Soutien à l’Ukraine : l’UE peut faire bien mieux

Les négociations sur le plan d’aide à Kiev de 50 milliards d’euros sont renvoyées à janvier.
(Crédits : © REUTERS/Yves Herman TPX IMAGES OF THE DAY)

Revenu de Washington en début de semaine sans avoir convaincu le Congrès de débloquer les 60 milliards de dollars dont ses forces armées ont un besoin urgent, le président ukrainien Volodymyr Zelensky vient de trouver un motif de satisfaction en Europe. Au moment où sa cote de popularité est au plus bas, que le soutien international marque le pas et que la Russie renforce ses positions sur le champ de bataille, l'UE a en effet voté l'ouverture des négociations avec l'Ukraine pour son adhésion.

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La décision a été prise à l'unanimité par 26 pays, en l'absence de la Hongrie, lors de la tenue du Conseil européen à Bruxelles jeudi et vendredi. En revanche, son Premier ministre Viktor Orbán a mis son veto au plan de financement (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons) sur quatre ans pour soutenir l'économie de l'Ukraine et son effort de guerre. « J'attends de Viktor Orbán dans les prochains mois que, ses intérêts légitimes étant pris en compte, il se comporte en Européen et ne prenne pas en otage nos avancées politiques », a averti Emmanuel Macron à l'issue du sommet. Le président français faisait allusion aux 10 milliards d'euros débloqués mercredi au profit de Budapest, sur les 30 milliards gelés par la Commission européenne pour sanctionner le non-respect des obligations d'un pays membre de l'UE, en particulier en matière d'indépendance judiciaire et de lutte contre la corruption. Le leader hongrois a bien l'intention de troquer le restant à l'occasion des prochaines négociations sur le plan en janvier.

« Certains pensent qu'il aurait fallu pousser Orbán à faire l'inverse. Le soutien financier immédiat, c'est le nerf de la guerre tandis que l'adhésion est un long processus. Toutefois, ce sommet a montré que 26 pays européens étaient prêts à s'engager en faveur de l'Ukraine au moment où les États-Unis hésitent », explique Pierre Haroche, maître de conférences en sécurité internationale à la Queen Mary University of London et chercheur associé à l'Institut Jacques Delors.

Des aides directes

Selon Bruxelles, l'Ukraine pourra payer les salaires et les retraites jusqu'en mars, grâce au versement dans les prochains jours de la dernière tranche de 1,5 milliard d'euros du programme d'aide actuel de l'UE. Et même si Viktor Orbán bloque en janvier le budget de l'UE, Kiev pourrait bénéficier d'aides directes des États membres, ont indiqué plusieurs responsables, réitérant leur soutien à l'Ukraine, depuis l'invasion du pays par la Russie en février 2022. « Nous ferons tout ce qu'il faudra, aussi longtemps qu'il le faudra », a réaffirmé le chancelier allemand Olaf Scholz à l'issue du sommet.

Mais le véritable test de l'engagement européen est la priorité donnée au soutien militaire pour conserver la capacité au combat en 2024 des troupes ukrainiennes. « On est entrés dans une nouvelle logique de la guerre où l'Europe joue forcément un rôle plus important. Pendant la première partie du conflit, les Occidentaux ont fourni leurs stocks existants en espérant qu'ils permettraient aux Ukrainiens de gagner la guerre à l'issue de la contre-offensive de cet été. Mais c'est la production industrielle qui compte », explique Pierre Haroche.

Aujourd'hui, les deux armées sont dans une guerre d'attrition qui profite davantage aux Russes en raison de leur capacité à mobiliser plus de ressources humaines. « Les Européens doivent être cohérents avec leurs choix, et faire preuve d'un volontarisme industriel, propose le chercheur. Par exemple par une centralisation des achats d'armes, financés en utilisant un instrument déjà existant : la Facilité européenne pour la paix », un fonds extrabudgétaire consacré au renforcement de la sécurité internationale. En se transformant en économie de guerre, une telle option favoriserait la production industrielle de défense du continent en rationalisant les achats à l'échelle européenne, comme cela a été fait en négociant avec les laboratoires pharmaceutiques la production massive de vaccins lors de la pandémie de Covid-19.

« La force des Russes est notre inaction, avertit Pierre Haroche. Si l'on ne fait rien, on va tout droit vers un éclatement de l'Ukraine, et l'Europe se retrouvera dans une situation d'insécurité permanente. Alors que vont se tenir en juin les élections européennes, c'est aussi un enjeu de débat public avec en filigrane la constitution d'une véritable défense européenne. »

Commentaires 8
à écrit le 18/12/2023 à 13:13
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Bonjour, Personnellement je crois que l'Ukraine s'est fourvoyé car les usa les ont totalement manipuler... La promesse d'une entré dans l'OTAN étaient une chimère... Les usa sont les seul gagnant de cette guerre... Ils renforcent leur lieder chips...

à écrit le 17/12/2023 à 13:20
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Il n'y a pas a soutenir l'Ukraine, mais a stopper cette guerre anti ecologique. Il serait temps d'accepter la victoire de la Russie

le 17/12/2023 à 15:56
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Responsable de la pollution supplémentaire dont nous nous serions bien passés : l'agresseur Poutine. L'Ukraine, en 2004, lors de la Révolution Orange avait démontré qu'elle souhaitait sortir de l'ingérence de Moscou. Choix confirmé lors de la deuxiè...

à écrit le 17/12/2023 à 9:42
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Faire bien mieux, n'est pas la pousser au conflit permanent mais au contraire chercher des accords ! ;-)

à écrit le 17/12/2023 à 8:56
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Ben non voyons et la dette alors !? Ah c'est pour le secteur pharmaceutiques et agro-industriel !? Bon on va y réfléchir alors... ^^

à écrit le 17/12/2023 à 8:52
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Oui, l'Union Européenne peut faire beaucoup mieux : reprendre les relations avec la Russie, abandonner ses sanctions et sa rhétorique guerrières, comprendre le besoin de sécurité de la Russie à défaut d'y adhérer, et développer des échanges économ...

le 18/12/2023 à 0:51
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Ben voyons... Le problème n'est pas la Russie, mais ses dirigeants actuels. Qui ne supportent pas la démo cratie. Pour eux, le peuple il est là pour obéir. Ce n'est pas le choix de l'Ukraine. Adolf Poutine ne peut le supporter; et son hubris va le me...

le 18/12/2023 à 6:22
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Le premier besoin de sécurité de la Russie, est qu'elle ne veut surtout pas qu'une démocratie s'installe le long de ses frontières, parce qu'évidement ça pourrait vite faire tache d'huile (démocratique). La Russie qui échangeait énormément avec l'Uk...

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