6 entreprises européennes sur 10 anticipent une hausse des retards de paiements en 2022

Les entreprises européennes s'attendent à ce que les délais de paiement s'allongent dans les mois à venir, sur fond d'inflation et de hausse des taux d'intérêt. Les retards ont d'ailleurs déjà augmenté en France en ce début d'année. Derrière, c'est leur trésorerie qui est menacée et même leur survie. Après une baisse des défaillances d'entreprise en 2021 suite aux mesures de soutien mises en place durant la pandémie, les faillites devraient remonter dans les prochains mois.
En France, où 600 entreprises ont été interrogées, les retards de paiement entre entreprises s'allongent déjà depuis le début de l'année 2022.
En France, où 600 entreprises ont été interrogées, les retards de paiement entre entreprises s'allongent déjà depuis le début de l'année 2022. (Crédits : iStock)

Ils avaient raccourci en 2021, sans pour autant retrouver leur niveau d'avant-crise, les délais de paiement entre entreprises risquent d'augmenter en 2022. Quelques jours supplémentaires qui mettent en péril la trésorerie des structures. D'après une enquête publiée ce mardi 21 juin par la société de recouvrement Intrum, six entreprises sur dix en Europe s'attendent à ce que les retards de paiement augmentent dans les mois à venir.

La raison ? L'inflation. Une majorité d'entreprises répondantes - 11.000 sociétés dans 29 pays européens interrogées entre le 14 janvier et le 12 avril derniers - déclare manquer d'expérience face à la hausse des prix inédite de ces derniers mois. Et 51% d'entre elles considèrent que la hausse des prix les empêche de croître, de répondre aux demandes salariales et de payer leurs fournisseurs en temps et en heure.

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Des délais déjà allongés en France

En France, où 600 entreprises ont été interrogées, les retards de paiement entre entreprises (B to B) s'allongent déjà. Ainsi, « l'écart entre les délais de paiement contractuels et effectifs est de 17 jours en 2022 contre 11 jours en 2021 », détaille Intrum. La société précise que « 83% des entreprises françaises ont accepté d'allonger leurs délais de paiement en 2022 » dont une majorité pour éviter les risques de faillites, et 77% « pour pérenniser leur relation avec leurs fournisseurs ».

Les retards de paiement des factures aux consommateurs finaux (B to C) ont au contraire diminué, tandis que ceux des services publics aux entreprises ont au contraire explosé, passant de 9 à 23 jours, a précisé à l'AFP Jean-Luc Ferraton, directeur général d'Intrum France.

Alors que les délais de paiement avaient été protégés par les aides en trésorerie, notamment les prêts garantis par l'État (PGE), durant la crise sanitaire, les remboursements de ces mêmes prêts, ajoutés aux tensions sur les approvisionnements et aux hausses de prix, mettent aujourd'hui les entreprises sous pression. Face à cette situation, huit répondants sur dix déclarent que le renforcement de la liquidité fait partie de leurs priorités stratégiques pour 2022, d'après l'enquête.

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À la clé, le risque de faillite

Le non-respect des délais de paiement est « un risque avéré qui est responsable d'un quart des faillites en France », souligne Jean-Luc Ferraton. Selon les chiffres rapportés par la Banque de France lundi, les défaillances d'entreprise connaissent une hausse modérée, tout en se maintenant à niveau nettement inférieur à celui qui prévalait avant la crise sanitaire.

En mai, 32.109 entreprises ont ainsi déclaré une cessation de paiement, soit 9,2% de plus que durant les 12 mois précédents. Sur ce mois, le nombre de défaillances « reste voisin de 3.000, comme globalement depuis le début de l'année », a indiqué l'institution.

Grâce aux aides publiques pour soulager la trésorerie des entreprises durant la pandémie de Covid-19 et à la suspension temporaire de certaines procédures par les tribunaux de commerce, le nombre de défaillances en France avait chuté à environ 27.000 en 2021, contre plus de 50.000 par an avant la crise sanitaire.

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Augmentation « normale » des défaillances à venir

L'extinction progressive de ces dispositifs de soutien mis en place par l'État devrait entraîner une remontée des défaillances d'entreprise dans les prochains mois. « Il va falloir s'attendre à une montée de la sinistralité », a ainsi déclaré la semaine dernière le président de la CPME François Asselin.

« Ce qui va se passer, c'est normal même si c'est dramatique » pour les chefs d'entreprise concernés, a-t-il tempéré. Et d'ajouter : « Ce qu'on ne mesure pas, c'est la vitesse » à laquelle la courbe des défaillances repartira à la hausse. « Si au bout de tout cela, on a une sinistralité qui se stabilise autour de 50 à 60.000 entreprises, franchement (...), on aura sacrément amorti ces crises consécutives », a-t-il conclu.

Selon les données de la Banque de France, les défaillances d'entreprise sont chaque mois en légère hausse depuis février.

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(Avec AFP)

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