Rachida Dati, un détour par le ministère de la Culture

La sarkozyste pense avoir trouvé le bon chemin vers la mairie de Paris. Un plan presque parfait.
Hier, dans son bureau au ministère de la Culture.
Hier, dans son bureau au ministère de la Culture. (Crédits : © ALAIN GUIZARD/ABACA POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Pour une fois, Rachida Dati a abandonné une guerre. Celle que la maire du 7e arrondissement menait face aux macronistes parisiens. Plus besoin, plus nécessaire. Rue de Valois, où elle a été nommée jeudi, elle emporte une certitude : à Paris, la voie se dégage pour les prochaines municipales. « Elle va gagner du poids pour 2026, se recentrer et priver les LR de leur candidat », admire un dirigeant de Renaissance.

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Quel retournement ! Souvent, Rachida Dati a répété qu'Emmanuel Macron n'avait pas tenu sa parole lors des municipales de 2020 en ne la soutenant pas au second tour, contrairement à ce qu'il lui aurait promis. Elle a aussi toujours trouvé que Paris n'intéressait pas beaucoup le chef de l'État. « Il est obsédé par Marseille », disait-elle. Car les critiques récurrentes qu'elle porte dans les médias contre le pouvoir macroniste ne l'ont jamais empêchée d'échanger avec le couple présidentiel. Quand elle ne harcèle pas le président avec ses SMS cajoleurs, elle est devant ses yeux. « Ils se voient régulièrement », reconnaît un familier du palais. À la fin de l'année, elle était encore là, pour une remise de décoration. En novembre, elle était présente pour un entretien avec Emmanuel Macron. Il a notamment été question de la loi PLM, que la majorité présidentielle veut réformer cet hiver.

Quinze ans après avoir quitté son poste de garde des Sceaux sous le gouvernement Fillon, la voilà donc de nouveau ministre, sous Emmanuel Macron, malgré sa mise en examen pour « corruption » et « trafic d'influence ». Après la proposition du chef de l'État, qui a un temps songé à la nommer à l'Intérieur si Gérald Darmanin avait pris la tête d'un grand ministère social, elle a appelé Nicolas Sarkozy. Sans surprise, il lui a dit d'accepter. Il lui a tant répété que l'alliance avec Emmanuel Macron était la seule solution d'avenir pour les LR. Comme Nicolas Sarkozy, elle a trouvé que le choix de Gabriel Attal pour Matignon était un très beau coup.

Rachida Dati a toujours eu une vie romanesque. Jeudi, sa nomination a été fidèle à sa réputation. Celle-ci s'est faite dans la plus grande précipitation. Pour qu'elle arrive le plus discrètement possible à Matignon, le nouveau Premier ministre lui a fait envoyer une voiture. Dans l'après-midi, elle est allée à l'Élysée finaliser le deal avec Emmanuel Macron. Avant qu'Alexis Kohler ne confirme donc la folle rumeur, le retour de Rachida Dati en première ligne, ministre de la Culture. Un domaine pour lequel elle n'a jamais montré particulièrement d'appétence. « On ne l'a jamais vue au théâtre », s'étrangle un spécialiste. Elle n'a eu qu'à écouter les longs applaudissements réservés à sa prédécesseure Rima Abdul Malak, elle-même ancienne conseillère d'Emmanuel Macron à l'Élysée, pour mesurer l'inquiétude de son nouvel écosystème.

Installation acrobatique

En Macronie, on prépare déjà la parade en s'appuyant sur la première réaction d'Anne Hildago souhaitant « bon courage » au monde de la culture. « La maire de Paris dit qu'elle est de tout cœur avec les artistes, ce n'est quand même pas la caste la plus à plaindre en 2024, expose un interlocuteur régulier du chef de l'État. C'est une réaction qui vient de la gauche caviar et hautaine. Tout ce que Rachida déteste. Ce sont deux visions de la culture qui s'opposent. Elle ne sera pas seulement une ministre des artistes. » « Au fil du temps, elle va beaucoup surprendre », promet-on à l'Élysée. « Et puis deux ans à la Culture pour préparer Paris, c'est parfait! » ajoute en off l'une des grandes voix de la droite.

Un plan très pensé qui ne fait pas pour autant une ministre très zen. Son installation à la Culture a été acrobatique. Rue de Valois, elle est arrivée uniquement accompagnée de sa fidèle conseillère Emmanuelle Dauvergne, devant très vite constituer son cabinet. Un ami qui a discuté avec elle vendredi matin l'a trouvée particulièrement « stressée ». Jusqu'ici, Rachida Dati a toujours su retomber sur ses pieds.

Commentaires 8
à écrit le 15/01/2024 à 10:08
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" sarkosyste "!?! .....plutôt du parti opportuniste , peut-etre RN dans quelques temps .....!

à écrit le 15/01/2024 à 10:03
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Une intrigante arriviste dont les dents rayent le plancher !

à écrit le 14/01/2024 à 20:42
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Nous avons ici la parfaite représentation d'une stratégie tombant sous l'égide de "la théorie des choix publics" (au-delà de mon sentiment personnel qui n'intéresse personne si je préfère voir un jour Dati éjecter Hidalgo pour la Mairie de Paris). La...

à écrit le 14/01/2024 à 19:27
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Paris promis à Dati? Même pas en rêve 🤣. Les Parisiens sont pas "fut..fut", mais à ce niveau leur stupidité frôlerait la bêtise collective.

le 15/01/2024 à 10:09
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...il ont bien réélu Hidalgo alors comme stupidité il ont les codes !

à écrit le 14/01/2024 à 13:46
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Depuis quand un poste de Ministre s’achète-t-il, non pas avec de l’argent ce qui tomberait sûrement sous le coup de la loi, mais avec une promesse pour des élections municipales qui auront lieu dans 2 ans, en 2026, que le parti présidentiel soutiendr...

à écrit le 14/01/2024 à 9:17
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On est motivé quand il s'agit d'échapper à la Justice et de pouvoir revenir dans les affaires ! ;-)

le 14/01/2024 à 14:25
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merci a mme dati qui en comparaison avec m baroin elle n'a pas vendu les routes national au fisc italien..

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