ,il devait anticiper les problèmes à venir à noter qu'aucune Kalachnikov n'a été rendue.

à écrit le 17/12/2023 à 9:35
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Le désarroi de ces gens qui ont tellement nuit à la France depuis 1981 et voudraient pouvoir lui nuire encore plus; fait plaisir à voir, mais le mal est fait.

à écrit le 17/12/2023 à 9:35
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Son appel, on s'en f ... Que la France retrouve enfin le contrôle de ses flux de population et assure la sécurité de ses habitants

à écrit le 17/12/2023 à 9:07
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Les électeurs qui ont élu Macron Président, sans lui donner une majorité à l'Assemblée ont souhaité introduire un régime parlementaire qui sous-tend une collaboration et un équilibre entre les pouvoirs législatif et exécutif. Visiblement les partis n...

à écrit le 17/12/2023 à 8:44
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La crise politique vient bien avant cette loi, cela fait la 21 ème fois que le gouvernement passe par le 49.3 pour imposer ses lois ! Hé ho ?

à écrit le 17/12/2023 à 8:39
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Un des chefs de la cinquième colonne……

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