Le 22 janvier 2012, il y a presque cinq ans, François Hollande prononçait son fameux discours du Bourget, créant un élan d'enthousiasme à gauche pour l'élection présidentielle qui se profilait alors. Il y avait désigné la finance comme l'adversaire « sans visage » à combattre. « Je séparerai les activités des banques qui sont utiles à l'investissement et à l'emploi, de leurs opérations spéculatives », avait-il écrit dans son programme, afin de protéger les contribuables et les épargnants, c'est à dire l'économie réelle, des dérives spéculatives des banques sur les marchés financiers.
Mais sa promesse a finalement accouché d'une souris, la loi bancaire de 2013 qui ne sépare quasiment rien. C'est l'une des « trahisons » que les électeurs déçus du Hollandisme reprochent aux acteurs majeurs du quinquennat qui s'achève. Un électorat qui va en partie se déplacer à la primaire de la belle alliance populaire (BAP) les 22 et 29 janvier prochains pour voter pour l'un des sept candidats suivants: Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Benoit Hamon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Benhamias.
« Libérer les Français du système bancaire »
Au regard de l'engouement qu'a suscité le discours du Bourget il y a cinq ans, la question de la place que les sept candidats accordent à la régulation de la finance dans leur programme se pose. Mais force est de constater que l'exercice du pouvoir en a découragé plus d'un. Seuls Benoît Hamon et surtout Arnaud Montebourg abordent clairement le sujet dans leur programme.
Deux des favoris à la victoire, Vincent Peillon et Manuel Valls, qui doit assumer le bilan du quinquennat Hollande, se désintéressent totalement de ce thème. De son côté, Benoît Hamon assure brièvement qu'il mettra « la finance au service de la transition écologique pour trouver les 60 milliards d'euros nécessaires sans attendre le bon vouloir du marché ». En fait, le seul candidat qui s'inspire du discours du Bourget dans son programme est incontestablement Arnaud Montebourg. « Je veux libérer les Français du système bancaire qui s'est détourné de leurs besoins et du soutien à l'économie réelle », annonce-t-il dans son programme. Il estime concrètement que « la loi de séparation bancaire a été manquée », et « qu'il faudra la reprendre avec amplification ».
« Une surtaxe sur les banques »
Arnaud Montebourg va même plus loin que l'esprit du Bourget. Car au-delà de « reprendre la loi de séparation bancaire en cantonnant effectivement l'ensemble des activités de marché des banques », et de limiter « certains produits spéculatifs dangereux pour la stabilité financière », comme Hollande l'avait promis en 2012, il propose une surtaxe sur les profits des banques françaises de... 5 milliards d'euros sur un total de 25 milliards de profits.
Celle-ci serait affectée à l'investissement dans la transition écologique et numérique. « Sans attendre la prochaine crise financière (...), je propose de faire contribuer les banques et les assurances au redressement national. (...) Je propose donc une surtaxe à hauteur de 5 milliards d'euros sur les banques justifiée par le fait que ces profits sont réalisés grâce à un bien public, la monnaie », détaille-t-il. Et si toutes ces mesures n'étaient pas suffisantes pour relancer le financement de l'économie, Arnaud Montebourg avertit : « je suis prêt à nationaliser une banque, qui montrera l'exemple dans ce domaine, agissant sans faire de profits pour financer les projets rentables non servis ». Clairement, dans cette primaire, l'ennemi des grandes banques, c'est Montebourg.