Avec l'adoption au forceps de son projet de loi sur l'immigration, Emmanuel Macron a franchi un point de bascule. Désormais, il ne fait plus de doute dans l'esprit des Français que le chef de l'État se situe à la droite de l'échiquier politique. C'est l'un des enseignements de l'étude réalisée par Ipsos, les 20 et 21 décembre, pour La Tribune Dimanche.
Elle met en lumière plusieurs paradoxes pour l'exécutif. D'abord, certes, 48 % des sondés se disent « satisfaits » du contenu du texte - essentiellement chez les sympathisants Les Républicains et macronistes - contre 28 % de « mécontents », situés à gauche. Mais d'une part, si 90 % de l'échantillon de 1 000 personnes interrogées a entendu parler du projet de loi, ils ne sont que 39 % à avoir une idée claire de son contenu. D'autre part, près d'un Français sur quatre n'a pas d'avis sur le sujet. « Le résultat n'est pas cristallisé et peut évoluer en fonction des débats à venir », complète Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.
L'étude permet surtout de constater que, malgré leur succès législatif, Macron et Borne sont essorés : 52 % des sondés jugent que le président est le perdant de la séquence, 50 % pour la Première ministre et 53 % pour Renaissance, le parti au pouvoir. Et les segments qui l'éprouvent le plus nettement - les plus de 60 ans et les cadres supérieurs - appartiennent au socle macroniste. « La hiérarchie est extrêmement parlante et n'est pas celle des commentateurs. Pour les Français, le grand gagnant, c'est le RN. Les LR sont deuxièmes, mais loin derrière, précise Brice Teinturier. La droite classique et son chef, Éric Ciotti, ont fait un très beau coup tactique, c'est incontestable ; mais idéologiquement, les Français se disent que Marine Le Pen rafle la mise. »