Eviter la propagation du Covid, et essayer au plus vite d'en finir avec le pic Omicron. Telle est la position du gouvernement, alors que ce mardi 18 janvier, plus de 460.000 contaminations - un record - étaient recensées les dernières 24 heures.
Et ce sont aussi les arguments qu'Elisabeth Borne, la ministre du Travail, a présentés aux partenaires sociaux qu'elle a réunis ce mercredi. Et de les avertir :
"Nous envisageons de prolonger trois jours de télétravail au minimum par semaine, pour les postes qui le permettent."
Entrée en vigueur depuis le 3 janvier, cette règle devait à l'origine durer 3 semaines. Mais alors que la situation sanitaire est loin d'être stabilisée, le conseil de défense sanitaire qui se tient ce jeudi matin devrait la prolonger au moins quinze jours.
Le patronat, vent debout
Cette annonce n'a pas manqué de faire réagir le patronat, qui apprécie guère l'injonction du gouvernement en matière de télétravail. Les représentants des chefs d'entreprises font valoir leur sens de la responsabilité face à ce virus, et n'apprécient pas que le gouvernement leur impose le travail à distance.
Selon eux, il y a peu de contaminations en entreprise, et le télétravail génère des effets néfastes sur l'organisation, ainsi que sur l'ambiance dans leurs sociétés, en générant une fracture sociale entre ceux qui peuvent effectuer leurs tâches à distance - les cols blancs- et les autres - les cols bleus - obligés d'être sur site.
"Nous sommes tous usés par cette situation, nous aurions préféré une simple incitation", a ainsi déploré François Asselin, le président de la CPME. Au cours de la réunion, un membre du Medef, plus virulent, s'est même étonné que l'on arrête tout pour "une grosse grippe". De quoi agacer vivement la ministre.
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Pour le patronat, la menace de se voir verbaliser pour non respect de la règle n'est pas passée. A l'origine, l'exécutif avait annoncé, pour les entreprises, 1.000 euros d'amende pour chaque salarié qui pourrait télétravail et qui ne le ferait pas. Et ce dans la limite de 50.000 euros par entreprise.
Face à la bronca patronale, l'exécutif a finalement retenu, dans le texte du pass vaccinal, la proposition des sénateurs qui ramène à 500 euros le montant de la sanction.
Il n'empêche, cette possibilité d'être condamnés - même si dans les faits, l'exécution est toute relative et difficilement applicable - a jeté un froid chez les patrons, qui ne décolèrent pas.
Des syndicats de salariés frileux
Du côté des représentants de salariés, l'annonce de la prolongation du télétravail obligatoire a été plus mesurée, mais aussi plus résignée. Pas question de remettre en cause la règle.
Les syndicats s'inquiètent cependant de l'isolement, de la détresse psychologique que peut susciter le télétravail chez certains salariés. Eux aussi militent pour un retour au plus vite au bureau.
Dans ce contexte, Elisabeth Borne a tenté de rassurer ses interlocuteurs. Consciente des difficultés que pose le travail à distance, elle a assuré qu'il s'agissait surtout "de donner un dernier coup de collier", avant de pouvoir ensuite "rebasculer sur une recommandation et non plus une obligation".