Immigration : le jeu trouble du Rassemblement national

Le parti de Jordan Bardella refuse de dire s'il votera le texte du gouvernement ou non. Une façon de ménager ses électeurs qui approuvent la loi Darmanin.
Jules Pecnard
Jordan Bardella, Marine Le Pen
Jordan Bardella, Marine Le Pen (Crédits : Xose Bouzas/Hans Lucas via Reuters)

À la roulette, on attend toujours le dernier moment avant de miser sur le rouge ou sur le noir. Le Rassemblement national (RN) donne l'impression d'être dans un scénario analogue concernant le projet de loi immigration. Un coup, Marine Le Pen affirme, le 29 octobre sur France 3, que le RN « peut voter » le texte de Gérald Darmanin, bien qu'il s'agisse d'une « petite loi avec des petites mesures qui améliorent un tout petit peu la situation ». Un autre, le parti invoque l'affadissement de la version du Sénat par la commission des lois de l'Assemblée nationale, puis explique qu'il s'y opposera en séance publique.

Pour les députés nationalistes, le dilemme est de taille. Sur ce thème si structurant, le parti doit-il afficher une forme de sérieux en « enrichissant » un projet de loi supposément laxiste ?
Doit-il, au contraire, jouer l'opposant implacable au même titre que La France insoumise mais pour des raisons totalement inverses ? Peut-il aller jusqu'à voter la motion de rejet préalable qui sera défendue en ouverture des débats, demain, et dont l'adoption signifierait un renvoi immédiat de l'examen du texte à la chambre haute ?

Le groupe parlementaire doit se réunir à 15h30 le jour même pour trancher le sujet. D'ici là, on ferme les écoutilles, car en coulisse les avis sont partagés.

Risque de décalage avec l'opinion publique

Si la motion tombe - cas probable sachant que c'est celle des écolos qui a été tirée au sort, un repoussoir pour les droites - et que le débat court jusqu'à la pause de Noël, le RN agira au fil de l'eau, selon ses intérêts tactiques.

L'équipe d'Edwige Diaz, députée chargée du texte au nom du groupe, adressé une liste des dizaines de dispositions répressives trappées ou allégées en commission des lois. Chacun se prépare à surveiller le « redurcissement » dans l'hémicycle. « À la fin, on va s'abstenir, pressentait récemment un proche de Marine Le Pen. Darmanin va y arriver. » Un tel entre-deux nécessitera son lot d'explications s'il finit par sauver le ministre de l'Intérieur, pour qui chaque voix compte. Surtout si une part des députés Les Républicains (LR), à l'instar de leur chef Olivier Marleix, ne démord pas de son hostilité au projet de loi.

Pour Marine Le Pen et le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l'option binaire du pour contre présente un avantage - assumer une position claire - et des risques. Un soutien au texte de l'exécutif, même proche de la version sénatoriale, ferait immédiatement l'objet d'un feu nourri de Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, qui accuserait son rival de mollesse. A contrario, le rejet en bloc du projet de loi pose un problème semblable à celui de LR: le décalage avec l'opinion publique. Dans un sondage Elabe effectué en novembre pour BFMTV, parmi les Français ayant voté pour Marine Le Pen au premier tour de la dernière présidentielle, 82 % estiment que le texte permettra de mieux lutter contre l'immigration illégale. De quoi inciter à la prudence avant d'abattre son jeu.

Jules Pecnard
Commentaires 14
à écrit le 11/12/2023 à 16:29
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Une loi qui va déclencher une vague d'immigration de masse. Appel d'air et regroupement familial de la part des clandestins régularisés.

à écrit le 11/12/2023 à 12:49
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Macron est un immigrationniste convaincu et on peut tout redouter de cette nouvelle loi inutile... Par contre, le RN devrait faire une contre contre-proposition de loi plus conforme à ce qu'attend la majorité des français.

à écrit le 11/12/2023 à 9:48
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Elle nous bassine avec l'immigration depuis des années. Et comme dab quand c'est le moment d'y aller elle n'existe plus.

à écrit le 11/12/2023 à 9:14
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A part les petites intrigues entre amis, prendre le vent le plus porteur et agiter les vieilles peurs, ce parti ne sais rien faire. Quel triste spectacle que ces gens

à écrit le 11/12/2023 à 8:46
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Les européistes attendent les ordres, qui se ressemble s'assemble ! ;-)

à écrit le 10/12/2023 à 15:35
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Si Macron ou les Lr le font, on aura plus besoin alors ...

à écrit le 10/12/2023 à 12:39
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Marine Le Pen ne se mouille pas trop car comme pour l'électorat LFI, l'électorat RN ne s'intéresse généralement aux élections que dans les deux mois précédent le premier tour des présidentielles et dans une moindre mesure aux européennes car l'électi...

à écrit le 10/12/2023 à 10:24
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Elle est pas encore en prison? Ça va pas tarder vu qu elle a détourné des fonds publics même si europeens…

le 11/12/2023 à 9:16
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On peut rappeler que le Modem et LFI est concerné aussi.

à écrit le 10/12/2023 à 10:24
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Elle est pas encore en prison? Ça va pas tarder vu qu elle a détourné des fonds publics même si europeens…

à écrit le 10/12/2023 à 9:40
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Suivre ou ne pas suivre les directives de Bruxelles, "That is the question" ! Bref ! Vaut mieux enfumer les français que d'être écarté du pouvoir par l'UE ! ;-)

le 10/12/2023 à 10:27
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@bah - Pour l'instant c'est le FN/RN qui pratique l'enfumage. Bruxelles ou Paris? La question est à un autre niveau: "Que représente la France seule dans le Monde d'aujourd'hui?" Pas grand chose. Et même si l'UE est loin d'être parfaite c'est une co...

le 10/12/2023 à 10:55
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"Que représente la France seule dans le Monde d'aujourd'hui"? Représente t'elle quelque chose dans l'UE... encore moins ! Simplifier sa conception du monde n'est qu'uniformité !;-)

à écrit le 10/12/2023 à 9:28
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"Jeu trouble" ? Stratégie électoraliste de base. Nos dirigeants sont faibles.

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