Allemagne : le marasme économique va encore durer

Pour la banque centrale d'Allemagne, la croissance de la première économie européenne devrait rester nulle au troisième trimestre cette année. Cette annonce intervient alors que le chiffre définitif de la croissance au second trimestre sera dévoilé vendredi. Sur l'ensemble de l'année 2023, les principaux instituts économiques allemands s'attendent désormais à un recul estimé entre 0,2 et 0,4% du PIB en Allemagne, le FMI tablant de son côté sur une baisse de 0,3%.
Joachim Nagel, Président de la Banque fédérale d'Allemagne.
Joachim Nagel, Président de la Banque fédérale d'Allemagne. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

Le pessimisme gagne la Bundesbank. Dans son bulletin économique mensuel publié ce lundi 21 août, la banque centrale d'Allemagne estime que la croissance du PIB « restera probablement à nouveau largement inchangé » de juillet à septembre, par rapport au trimestre précédent. Si cette prédiction se confirme, elle prolongerait ainsi le marasme qui frappe l'économie outre-Rhin depuis un an.

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Comme lors des trimestres précédents, la production industrielle en Allemagne devrait rester « probablement faible » lors des mois d'été, explique l'institution. Pour rappel, elle a plongé en juin, pour le deuxième mois consécutif. Outre une faible demande intérieure, les prix de l'énergie restent relativement élevés, et certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d'avant la guerre en Ukraine.

 Des coûts de financement plus élevés

La Bundesbank, elle, attribue l'apathie de l'industrie à la faiblesse de la demande étrangère, « orientée à la baisse », notamment en Chine et aux États-Unis, deux marchés cruciaux pour le secteur. Résultat, les exportations, jadis fer de lance de la croissance, sont pénalisées.

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Pour la banque centrale, cette tendance va perdurer, et ce, malgré la diminution continue des goulots d'étranglement dans les approvisionnements, qui permet d'honorer plus vite les carnets de commandes. En cause, les coûts de financement élevés, du fait de la remontée agressive des taux par la Banque centrale européenne pour juguler l'inflation. Ceux-ci vont continuer à peser sur les investissements et la construction (BTP), ajoute l'institution.

L'Allemagne, « boulet » de la zone euro ?

Les dépenses de consommation des ménages vont, de leur côté, continuer à soutenir l'économie, sur fond de « marché de l'emploi stable » et de « forte augmentation des salaires » pendant que l'inflation reflue. En raison de la hausse des salaires, l'inflation en Allemagne, redescendue à 6,2% en juillet, est « susceptible de rester au-dessus de 2% » encore « un certain temps », et ce, malgré le recul concomitant des prix d'énergie, selon la Bundesbank.

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Cette publication intervient alors que le chiffre définitif de la croissance au second trimestre sera dévoilé vendredi. L'Allemagne est tout juste parvenue à sortir de la récession d'hiver au deuxième trimestre 2023 avec une stagnation de son Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, faisant beaucoup moins bien que prévu, selon les données provisoires de l'institut Destatis, publiées fin juillet.

Les dépenses de consommation des ménages privés « se sont stabilisées au deuxième trimestre 2023 après le faible semestre d'hiver », avait-il détaillé le mois dernier. Si le PIB allemand devrait avoir, peu ou prou, laissé derrière lui la récession technique - soit deux trimestres d'affilée en recul - traversée cet hiver, cela ne pourrait être qu'une parenthèse : l'indice des directeurs d'achats (PMI) de juillet, en repli, a pointé vers une nouvelle baisse du PIB lors du trimestre en cours, à moins que les mois d'août et de septembre n'affichent un net renversement de tendance.

Sur l'année 2023, les principaux instituts économiques allemands s'attendent à un recul estimé entre 0,2 et 0,4% du PIB en Allemagne, le FMI tablant de son côté sur -0,3%. Le gouvernement d'Olaf Scholz, lui, voit encore la croissance du PIB afficher 0,4%, mais cette prévision d'avril a de bonnes chances d'être abaissée à l'automne. L'Allemagne ferait ainsi moins bien que ses voisins européens, dont la France.

(Avec AFP)

Commentaires 12
à écrit le 22/08/2023 à 16:22
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Je trouve cet article très osé!!!! Désigner un pays qui attend 200 milliards € en terme de commerce extérieur et un budget á l'équilibre en 2024 comme boulet de la zone EURO , c'est bien oser!!!! Si c'est vivre à crédit depuis 50 ans avec un défici...

le 22/08/2023 à 18:28
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@Appache: "Allemagne a toujours réglé ses problemes seule...c'est la particularité du peuple allemand!!!!!" 😂🤣Ben voyons! En plein cœur de la crise des dettes souveraines, l’État allemand a émis des obligations publiques à des taux d’intérêt bien plu...

à écrit le 22/08/2023 à 1:50
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Allemagne souffrante, tout le monde va avoir des fins de mois difficile. La France en particulier. C'est ca l'europe, chacun pour son grade.

à écrit le 21/08/2023 à 19:27
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L'Allemagne va payer 20 ans de politique étrangère à vision à courte durée. Je ne les plains pas, ma.seule interrogation, jusqu'à quand vont ils continuer de vouloir donner des leçons en matière énergétique quand on voit leur situation...

à écrit le 21/08/2023 à 19:26
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L'Allemagne va payer 20 ans de politique étrangère à vision à courte durée. Je ne les plains pas, ma.seule interrogation, jusqu'à quand vont ils continuer de vouloir donner des leçons en matière énergétique quand on voit leur situation...

à écrit le 21/08/2023 à 18:13
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Bonjour, l'Allemagne a toujours étaient exportatrice... Donc , comme les USA et la Chine se livrent une Guerre économique.... Certains pays de notre union sont donc très pénaliser... Maintenant, avec le réarmement de l'Europe tous entière certains ...

à écrit le 21/08/2023 à 18:12
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Il fallait y penser avant au lieu de laisser croire aux ukrainiens qu'ils rentreraient dans l'OTAN et l'UE pour provoquer la Russie qui n'attendait qu'un prétexte pur attaquer. L'oncle Sam a réussi la plus belle OPA du siècle.

à écrit le 21/08/2023 à 16:31
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L'effet boomerang des sanctions contre la Russie et son énergie à bon marché? Continuez à suivre l'Oncle Sam, il vous conduit en enfer! :)

à écrit le 21/08/2023 à 16:27
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L'Allemagne, "l'homme malade de la zone euro" au début des années 2000, puis "la locomotive économique" durant l'orthodoxie budgétaire ayant frappé l'UE pendant la crise des dettes souveraines (2009-2019). Et enfin, "le boulet de la zone euro"? Eh be...

le 22/08/2023 à 15:00
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Fransfert fiscaux vous dites??? Voulez vous que d'autres travaillent 40 heures par semaine jusqu'á 67 ans et payent pour ceux qui travaillent seulement 32 heures et prennent leur retraite á 62 ans???? Oú est l'égalité tres chere á la France dans c...

le 22/08/2023 à 18:07
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@Appache. Vous voulez peut-être que je vous rappelle les réformes Hartz avec les mini-jobs allemands à 500 euros/mois? Certes, l'économie en France est une catastrophe et je suis à des années lumières de défendre le modèle français (le modèle de ce q...

à écrit le 21/08/2023 à 15:38
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L'Allemagne est l'homme malade de l'Europe depuis tellement longtemps que l'heure est venue passer à la caisse. C'est maintenant.

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