Macron, Hollande : les coulisses d’un retour de Lyon

Le chef de l’État et son prédécesseur, avec lequel les relations étaient glaciales depuis 2017, sont rentrés ensemble en avion des obsèques de Gérard Collomb. Récit.
Ludovic Vigogne
Le 29 novembre, à Lyon, lors des obsèques de Gérard Collomb.
Le 29 novembre, à Lyon, lors des obsèques de Gérard Collomb. (Crédits : © Bony/SIPA)

Est-ce le signe d'un dégel ? Emmanuel Macron a ramené François Hollande à Paris dans son avion après les obsèques de Gérard Collomb, le 29 novembre à Lyon. C'est la deuxième fois cet automne que le chef de l'État invite son prédécesseur à l'accompagner dans les airs. Le 26 septembre, le premier avait convié le second à voyager en sa compagnie pour se rendre à Rome aux obsèques de l'ancien président italien Giorgio Napolitano. Entre eux, ces moments partagés sont une nouveauté. Depuis 2017, leurs relations sont polaires, contrairement à celles achées par Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy.

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En mars 2022, ces deux derniers étaient allés ensemble à l'hommage aux victimes de Mohamed Merah à Toulouse. François Hollande avait préféré s'y rendre de son côté. L'ancien premier secrétaire du PS avait initialement prévu de prendre le TGV pour assister aux funérailles de Gérard Collomb. La veille, il lui est fait part de la proposition de celui qui a été son secrétaire général adjoint à l'Élysée. François Hollande l'accepte. Ce sera finalement un retour sans aller. Pour gagner Lyon, il sera invité à faire le trajet dans l'appareil d'Élisabeth Borne, où se trouve également Gérald Darmanin. C'est l'occasion pour les deux hommes de faire connaissance. Une conversation entre vrais passionnés de la politique se noue. Ensemble, ils discutent de la fonte des effectifs des fédérations du PS et des Républicains ces dernières années. L'ancien chef de l'État reconnaît dans le ministre de l'Intérieur un disciple appliqué de l'« ancien monde ». Le locataire de la Place Beauvau prend beaucoup de plaisir à l'échange.

Dans l'avion du retour, ils sont quatre installés dans le carré présidentiel. Brigitte Macron est assise au côté de son époux. Face à eux sont installés François Hollande et François Bayrou. En 2017, le maire de Lyon avait joué un rôle déterminant dans le ralliement du leader du MoDem au candidat du « nouveau monde » et ainsi rendu tout possible. Deux anciens Marcheurs historiques sont aussi dans l'appareil : l'ex-ministre de l'Agriculture Stéphane Travert et l'ex-sénatrice Bariza Khiari. Après le décollage, ils se lèveront pour rejoindre le quatuor.

Cruel avec Philippe

La messe en hommage à Gérard Collomb a été empreinte d'une réelle émotion. Elle a été également accompagnée d'une certaine tension. La veuve de l'ancien maire de Lyon a été glaciale avec le chef de l'État. Les passagers évoquent quelques souvenirs à propos de l'ex-ministre de l'Intérieur. Avant que, dans la cathédrale Saint-Jean, Emmanuel Macron ne s'exprime, Édouard Philippe a pris la parole à la demande de l'épouse du défunt. Dans le carré de l'appareil, certains se font cruels avec le discours de l'ex-Premier ministre en hommage à Gérard Collomb. Celui du président n'a-t-il pas, lui, été conclu par une salve d'applaudissements partie du parvis, où est retransmise la cérémonie, pour remonter toute la nef ?

L'information de l'après-midi est un soulagement pour le chef de l'État: Éric Dupond-Moretti est relaxé par la Cour de justice de la République. Le procès des emplois fictifs du MoDem s'est quant à lui terminé quelques jours plus tôt. François Bayrou en dresse ses conclusions devant ses interlocuteurs. On parle des européennes, le grand rendez-vous politique de 2024. Le haut-commissaire au Plan et François Hollande se rappellent le siècle dernier. En 1999, à l'occasion de ce même scrutin, ils étaient face à face. Pour la droite, la tête de liste était Nicolas Sarkozy. Les vingt années suivantes, la vie politique française allait tourner autour d'eux. Cela fait longtemps que François Bayrou n'a pas eu un échange avec le socialiste, qui, fidèle à son habitude, se montre peu avare en traits d'humour. Décidément, ce dernier restera toujours un mystère pour lui, se dit-il en son for intérieur.

Comment quelqu'un de si intelligent et spirituel a-t-il pu passer à ce point à côté de son mandat élyséen ? Durant l'heure de vol, l'ambiance est plutôt décontractée. « J'ai trouvé qu'entre Emmanuel Macron et François Hollande ça s'était réchauffé », rapportera un témoin. Le trajet est également l'occasion d'une réconciliation. L'ancien chef de l'État et Stéphane Travert, qui était socialiste avant de se convertir au macronisme, étaient en froid. François Hollande profite du voyage pour demander au député de la Manche si Bernard Cazeneuve, un temps maire de Cherbourg, se rendait toujours dans le Cotentin.

Ludovic Vigogne
Commentaires 4
à écrit le 10/12/2023 à 15:52
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Vu toutes les ... de Sarko; FH, cet ex là est peut être moins dangereux à consulter !

à écrit le 10/12/2023 à 12:50
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Dans l'avion des français déjà ! Un avantage en nature, que font les impôts ? On ne peut pas dire que pendant son mandat, le monsieur a fait des exploits entre les gonzes ses et les sans dents, sans parler du nucléaire, qui nous a coûté un bras et le...

à écrit le 10/12/2023 à 9:36
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Ben non c'est darmanin la les gars c'est pas Macron ! Oui c'est vrai que nos dirigeants néolibéraux étant interchangeables on a une furieuse tendance à les confondre...

à écrit le 10/12/2023 à 9:26
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J'espère que Macron a remboursé de ses deniers le prix du voyage de Hollande, sinon abus de biens sociaux et recel. Entre Inspecteur des Finances et Conseiller à la Cour des Comptes (ayant renié l'Inspection des Finances), on se comprend.

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