"L'économie de la mer doit intéresser nos futurs dirigeants"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Sabine Roux de Bézieux, la présidente de la Fondation de la mer, indique vouloir interpeller les candidats à l'élection présidentielle afin de connaître leurs ambitions pour la France.
Fabien Piliu
"La situation économique de la France justifie que l'exécutif s'engage résolument pour utiliser le potentiel de création de richesses des océans", explique Sabine Roux de Bézieux à La Tribune.

La Tribune - L'élection présidentielle approche. Quels espoirs suscite-t-elle à la Fondation de la mer ?

Sabine Roux de Bézieux - La situation économique de la France justifie que l'exécutif s'engage résolument pour utiliser le potentiel de création de richesses des océans. La France possède le deuxième espace maritime mondial, elle est présente sur tous les océans. C'est un atout, qu'il faut davantage valoriser, tout en prenant soin de le protéger car il est fragile.

Vous évoquez une opportunité ratée. Quelles sont justement les solutions offertes par les mers et les océans ?

Le rapport dévoilé la semaine dernière par la Fondation de la Mer et le Boston Consulting Group est de ce point de vue éclairant. Dans l'énergie, le développement durable, le tourisme, la construction navale, l'alimentation, la valorisation des ressources du sous-sol marin, les biotechnologies, les télécommunications, les gisements de croissance et d'emplois sont innombrables que ce soit en France métropolitaine et en Outre-mer.

Quelles actions concrètes envisagez-vous ?

Nous n'entendons pas proposer un programme tout fait et des ultimatums à des candidats qui n'ont guère mis la mer et les océans au cœur de leur programme. Or, l'économie de la mer, dans tous les domaines, est un vecteur de croissance qui doit intéresser nos futurs dirigeants. Par exemple, mettre les ports français au cœur des flux commerciaux européens, est un impératif qui se décline en infrastructures et en termes d'aménagement du territoire. Stimuler la recherche, déjà très en pointe, en matière océanographique, biologique, nous semble aussi un excellent investissement d'avenir. Nous allons donc interpeller tous les candidats sérieux à la présidentielle sur leurs ambitions pour l'archipel France.

Faut-il créer un ministère de la mer de plein exercice ?

C'est un débat ancien, et permanent, j'ignore si ce serait la solution. Les questions relatives à la mer concernent aujourd'hui de nombreux ministères, que ce soit l'Economie, les Finances, la Défense, l'Environnement, la Santé, les Transports et les Equipements, l'Emploi, l'Education nationale et l'Enseignement supérieur, la Jeunesse et les Sports, ...

Quelles devraient être les priorités du prochain gouvernement dans ce domaine?

Il faudrait tout d'abord renforcer les moyens alloués à la recherche. Actuellement, le montant des aides alloués à la mer s'élève à 400 millions d'euros. Certes, c'est une somme importante. Mais les programmes spatiaux bénéficient de deux milliards d'euros d'aides publiques. L'Etat doit être un aiguillon, un moteur pour que la France tire réellement partie de l'or bleu et valorise son extraordinaire espace maritime de 11 millions de km2,  c'est à dire vingt fois la surface de la France métropolitaine. Il faut également investir dans les infrastructures. Je pense aux ports et leur hinterland, c'est à dire leurs connexions routières, fluviales et ferroviaires. Enfin, notre outre mer est souvent oublié et traité principalement par la question fiscale : 97% de notre ZEE est située dans l'outre mer : quel potentiel !

Vous souhaitez sensibilisez les responsables politiques sur la nécessité de se pencher davantage sur ces questions. Mais il faut également sensibiliser les jeunes.

C'est ce que nous faisons à la Fondation de la mer. Nous travaillons avec le ministère de l'Education nationale pour que ces questions soient abordées dans les programmes dès l'école primaire. En outre, nous accordons des bourses à des chercheurs pour financer leurs travaux de recherche. Enfin, nous avons créé, avec l'aide du Centre d'Etudes stratégiques de la Marine nationale, un kit pédagogique sur les grands enjeux maritimes, destiné au public le plus large.

La Fondation s'est signalée, et fortement mobilisée, sur le dossier Tromelin. Pour quelles raisons ?

Le cas de Tromelin est symbolique et paradoxal : un tout petit territoire de 1km2 avec un espace maritime  de 280 000 km2, et dont le rôle géostratégique est considérable. Imaginez-vous que la Chine, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou n'importe quel autre pays dans le monde ait l'idée de partager sa souveraineté comme le prévoyait cet accord ? Prendre son temps avant d'accorder la cogestion de cette île et de sa zone économique exclusive à l'Ile Maurice nous a semblé un prérequis. Nous sommes heureux d'avoir obtenu que le sujet soit davantage étudié et lançons une  réflexion ouverte, en concertation, sur ce sujet.

Fabien Piliu
Commentaires 4
à écrit le 01/03/2017 à 8:44
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Madame , êtes vous mal informée...ou faites vous semblant de ne pas l'être : M. MELENCHON développe largement ses perspectives relatives à l'économie de la mer depuis bien longtemps ! je vous renvois donc à son site JLM2017 où vous trouverez , entre ...

à écrit le 28/02/2017 à 17:23
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Aucun politique n'en parle ? Si, Mélenchon, depuis 2011 (oui c'était déjà un sujet clé de sa campagne de 2012 mais tout le monde s'en fichait). Avant de parler, il faut lire un peu, il ne parle que de ça. VIème République par une constituante, trai...

à écrit le 28/02/2017 à 16:11
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P.S.: D'un autre côté, macron est de amiens, fillon de la sarthe, le pen de paris, hamon de paris, mélenchon de massy, on ne peut pas dire qu'il y ai beaucoup de candidats venant de départements liés aux océans et comme il l'a été démontré, pas étonn...

à écrit le 28/02/2017 à 16:01
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Nos politiciens ne sont pas assez axés sur les intérêts du peuple français pour valoriser ce domaine d'activité, leurs intérêts étant d'entretenir d'abord et avant tout leurs réseaux, je vous garantie qu'ils ont d'autres chats à fouetter que de faire...

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