Allemagne : les consommateurs ont le moral en berne

Selon le baromètre GfK publié ce mardi, le moral des consommateurs allemands devrait repartir en baisse en septembre, et ce, notamment en raison de l'inflation élevée outre-Rhin. Les Allemands se révèlent aussi plus pessimistes quant à l'évolution de la conjoncture économique. Après être entrée en récession technique en début d'année, la première économie de la zone euro fait figure de mauvais élève avec une stagnation de son produit intérieur brut au deuxième trimestre de 2023.
(Photo d'illustration).
(Photo d'illustration). (Crédits : Arnd Wiegmann)

L'humeur n'est pas au beau fixe en Allemagne. Et notamment du côté des consommateurs dont le moral devrait repartir en baisse en septembre, selon le baromètre GfK publié ce mardi 29 août. L'institut prévoit en effet un indice à -25,5 points en septembre, en baisse de 0,9 point par rapport à août, où il avait relevé la tête, a indiqué l'institut de recherche dans un communiqué.

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« Le climat de consommation ne montre actuellement aucune tendance claire, ni à la baisse ni à la hausse - et cela à un niveau globalement très bas », a commenté Rolf Bürkl, expert en consommation de GfK.

Le moral des consommateurs n'est pas prêt à redécoller d'ici à la fin de l'année en raison de « taux d'inflation toujours élevés (6,2% en juillet), notamment dans les secteurs de l'alimentation et de l'énergie », a-t-il ajouté. La propension des ménages allemands à dépenser évolue ainsi à un niveau proche du creux enregistré en septembre 2022, au plus fort de la crise énergétique.

Un PIB en recul d'ici la fin de l'année ?

Les consommateurs sont par ailleurs beaucoup plus pessimistes quant à l'évolution de la conjoncture en Allemagne. La première économie de la zone euro fait figure de boulet avec une stagnation de son produit intérieur brut au deuxième trimestre de 2023. La semaine passée, le ministre allemand de l'Economie a appelé à « agir » pour faire sortir le pays du marasme.

« Nous continuons de constater des difficultés économiques, déclenchées par les conséquences de la crise des prix de l'énergie, la nécessité pour la Banque centrale européenne de lutter contre l'inflation et la faiblesse d'importants partenaires économiques mondiaux », a déclaré Robert Habeck.

Le PIB de la première économie européenne a affiché une croissance nulle entre avril et juin sur le trimestre après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents -- définition d'une récession technique -- selon des données corrigées des prix et des variations saisonnières (CVS). Actuellement, « la phase de faiblesse - en particulier l'évolution en Chine - rend la tâche difficile pour nous en tant que pays exportateur », a jugé Robert Habeck.

D'autant que si le PIB allemand a peu ou prou laissé derrière lui la récession technique traversée cet hiver, cela ne pourrait n'être qu'une parenthèse : l'indice des directeurs d'achats (PMI) reste sur deux reculs sensibles en juillet et août, suggérant qu'une nouvelle baisse du PIB allemand se profile lors du trimestre d'été.

L'économie allemande pourrait finir l'année dans le rouge, en queue de peloton des pays de la zone euro. Sur 2023, les principaux instituts économiques allemands s'attendent à un recul estimé entre 0,2 et 0,4% du PIB en Allemagne, le FMI tablant de son côté sur -0,3%.

Une coalition divisée

Le ministre membre des Verts voit cependant plusieurs « lueurs d'espoir » au plan intérieur : hausse des revenus réels, stabilisation de la consommation, inflation en recul et impulsions positives des investissements en équipements. Il n'empêche que l'ancienne locomotive de l'économie de la zone euro est désormais perçue comme à la traîne de ses principaux partenaires.

« Il est donc nécessaire d'agir », a martelé le ministre. Il a mentionné pêle-mêle le besoin d'« éliminer les obstacles à l'investissement » et « la jungle de la bureaucratie ». Le ministre veut aussi mobiliser un « fonds climat et transformation » doté de 211 milliards d'euros et faire rapidement adopter au Parlement un projet de loi sur l'immigration qualifiée, censé régler les pénuries de main-d'œuvre frappant de nombreux secteurs.

Autre piste, adopter des « mesures intelligentes pour fournir de l'électricité bon marché à l'industrie » qui a été éreintée par la flambée des prix de l'énergie depuis la guerre russe en Ukraine, a-t-il dit. Mais sur tous ces remèdes à prendre, la coalition au pouvoir qui rassemble des partis aux vues souvent éloignées - sociaux-démocrates, écologistes à gauche, et Libéraux à droite - étale ses divisions en public.

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« Le problème de l'Allemagne n'est pas conjoncturel, mais structurel », estime, de son côté, l'expert Marcel Fratzscher, chef de l'institut économique DIW Berlin. L'Allemagne a besoin d'un « programme de transformation à long terme, avec une offensive d'investissement, une large débureaucratisation et un renforcement des systèmes sociaux », détaille-t-il dans une analyse parue cet été

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 29/08/2023 à 20:48
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Bonjour, avec la vie chère et l'inflation importants, les consommateurs européens sont fort désappointé.... Lorsque les charges et dépenses incompréhensible atteignent 80% de salaire, ils y a de quoi faire grise mine....

à écrit le 29/08/2023 à 11:48
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C'est une crise économique mondiale voulue par ses propriétaires de capitaux et d'outils de production sous les applaudissements des partis politiques donc je ne suis pas un fervent défenseur de l'Allemagne mais franchement chercher le "mauvais élève...

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